Le groupe
Biographie :

Teramaze est un groupe de metal progressif australien formé en 1993 et actuellement composé de : Dean Wells (guitare, chant / Meshiaak), Andrew Cameron (basse / Metanoia), Nick Ross (batterie) et Chris Zoupa (guitare / Seventh Dan Counterforce). Teramaze sort son premier album, "Doxology", en 1995 chez Empire Records, suivi de "Tears To Dust" en 1998 chez Rowe Productions, de "Anhedonia" en Avril 2012 chez Nightmare Records, de "Esoteric Symbolism" en Avril 2014, de "Her Halo" en Octobre 2015 chez Mascot Records, de "Are We Soldiers" en Juin 2019 chez Music Theories Recordings, de "I Wonder" en autoproduction en Octobre 2020, et "Sorella Minore" en Mai 2021, de "And The Beauty They Perceive" en Octobre 2021, et de "Flight Of The Wounded" en Octobre 2022.

Discographie :

1995 : "Doxology"
1998 : "Tears To Dust"
2012 : "Anhedonia"
2014 : "Esoteric Symbolism"
2015 : "Her Halo"
2019 : "Are We Soldiers"
2020 : "I Wonder"
2021 : "Sorella Minore"
2021 : "And The Beauty They Perceive"
2022 : "Flight Of The Wounded"


Les chroniques


"Flight Of The Wounded"
Note : 16/20

Une fois lancés, les membres de Teramaze ne s'arrêtent plus puisqu'ils nous délivrent leur cinquième album depuis 2019 avec "Flight Of The Wounded" ! On repart donc pour une bonne heure de metal progressif mélodique et accrocheur dont le coôé aérien et mélancolique évoque TesseracT. Les deux précédents albums avaient laissé de la place pour de petites surprises et de très légères pointes d'agressivité, on espère donc que ce nouvel album va lui aussi nous surprendre au moins un minimum.

Car si la musique de Teramaze est de qualité et que le groupe est inspiré malgré des sorties aussi rapprochées, il faut avouer que ses albums se ressemblent quand même beaucoup et qu'un peu de nouveauté ne ferait pas de mal. On ne demande évidemment pas à ce que le groupe se transforme totalement mais quelques sonorités différentes, quelques ambiances nouvelles ou quelques expérimentations seraient bienvenues. Notre premier contact avec "Flight Of The Wounded" se fait avec les onze minutes du morceau-titre et l'entame du morceau installe une ambiance plus sombre et plus inquiétante que d'habitude. Une fois le morceau réellement démarré, on sent que le côté progressif revient plus fort et Teramaze nous amène vers quelque chose de plus technique et de plus touffu que ce qu'il propose en général, même si les mélodies aériennes et les lignes de chant tout en douceur reviennent bien vite. On sent aussi une petite patte Threshold qui se manifestait déjà sur le précédent album dans ses moments les plus progressifs justement, ce qui n'est pas pour me déplaire vu la qualité des albums de ce groupe anglais (qui revient bientôt avec un nouvel album d'ailleurs). On sent une fois de plus quelques lignes de chant pas très loin d'Evanescence qui vont comme d'habitude faire fuir les plus poilus d'entre vous, mais Teramaze ne s'adresse de toute façon pas aux bourrins et vous avez dû le comprendre depuis le temps. "Gold" enchaîne et propose là aussi quelque chose d'un peu plus touffu, sombre et dur malgré les émotions mises en avant. Si la patte du groupe se reconnaît aisément, on sent qu'il a voulu apporter plus de profondeur sur ce nouvel album, que ce soit par le retour à quelque chose de plus franchement progressif par moments ou par des arrangements plus travaillés.

