"Dystopia"
Note : 16/20
Si vous n'aviez pas encore eu votre dose de grindcore avec les dernières sorties dont nous avons parlé récemment, les Pays-Bas vous envoient un supplément avec le troisième de Teethgrinder. "Dystopia", de son petit nom, suit la voie tracée par ses deux prédécesseurs et n'a pas prévu de calmer le jeu donc le port du casque est vivement conseillé !
Comme le veut la tradition chez ces furieux, le premier morceau est plus long et plus lourd que le reste de l'album et fait office de calme avant la tempête. Un calme relatif puisque "Ascendance" nous accueille tout de même avec près de quarante secondes de larsens avant de balancer un tempo bien lourd et une ambiance assez sombre. On remarque de suite que Teethgrinder a une fois de plus opté pour une production abrasive avec des guitares et une basse passées au papier de verre, le son est donc puissant mais ne se prive pas de vous hacher les tympans au passage. Et une fois ces quatre minutes passées, le groupe passe la seconde et attaque avec "Birthed Into Suffering" qui divise la durée du morceau par deux et nous envoie du pur grindcore brutal et frontal dans la tronche, ça blaste dans tous les sens et ça hurle à en vomir ses poumons ! On n'oublie pas les passages d-beat groovy et puissants entre deux salves de blasts, c'est classique mais toujours aussi destructeur. "Blood Ritual" en profite pour installer une ambiance plus froide avec quelques leads ou riffs pas très éloignés de ce que peuvent produire certains groupes de black metal. Cette baisse de température n'est pas un prétexte pour lever le pied et le groupe continue donc à nous rentrer dans le lard sans ménagement, même si les passages lourds sont un peu plus fréquents sur ce type de morceau. Tout ça instaure une bonne dynamique qui permet d'éviter l'ennui provoqué par le bourrinage intensif, une bonne idée puisque ce nouvel album dure tout de même quarante-huit minutes. Pour du grindcore pur et dur, ça aurait fait un peu long donc Teethgrinder place quelques ambiances plus lourdes et plus sombres de temps en temps, là encore comme sur les deux précédents albums.
La formule n'a pas changé et on reconnaît instantanément la personnalité de ces furieux. S'il y a un petit défaut à relever, c'est celui que l'on retrouve chez beaucoup de groupes de grind ou de gore, à savoir ces samples qui ont tendance à être un peu trop longs et à couper le rythme. En dehors de ça, c'est du bon grindcore avec quelques touches empruntées à d'autres scènes extrêmes pour ajouter un peu de profondeur, qu'elles viennent du death ou du black. Si vous aviez apprécié "Misanthropy" et "Nihilism", les deux précédents albums, vous devriez retrouver vos marques très rapidement avec "Dystopia", les autres prendront une bonne droite dans les dents en guise de premier contact. C'est en fin d'album que le groupe décide qu'il a assez donné en matière de tapis de blasts et lève le pied pour remplacer les tirs d'artillerie par une chape de plomb en fusion. "Cloaked" ralentit méchamment le rythme et devient totalement écrasant avec huit bonnes minutes au total et des riffs puissants qui vous brisent la nuque au ralenti. Par contre, c'est une bonne illustration de ces samples envahissants puisqu'ils occupent tout de même les deux dernières minutes ! Cela ne gâche pas l'écoute pour autant mais comme dit plus haut ça casse un peu le rythme et c'est parfois un peu long quand même. Malgré ça, "Dystopia" reste un album intense et le quota de destruction est largement atteint tant la bête frappe fort, que ce soit par les blasts ou par les riffs puissants et concasseurs de vertèbres. Teethgrinder n'est pas content et n'y va pas par quatre chemins pour nous le faire savoir, et même si certains passages sont plus techniques ou touffus, le groupe garde l'efficacité en tête et rase tout sur son passage.
Teethgrinder ne change pas son fusil d'épaule avec "Dystopia" et continue à nous défoncer le crâne avec un grindcore brutal qui emprunte de temps en temps à d'autres scènes extrêmes. C'est toujours aussi efficace et l'intensité de ces quarante-huit minutes devrait mettre tout le monde d'accord.
"Misanthropy"
Note : 13/20
Décidément, le metal commence lui aussi à pousser généreusement aux Pays-Bas. Aujourd'hui, pour nous faire grincer des dents, voici Teethgrinder. Difficile de définir précisément ce que ce petit nouveau produit réellement, mais une chose est certaine, leur metal est bien extrême ! Entre grind, death, powerviolence, crust ou même black, leur volonté est claire : pousser le volume à fond, sans la moindre limite, parfois même aux frontières de l'audible.
Sur le fond, on ne peut que saluer un tel concept. Ça me rappelle les vieux Rotten Sound ou Napalm Death qui, même s'ils évoluaient parfaitement dans un style grindo-death, en avaient un peu rien à foutre du résultat, et envoyaient la sauce à fond les ballons. Avec Teethgrinder aussi, on retrouve un peu cet esprit, cette énergie à tout-va, ce déchainement à gogo. Prenons par exemple "Waste", troisième piste de l'album, grind à fond, qui gueule de partout sur des riffs ultra bourrins, parfaitement simplistes mais qui nous en mettent plein la gueule. Dans un style différent, "Death Of The Individual", avec des riffs bien plus lourds, plus proches du death, ou encore le début de "187" et sa morbidité ressemblant à celle du black. En fait, c'est vraiment ça le point fort de Teethgrinder, ces types peuvent passer d'un style à l'autre, d'un claquement de doigt. D'ailleurs, peut-être qu'ils le font sans même sans le vouloir, mais ils te pondent un gros medley de bûcheron qui ravage tout sur son passage. Bref jusque là, y'a pas d'embrouille !
Mais quand on y regarde de plus près, les choses se corsent… Déjà, ce premier album (et par conséquent je suis un peu plus tolérant, malgré un EP sorti deux ans plus tôt) est parsemé de ce que j'appelle tout simplement des ERREURS, des non-sens, des "Bordel, qu'est-ce que ça fout là ?", du gros "Mais pourquoi c'est là, ça ?". Déjà l'intro, plus d'une minute trente de quasi silence, bon allez, admettons. Cinquième piste, mini intro inutile, de nouveau. Sixième piste, outro de quasi trente secondes… Alors certes, une intro ou une outro, même si je ne suis pas fan, ça peut être sympa, ça peut retranscrire une ambiance, nous aspirer dans un monde à part, préparer le terrain ou même simplement être drôle ou triste. Mais là, non, ça casse le rythme (et quel rythme !). Quel dommage. Le paroxysme du chiant, le summum de l'ennui même, est finalement atteint sur la dernière piste, "Mysanthropy", qui effectivement risque de nous faire détester une personne, celle qui parle durant cet interminable discours accompagné d'une instru digne des premières répèt' d'un groupe. Bon ok, peut-être pas les premières vu que celles-ci servent à picoler entre potes ou à faire des reprises de nos groupes favoris, mais celles d'ensuite, quand on se cherche un peu, qu'on tâtonne avant de véritablement créer quelque chose d'original.
Parce que de l'originalité, ce groupe en est indéniablement capable, c'est pour ça que c'est vraiment frustrant de voir tout ce talent, toute cette rage et toute cette bonne volonté gâchés par des bêtises. Quand on a eu la chance de tourner avec Vader, Terrorizer ou même (dans un style plus léger) The Dillinger Escape Plan, il faut assurer ! Espérons donc que le tir soit rectifié très bientôt afin de profiter au maximum de ce jeune groupe hollandais.
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