"Summoning The Slayer"
Note : 18/20
Bientôt dix ans pour Temple Of Void. Créé en 2013 aux Etats-Unis, le groupe composé de
Mike Erdody (chant, Acid Witch, Failed), Alex Awn (guitare, Hellmouth), Brent Satterly
(basse), Jason Pearce (batterie) et Don Durr (guitare, Dragged Beneath, ex-Writhing)
annoncent la sortie de "Summoning The Slayer", son quatrième album, en 2022.
Récemment signé chez Relapse Records, le groupe attaque avec "Behind The Eye", une
composition qui fait honneur à leur death / doom old school et gras. Le titre est
immédiatement accrocheur, révélant des parties vocales massives ainsi que des
orchestrations aussi oppressantes que majestueuses qui participent à ce contraste, tout
comme la douce dissonance qui laisse la longue et lancinante "Deathtouch" prendre vie. La
lenteur accentue l’ambiance oppressante, mais également les passages plus doux et les
accélérations malsaines qui s’enveloppent dans les harmoniques entêtantes avant
qu’"Engulfed" ne vienne nous imposer une rythmique martiale. Les hurlements de désespoir
alimentent cette ambiance infernale qui peut également s’apaiser avec les leads clairs et
lancinants, puis le groupe nous autorise un moment de répit avec "A Sequence Of Rot", une
composition qui se révèle rapidement pesante et dissonante.
La lenteur apocalyptique
couplée aux leads infernaux est extrêmement efficace, créant ce sentiment d’oppression
régulière, tout comme sur "Hex, Curse & Conjuration", un titre aux racines mystérieuses et
ésotériques qui colle à la perfection à l’univers du groupe. Les hurlements rendent les
harmoniques toujours plus planantes, puis les effets sur le chant pendant "The Transcending
Horror" apportent une touche lovecraftienne, confirmée par les sonorités claires et les
patterns hypnotiques. L’album prend fin avec "Dissolution", un titre assez mélodieux qui ne
fera pas appel à la saturation, mais qui conserve ce principe de dissonance entêtante et
malsaine jusqu’au dernier moment.
Le nom de Temple Of Void ne vous est probablement pas inconnu. Le groupe a réussi à
créer un univers froid, pesant, dissonant et pourtant incroyablement entêtant avec ses
précédentes sorties, et "Summoning The Slayer" apporte du combustible pour cette flamme
que l’on souhaite éternelle.
"The World That Was"
Note : 18/20
Alors que Temple Of Void entame sa septième année d’existence, les Américains nous
livrent déjà leur troisième album. Créé en 2013 à Détroit, dans le Michigan, la formation
s’axe sur un doom / death très solide. Mais en 2017, Eric Blanchard (guitare) quitte le
groupe. Mike Erdody (chant, Acid Witch, Failed, Nuke, Harbringer), Brent Satterly
(basse), Jason Pearce (batterie) et Alex Awn (guitare, Hellmouth) recrutent alors Don
Durr (guitare, ex-Writhing) pour le remplacer et continuent d’aligner les riffs. C’est grâce à
leurs cinq énergies que "The World That Was" a été composé, avec l’aide de Meredith
Davidson et Omar Jon Ajluni pour les claviers.
L’album démarre avec "A Beast Among Us", un titre qui sent la graisse auditive dès les
premiers instants. Le son est lourd, puissant, et surtout pioche dans diverses harmoniques
et autres effets pour séduire. Quelques petites accélérations sont à prévoir, mais la langueur
oppressante est toujours de mise. On passe à l’hypnotique "Self-Schism", un titre qui reste sur
des riffs lourds et groovy pour nous happer dans cette mélasse sonore que le groupe
dispense avec efficacité. Un break au son clair et psychédélique est à prévoir avant que la
machine ne se relance à pleine puissance pour nous écraser avant "A Single Obolus". Un titre
presque joyeux au son clair également, qui reste en tête et sonne comme un avertissement.
Une dernière parcelle de quiétude avant la sombre "Leave The Light Behind". Bien que plus
mélodique, ce morceau à la guitare lead perçante est d’une noirceur palpable. Le chant clair
convient à merveille à ce refrain, et on sent alors le désespoir qui rampe vers nous.