"Flight Of The Wounded" propose du Teramaze typique mais avec une couche supplémentaire de profondeur et de complexité. Les émotions et les mélodies sont toujours au premier plan mais on sent une volonté de proposer quelque chose de plus varié. On retrouve aussi le morceau "Ticket To The Next Apocalypse" sorti en single en début d'année et qui fait lui aussi entendre des riffs plus durs et agressifs au milieu des mélodies habituelles qui feraient presque entendre un feeling hard rock FM années 80 par moments. Le break agressif avec chant hurlé qui débarque au milieu du morceau fait son petit effet et confirme que depuis "Sorella Minore", le groupe renoue épisodiquement avec son passé plus brutal, en tout cas dans la première partie de l'album. La seconde partie revient à ce que Teramaze faisait habituellement sur ses derniers albums avec toutefois ce ton parfois années 80 une fois de plus dans certaines mélodies qui apportent une petite variation de plus. Si "Flight Of The Wounded" ne voit pas le groupe changer son fusil d'épaule, il nous fait entendre ce que l'on espérait, à savoir plus de variété et quelques sonorités différentes qui apportent plus de profondeur à une musique qui se répétait quand même un minimum. Dépasser l'heure de musique systématiquement n'est peut-être pas nécessaire non plus, si ce nouvel album présente un peu plus de variété cela fait quand même un peu long. Surtout arrivé en deuxième partie d'album où le groupe retombe sur son chemin habituel et frôle le pilotage automatique. On pourrait donc en attendre un peu plus mais disons que le groupe se dirige sur la bonne voie et amène tout de mène un peu de nouveauté dans sa musique.

"Flight Of The Wounded" est donc un bon album supplémentaire de la part de Teramaze qui amène quelques petites nouveautés dans sa première moitié et varie un peu les ambiances. Le groupe ne change pas vraiment de formule mais y apporte suffisamment de sonorités différentes pour que cela fonctionne encore. Cependant, avouons qu'on ne leur en voudra pas s'ils décident d'expérimenter un peu à l'avenir.


Murderworks
Novembre 2022




"And The Beauty They Perceive"
Note : 16/20

Depuis Octobre 2020, soit à peine plus d'un an, Teramaze en est déjà à son troisième album ! Il faut croire que cette pandémie en aura motivé certains à optimiser leur temps libre. Le groupe revient donc cette fois avec un album visiblement sorti uniquement en numérique pour l'instant et qui répond au nom de "And The Beauty They Perceive". Sachant que "Sorella Minore" nous faisait entendre par moments un léger retour des sonorités metal voire extrêmes, voyons ce que ce nouveau méfait nous propose.

C'est le morceau-titre qui nous accueille avec un metal progressif mélodique qui n'est pas sans me rappeler les excellents Threshold et qui ne s'éloigne donc pas trop des standards de Teramaze. Un premier morceau sans grande surprise mais très efficace et accrocheur qui constitue une bonne entrée en matière pour un album qui va une fois de plus durer une bonne heure. "Jackie Seth" place quelques sonorités un peu plus sombres vite fait à la fin du morceau qui se montre lui aussi très mélodique et accrocheur le reste du temps. Ce nouvel présente d'ailleurs un visage un peu plus progressif et moins poppy que les albums habituels de Teramaze, même si le tout reste évidemment très accrocheur. Il semble que le groupe profite de ce temps pour expérimenter légèrement l'équilibrage des différentes sonorités. On entend donc cette fois quelque chose d'un peu plus profond, peut-être un tout petit peu moins direct même si le groupe ne perd jamais de vue l'efficacité. "Modern Living Space"  est probablement le morceau qui se dirige le plus vers cette veine plus progressive avec ses dix minutes, une durée qui permet à Teramaze de replacer vite fait quelques passages plus velus techniquement. "Waves" nous fournit la traditionnelle ballade sympa mais peut-être un trop sucrée à mon goût et les choses sérieuses reprennent avec "Son Rise" qui démarre lui aussi de façon assez classique pour le groupe et balance là encore des mélodies directes et accrocheuses. On a quand même droit à un break plus technique et plus prog dans l'esperit qui se rapproche là aussi un peu de Threshold, ce qui est toujours agréable à entendre.

