"Shutup & Jam !"
Note : 15/20
Lorsqu’il s’agit de rock’n’roll, je pense que les musiciens issus de Detroit, plus cinglés les uns que les autres, sont tout simplement supérieurs (d’Alice Cooper à Suzi Quatro, en passant par MC5 et les Stooges…). C’est notamment le cas de Ted Nugent, que tout amateur de guitare se doit de vénérer. Dois-je vraiment présenter cette grande gueule, qui fait un peu trop parler de lui pour ses engagements politiques ou son soutien aux armes ? Retenons que Gonzo fait secouer des têtes et rouler des épaules à travers le monde depuis plus de quarante ans grâce à son hard rock pur, efficace, unique. Le rythme de cette longue carrière s’est ralenti à la fin des années 80, où jusqu’alors il avait pris l’habitude de pondre un album tous les ans / tous les deux ans. Ainsi, sept ans après la sortie de "Love Grenade", Uncle Ted nous dévoile son quatorzième album solo en Juillet : "Shutup & Jam !".
Malgré une pochette ni belle, ni même intéressante (un montage franchement moyen de quatre photos de Teddy sur fond blanc, grimaçant, posant… comme souvent), Ted nous kidnappe dans son délire dès le premier morceau éponyme, qu’on a envie d’écouter à fond la caisse dans sa bagnole. Et en dépit de ses 65 ans et de ses soucis de santé, le Nuge entretient cette énergie qui lui est typique tout le long de l’album (de "Fear Itself" à "Trample The Weak Hurdle The Dead" en passant par "Do Rags And A 45"), dont les treize titres passent incroyablement vite. Le moment fort : c’est un bonheur de retrouver son compère des débuts, Derek St Holmes, sur "Everything Matters", qui groove à la manière d’un bon vieux "Hey Baby". C’est presque dommage que Derek ait si peu chanté sur cet album, ou même sur les autres… On enchaîne avec "She’s Gone", avec en special guest mesdames et messieurs Sammy Hagar (Van Halen, Chickenfoot, Montrose…). Décidément, l’album porte bien son nom, et ça balance. Puis une première version de "Never Stop Believing" (qu’on retrouve dans une version blues absolument poignante à la fin de l’album) vient éteindre l’ambiance rock bluesy, mais demeure sympathique. Pas de panique, dès le morceau suivant "I Still Believe", la guitare retrouve son feeling et reprend de l’importance… un peu comme si c’était un album de Ted Nugent ("I still believe, I believe in America" dit le cow boy). "I Love My BBQ" est d’ailleurs une belle démonstration de "l’importance" accordée aux textes (mais toujours rien n’à redire musicalement). L’instrumental "Throttledown" met justement en valeur ce son, ce jeu, ce guitariste furieux qu’on admire tant. Puis "Screaming Eagles" nous fait secouer la tête malgré nous comme n’importe quel bon hard rock, et "Semper Fi", tout aussi efficace, annonce la partie la plus lourde de l’album.
"Shutup & Jam !" est un bon moment, groovy et énergique. Cependant, si à l’avenir je voulais faire tourner du Nugent chez moi, parmi toutes ses pépites je ne choisirais probablement pas cet album. Malgré tout, il ne surprend pas, et par la même occasion, ne déçoit pas. Quant à Uncle Ted, puisqu’il ne semble pas vieillir et être en forme, on prie pour que pour une fois, il vienne en Europe achever de nous convaincre en live que son album déboîte…
"Ultralive Ballisticrock"
Note : 16/20
Pas loin de 20 albums solo, des compilations à la pelle, des lives en veux-tu en voilà, depuis 1966 Ted Nugent nous fait part de sa musique et surtout de son talent. En effet, comment passer à côté de "Stormtroopin’", "Motorcity Madhouse" ou bien de "Cat Scratch Fever" quand on est un féru de rock ? Aussi, la sortie de "Ultralive Ballisticrock" composé de 2 CDs et d’un DVD retraçant en quelque sorte la carrière de ce personnage atypique nous permet de nous (re)plonger dans cet univers aussi électrisant qu’intense !
Car la setlist concoctée a été judicieusement établie et c’est avec le plus grand plaisir qu’on se délecte des titres les plus probants que l’ami Ted nous a servi depuis près d’un demi-siècle d’activité ! Alors bien sûr la plupart des brûlots proposés datent des années 70 avec notamment des extraits de l’excellentissime album éponyme de 1975 sur lequel on retrouve les morceaux phare "Stormtroopin’" et "Motorcity Madhouse" évidemment, puis les très bons "Stranglehold", "Hey Baby", "Just What The Doctor Ordered" ou bien "Wang Dang Sweet Poontang". L’album de l’année d’après, "Free Fall", y est aussi fortement représenté avec les joyaux "Turn It Up", "Free Fall" et le très bon "Dog Eat Dog". Une setlist puisé donc dans les années où "Gonzo" a vraiment marqué d’une pierre son empreinte dans le monde du rock. On notera aussi la présence des cultissimes "Cat Scratch Fever" et sa mélodie imparable puis "Wango Tango" très connu aussi dans nos contrées pour ceux qui écoutaient l’irremplaçable Francis Zégut sur RTL à l’époque. Très peu de pistes plus actuelles donc puisqu’on ne recense que "Fred Bear" issu de l’album "Spirit Of The Wild" de 1995 aux paroles qui pourraient en interloquer plus d’un (on y reviendra) et on a droit a un inédit, "I Still Believe", morceau aussi engagé que patriotique ("I believe in America, he believes in America") qui finalement démontre à quel point Ted Nugent a des convictions et demeure engagé dans certains domaines "tabous". Et de ce côté-là, le DVD tire dans ce sens ! Car il n’y a pas à dire, le talent est là et on prend notre pied à travers tout le concert, par contre les allusions et les discours omniprésents entre chaque piste s’avèrent ennuyeux au fil de l’écoute, entre les fions envoyés au gouvernement américain actuel et ses convictions liées à la religion et à la chasse, le "spirit" comme il le mentionne si bien pendant des plombes (quelques passages auraient dû être enlevés peut-être mais après tout on peut se faire une opinion sur le personnage qui joue carte sur table !), le décor avec ses fusils mitrailleurs sur scène (on a droit aussi à des pom pom girls défilant sur scène en uniforme, rien que ça), demeurent assez lourdingues ! C’est assez dommageable car parfois on a l’impression que l’ami Ted nous invite à rejoindre ses convictions, lui qui est un féru de chasse et amateur d’autres convictions pour le moins controversées (je préfère ne pas en parler), et finalement ça influe un peu sur la qualité de ses compositions. En toute honnêteté, je préfère quand il joue car cet "Ultralive Ballisticrock" est vraiment bon !
Un bon live retraçant la carrière d’un personnage hors-norme. Reste la personnalité, ou on aime ou on déteste ou on fait l'impasse sur tous ces à-côtés tout en se délectant de ce rock n’roll survitanimé aux mélodies imparables ! Les fans seront certainement ravis de cet opus, pour le reste si vous ne connaissez pas trop le répertoire de Sir Nugent, vous pouvez vous pencher dessus sans aucun souci ! Le meilleur du showman est présent dans ce live enregistré en Pennsylvanie !
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