Le
groupe enchaîne avec "Casket Of Shame", un titre légèrement plus rapide et qui tire
énormément vers le death old school et des riffs puissants. Mais à nouveau le groupe nous
offre un son pachydermique qui nous écrase au sol. Les ambiances participent également à
ce climat pesant, et le final laisse place à "The World That Was", titre éponyme de l’album. A
nouveau des harmoniques lancinantes prennent leur place dans une rythmique lourde et
lente à souhait, pendant que le vocaliste exprime sa complainte. Quelques claviers
viennent surmonter le tout pour en faire un véritable monolithe de douleur.
Avec "The World That Was", Temple Of Void nous offre une musique riche, puissante et
surtout passionnée. Car leur doom / death a beau paraître un peu cliché par moments, il n’en
reste pas moins efficace et prenant. Le groupe connaît par coeur les codes du genre et les
redistribue de manière ingénieuse.
"Lords Of Death"
Note : 17,5/20
Certains pensent que le death metal ne fait que dans la vitesse et la technicité, pourtant il existe des groupes qui rejettent ces attributs. Temple Of Void et son doom / death tout droit venu des Etats-Unis en font partie. Si le groupe reste jeune (2013), les musiciens n'en sont pas moins expérimentés. Brent Satterly (basse), Jason Pearce (batterie), Alex Awn (guitare, Hellmouth) et Mike Erdody (chant, Acid Witch, Failed, Nuke, Harbinger) ont du se séparer d'Eric Blanchard (guitare) il y a quelques mois, mais ils l'ont rapidement remplacé par Don Durr après l'enregistrement de leur deuxième album, "Lords Of Death". Une fois encore, le groupe fait appel à Omar Jon Ajluni pour quelques nappes de claviers pour un rendu plus atmosphérique qui nous fera tous chavirer. Vous n'êtes pas prêts...
L'album débute avec l'introduction au son clair de "The Charnel Unearthing" qui ne tardera pas à faire entrer les riffs saturés avant d'arriver sur "Wretched Banquet" et ses hurlements d'une profondeur sans nom. Le groupe est souvent comparé à Hooded Menace dans la sphère underground, et je comprends pourquoi. Le son est gras, lourd et sans aucune forme de pitié envers les oreilles chastes. Pourquoi se refuser un tel plaisir alors que "A Watery Internment" va débuter ? Un riff beaucoup plus violent que le précédent qui agressera quiconque n'est pas prévenu. Mais les amateurs n'hésiteront pas à hocher la tête en rythme avec le groupe. Le break est d'une beauté inégalée de nos jours. "The Hidden Friend" reprendra avec plaisir les standards du genre et nous gratifiera d'un riff plutôt sale qui marquera les esprits alors que le blast collera à la lenteur et à la dimension aérienne de la musique. Le groupe nous laissera le temps de reposer notre nuque sur "An Omnious Journey", un titre acoustique, avant d'enchaîner avec la démoniaque "The Gift". Il est réellement possible que cette composition soit un don venu d'ailleurs, au vu de sa puissance. Les harmoniques arriveront par légion alors que la rythmique demeurera implacable. Une cloche sonnera le duo de fin avec "Graven Desires" et son introduction à la fois inquiétante et mélancolique, qui laissera apercevoir une basse au son profond comme on l'aime. La rythmique semble plus ralentie que d'habitude, alors que les guitares gagneront en vélocité sur certains passages, pendant que Mike Erdody hurlera tout ce qu'il peut. Le dernier titre, "Deceiver In The Shadows", se fera plus martial, faisant correspondre temps forts à la guitare avec les cymbales.
Si vous n'aviez (sait-on jamais) pas été convaincus par les excellentes compositions qui ont précédé, le groupe se donnera largement les moyens de vous convertir, alternant growl profond et scream plus aigu, alors qu'un solo pointera le bout de son nez.
Je sais que vous résistez pour la forme. Même si Temple Of Void ne réinventera pas le genre, cet album est excellent. Sorti il y a quinze ans, il aurait clairement été classé parmi les classiques du genre, alors pourquoi s'en priver ? Le groupe a pu, certes, bénéficier des inspirations de formations plus anciennes, mais le son est excellent, et le talent des musiciens fait plaisir à voir. Faire du vieux avec du neuf ? Pari gagné.
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