Si "And The Beauty They Perceive" ne nous fait pas entendre de révolution, il faut avouer que la qualité est là et que vous aimez le style très mélodique de Teramaze, il y a une fois de plus de la matière à se mettre dans les esgourdes. La vraie petite surprise de ce nouvel album c'est "Search For The Unimaginable" qui se montre plus nerveux, plus agressif et plus sombre que tout ce que propose Teramaze depuis plusieurs années. Les mélodies sont toujours là et le groupe ne fonce pas tête baissée non plus mais certains riffs montrent les crocs et ça apporte un peu de patate et de variété à une musique généralement très lisse. On avait déjà senti quelques très légères réminiscences plus metal sur les deux derniers albums et le groupe semble confirmer ici qu'il fait une sorte de réconciliation avec son passé, ne serait-ce que par moments. Cela reste mineur et n'occupe que quelques minutes par album mais c'est peut-être le début d'une mue qui s'annonce et qui pourrait nous donner un Teramaze au spectre sonore plus large. Parce qu'il faut quand même avouer que le reste du temps le groupe égrène une formule bien éprouvée qui finira par lasser surtout en sortant des albums à cette fréquence, un renouvellement ne serait donc pas de refus. Mais c'est bien le seul défaut que l'on pourrait trouver à ces neufs morceaux qui sont comme d'habitude efficaces dans le genre. Pour la production, c'est comme d'habitude, malgré le fait que les membres n'ont pas pu se retrouver ensemble très souvent ça sonne toujours aussi gros, puissant et propre, comme quoi on n'a pas forcément besoin de studio de nos jours.

Teramaze nous livre donc avec "And The Beauty They Perceive" un nouvel album toujours aussi mélodique, accrocheur et efficace avec quelques très légères surprises. Il va falloir songer à apporter quelque petites choses nouvelles à l'avenir parce que la formule finira par se répéter, mais pour l'instant cela fonctionne encore et ces neuf morceaux font mouche comme d'habitude.


Murderworks
Janvier 2022




"Sorella Minore"
Note : 16/20

Pendant cette pandémie, il y a des groupes qui en ont en profité pour sortir plus d'albums, d'autres qui ont choisi d'en profiter pour expérimenter un peu et vous avez les groupes comme Teramaze qui ont fait les deux en même temps. "I Wonder" est sorti en Octobre 2020 et le groupe est déjà de retour avec "Sorella Minore" qui en profite pour se permettre une petite fantaisie que le groupe n'aurait peut-être pas tentée sans ce contexte particulier.

La petite fantaisie en question n'est pas un changement de style, Teramaze reste globalement dans les mêmes sonorités que d'habitude avec ce nouvel album. C'est sur la forme qu'il s'est un peu laché, en particulier sur le morceau éponyme qui ouvre l'album puisque celui-ci voit intervenir deux chanteurs et une chanteuse en renfort de Dean Wells, chanteur habituel du groupe. Et surtout, ce morceau s'étale sur vingt six minutes, une première pour Teramaze qui avait certes été jusqu'à douze mais jamais au-delà. En plus de Dean Wells, nous pouvons donc entendre au micro sur ce premier morceau Jennifer Borg, Silvio Massaro et Nathan Peachey. Pour les retardataires, rappelons que Teramaze pratique depuis quelques albums un metal progressif très mélodique, assez aérien qui n'est pas sans rappeler TesseracT par moments. Une musique accrocheuse et dynamique mais qui garde toujours quelque chose de feutré, une certaine subtilité voire même une fragilité dans les mélodies et lignes de chant. La technique est évidemment présente mais le groupe n'en fait jamais étalage et préfère mettre sa musique à disposition pour véhiculer des émotions. "Sorella Minore" démarre d'ailleurs de façon poignante avec des orchestrations aux claviers en renfort et des lignes de chant déjà riches en émotions justement. On retrouve cette sorte de mélancolie qui habite la musique de Teramaze, cette fragilité dont je parlais qui s'exprime très bien par la voix de Dean Wells habituellement et qui trouve ici trois autres invités pour en remettre une couche et frapper à l'estomac. Si on retrouve la patte classique du groupe, ce début de morceau se montre déjà touchant et on se dit que si les vingt-six minutes sont aussi fortes on va finir sur les rotules ! Quelques gros coups de double grosse caisse vienne remettre un peu d'agressivité, quelque chose que l'on n'entend plus souvent chez Teramaze depuis un moment.

Depuis un moment parce qu'il faut rappeler que le groupe faisait un metal très thrash à ses débuts et qu'il a ensuite préféré se diriger vers quelque chose de bien plus progressif et surtout mélodique. On retrouve l'influence de TesseracT ici, particulièrement dans le chant d'ailleurs mais c'est justement cette fragilité que les deux groupes partagent et qui peuvent les rapprocher. Musicalement, Teramaze reste tout de même moins technique et plus énergique, d'ailleurs la suite de premier morceau met un peu de patate et permet de varier un peu les ambiances tout en restant poignant. On a même un passage bien rapide, pas blasté mais bien nerveux, qui en plus fait revenir de bons growls bien death metal ! On trouve tout ce qu'il faut en fait dans ce morceau, le groupe a bien équilibré la puissance, l'énergie, la mélodie, les passages aériens et ces vingt-six minutes passent plutôt vite. L'exercice est fréquent dans le metal progressif mais ça ne le rend pas évident pour autant, mais Teramaze s'en sort ici avec les honneurs et ce morceau éponyme est plutôt réussi dans le genre. La suite de l'album est un peu plus conventionnelle avec trois morceaux de cinq minutes dans le style habituel du groupe mais n'en restent pas moins efficaces. C'est d'autant plus étonnant que cet album sort très rapidement après "I Wonder" qui sortait lui-même à peine un an et demi après "We Are Soldiers", il faut croire que Teramaze est inspiré en ce moment ! Notons aussi que d'un point de vue conceptuel cet album est la suite de "Her Halo", album sorti en 2015 qui voyait justement le groupe appuyer encore un peu plus son virage progressif et mélodique.

Teramaze revient à peine huit mois de pause et nous sort "Sorella Minore" avec un pavé éponyme de vingt-six minutes prenant, poignant et parfois agressif de façon surprenante. En tout cas, si l'exercice de style était risqué il est plutôt réussi et l'album en lui même nous confirme que malgré l'enchaînement en moins d'un an le groupe reste inspiré.


Murderworks
Août 2021




"I Wonder"
Note : 16/20

On n'aime pas perdre du temps chez Teramaze puisque moins de deux ans après "Are We Soldiers", le groupe est déjà de retour avec un nouvel album de soixante-dix minutes ! Ce nouveau méfait se nomme "I Wonder" est continue sur le chemin de son prédécesseur, à savoir celui d'un metal progressif très mélodique et accrocheur qui préfère l'efficacité à la technique.

Dès "Ocean Floor", on retrouve ces mélodies mélancoliques et ces grosses guitares hachées qui viennent booster un metal prog plutôt atmosphérique et qui montre de faux airs de TesseracT assez régulièrement. Comme je le disais pour "Are We Soldiers", Teramaze ne s'adresse clairement pas aux bourrins et fait d'une preuve d'une certaine sensibilité qui empreint tous ses morceaux et lui permet de développer de bien belles mélodies et ambiances. Comme d'habitude, le groupe s'est fait plaisir et la plupart des morceaux durent entre six et huit minutes et même si Teramaze fait une musique assez directe, on ne trouve jamais le temps long. C'est le piège dans lequel il est facile de tomber quand on propose des morceaux très accrocheurs et assez simples, à trop les faire durer on finit par s'ennuyer. Un piège évité ici par un ajout suffisant de profondeur et par des morceaux très travaillés qui ne laissent pas de place au moindre temps mort. Sans compter que les lignes de chant sont inspirées et toujours accrocheuses, un point supplémentaire qui permet de garder assez d'impact et de maintenir l'intérêt. Au niveau de la technique, c'est pareil et même si le niveau des membres du groupe leur permettrait d'en mettre plein la vue sans problème, Teramaze préfère s'en remettre au feeling et garde des motifs assez simples et directs. Le but est de frapper dans le mille et de laisser s'exprimer les émotions, pas d'épater la galerie. Des riffs plus méchants et un chant crié presque growlé font leur apparition sur "A Deep State Of Awake" et apporte une dose d'énergie appréciable dans un album tout de même très posé et mélancolique. On n'en revient pas non plus aux racines thrash du groupe mais cela fait du bien d'entendre un peu d'agressivité là-dedans surtout que ce morceau s'approche des neuf minutes, il n'aurait pas été très judicieux de laisser avancer tranquillement sur les mêmes rails tout du long.

Globalement, Teramaze sait ajouter la dose de puissance à sa musique pour ne pas qu'elle s'enlise dans un prog trop atmosphérique qui pourrait devenir soporifique sur d'aussi longues durées. "I Wonder" évite ces écueils et propose un équilibre plutôt bien dosé entre mélodies aériennes et mélancoliques d'un côté et rythmiques puissantes et agressives de l'autre. Le tout restera trop soft pour les gros métalleux qui tachent mais ces derniers n'écoutent que rarement ce type de prog donc le problème ne se pose pas et Teramaze a ce qu'il faut pour se faire une place dans le haut du panier. Si vous aviez accroché à "Are We Soldiers" et "Her Halo", il n'y a aucune raison que "I Wonder" vous déçoive puisqu'on y retrouve plus ou moins la même recette avec un metal prog mélodique aux frontières du rock et aux accents modernes. Comme je le disais, on note peut-être un peu plus de pointes d'agressivité que précédemment, c'est vraiment léger mais cela montre peut-être une envie de faire remonter de très petites touches des débuts dans la musique du groupe. Ce n'est pas plus mal puisque cela créé un équilibre intéressant et ajoute de la profondeur même si le côté atmosphérique, accrocheur et mélodique est très largement majoritaire. "Idle Hands / The Devil's Workshop" montre même quelques légères intonations à la fois plus néoclassiques et plus sombres sur certains passages. Pareil pour "This Is Not A Drill" qui vient flirter avec le djent et qui apporte une rythmique plus saccadée et un peu plus dure que le reste de l'album. Avec le temps, le groupe étoffe encore un peu plus son identité et y ajoute quelques petites touches extérieures qui lui apportent une variété bienvenue.

Un nouvel album d'aussi bonne qualité et dans la même veine que son prédécesseur avec tout de même quelques légères touches plus dures et agressives par moments qui ajoutent un peu de patate et contribuent à rendre "I Wonder" un peu plus dynamique. Pour le reste, c'est toujours aussi efficace, accrocheur et porté sur les émotions et si les deux précédents albums vous avaient comblé, vous pouvez y aller sans réfléchir.


Murderworks
Mars 2021




"Are We Soldiers"
Note : 16/20

Si le nom de Teramaze ne vous dit rien, sachez que le groupe n'a rien d'un petit jeune, son premier album "Doxology" étant paru en 1995 ! Toutefois, le groupe a fait un long break entre 1998 et 2012 pour finalement revenir. Teramaze nous livre donc son sixième album, "Are We Soldiers", et prouve que son retour n'avait rien d'un feu de paille.

Il ne reste quasiment rien des senteurs thrashy des deux premiers albums puisque le groupe s'est orienté par la suite vers un metal aux teintes progressives plus marquées, même si déjà présentes à leurs débuts, plus moderne et bien plus mélodique et accrocheur. "Her Halo", sorti en 2015, appuyait encore plus cette tendance en reléguant encore un peu plus de puissance au placard pour proposer des morceaux certes plus basés sur l'émotion mais peut-être un peu moins percutants du coup. Et contrairement à "Her Halo" justement, cette fois c'est bien Brett Rerekura qui reprend le micro, là où Nathan Peachey le remplaçait sur le précédent album. "Fight Or Flight" ouvre ce nouvel album avec là aussi des mélodies bien présentes et une certaine mélancolie mais les riffs sont suffisamment énergiques et le tout suffisamment dynamique pour que la sauce passe bien et que l'on ne tombe pas dans le niais à outrance. Une bonne nouvelle puisque "Are We Soldiers" dure quand même une heure dix et que l'on finirait vite par s'ennuyer si le groupe ne mettait pas un peu de patate dans sa musique. On retrouve régulièrement ces lignes de chant très mélodiques proches de TesseracT voire Evanescence (si si, dans les lignes de chant il y a de ça, réécoutez le premier album et pensez à un chanteur à la place d'Amy Lee) et comme souvent avec les groupes orientés prog, ce sera sûrement trop soft pour les gros bourrins, d'autant que Teramaze penche presque plus vers le rock prog moderne que le pur metal. Les autres pourront profiter de dix morceaux solides et très accrocheurs, le groupe continue sa progression et prouve une fois de plus qu'il sait composer des morceaux certes pas loin d'être radio friendly mais plus profonds que ce qu'on peut entendre sur les dites ondes et sacrément efficaces. La plupart sont d'ailleurs assez longs et flirtent souvent avec les six ou sept minutes, voire même douze minutes pour le final "Depopulate".

Au vu de ce que je viens d'écrire, vous vous doutez bien que la débauche de plans tous plus techniques et fous les uns que les autres n'est pas vraiment ce qui intéresse les membres de Teramaze. Pourtant, les plans typiquement prog sont bien là et les quelques soli de clavier qui émaillent ce nouvel album sont parfaitement dans le ton et devraient ravir les amateurs du genre. Toutefois, le fait que le groupe mise beaucoup sur la mélodie et l'émotion permettra à certains détracteurs du prog de peut-être trouver quelque chose à leur goût ici, pour peu que ceux-ci ne se limitent pas à la violence dans le metal. Bon, il faut avouer que même moi qui aime le prog j'ai trouvé quelques passages vraiment trop gentillet, comme le refrain de "Weight Of Humanity" qui nous rappelle ce que la pop peut faire de plus sirupeux et sucré. Mais en dehors de ça, "Are We Soldiers" est bel et bien un bon album solide et efficace en plus de bénéficier du minimum syndical de patate. Un équilibre peut-être mieux réalisé que sur "Her Halo" qui, comme je le disais, manquait parfois d'un peu d'énergie à mon goût, même si l'album était bon quand même. Cette fois, et même si ça restera une fois de plus bien trop soft pour ceux qui aiment les riffs de bûcheron, on a des morceaux qui passent tout seuls et qui ont suffisamment de profondeur pour que l'on ait envie de réécouter l'album. Niveau production, c'est assez compressé mais ça sonne bien pour un groupe orienté metal moderne et les guitares sont plutôt puissantes, en plus de ça on évite ce côté plastique et synthétique très répandu en ce moment donc c'est plutôt agréable.

Un nouvel album qui rééquilibre un peu mieux la puissance et la mélodie que "Her Halo" et qui balance donc des morceaux efficaces et accrocheurs avec le minimum syndical de technique. De quoi plaire aux habituels détracteurs des groupes de prog en leur offrant un peu plus de repères.


Murderworks
Octobre 2019




"Her Halo"
Note : 16/20

Ayant commencé sous le nom de "Terrormaze" en 1993 en Australie, le groupe a vite changé en "Teramaze" après la découverte du Christianisme dans ses croyances, ce qui a donné lieu à des changements au niveau des thèmes abordés dans ses paroles. Pour les fans de Dream Theater, TesseracT et Kamelot, Teramaze est le groupe qui réunit les styles musicaux de ces trois. Formés en 1993, et après quatre albums passés inaperçus sur la scène du metal progressif, ils se rattrapent avec leur dernier chef-d’œuvre de 2015 intitulé "Her Halo".

Je ne vous le cache pas, à première vue, l’artwork de la couverture fait penser à un groupe d’indus et ne colle pas du tout avec le titre de l’album assez power / sympho. Par conséquent, on est curieux de découvrir ce qui se cache derrière cette couverture un peu déroutante : de l’indus, du power, du sympho ? Eh bien, aucun de ces trois derniers. En mettant le CD dans ma chaîne hi-fi, c’est l’énorme surprise : un groupe qui rassemble de façon excellente du progressif avec du power metal ! La voix de TesseracT, le côté mélodique / dramatique de Dream Theater (musicalement et lyriquement) et les heavy breakdowns épiques ! ENORME ! En plus de ça, la qualité du son est impeccable, aucun reproche possible. De longs morceaux typiques du style progressif avec lesquels on ne s’ennuie pas, au contraire, on a hâte d’écouter le reste. A vrai dire, depuis quelques années, j’ai rarement éprouvé ce genre de sentiment en écoutant un nouveau groupe qui se lance sur le marché. Oui, je fais partie des métalleux(ses) pour lesquels(lles), le vrai bon metal s'est rarifié après 2005. Je reste très sceptique envers les nouveaux groupes, mais Teramaze a réussi à me convaincre et à me donner un souffle d’espoir vis-à-vis des nouvelles générations de groupes de metal. De longs solos très riches, qu’on parle des tempos mélodieux ou des riffs lourds, un guitariste soliste qui fait penser aux talents de John Petrucci de Dream Theater et de Thomas Youngblood de Kamelot.

En résumé, nous sommes témoins de l’entrée en scène d’un groupe de fusion metal avec un énorme potentiel. Teramaze ne va pas cesser d’accroître sa fan base s'il continue dans cette cette voie, jusqu’à devenir LE groupe qui a révolutionné à nouveau les genres power et progressive metal.


Theodora NightFall
Septembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.teramaze.com.au