"Raging Waters"
Note : 14/20
6 ans après leur deuxième album "Emoceans" en étant d'abord passés par un magnifique EP "Against Wide And Tide" en 2006 mais surtout par un superbe objet de collection qu'est le DVD "Live From The Abyss" en 2008, voici enfin le retour de Syrens Call sur véritable album.
Un album splendide qui confirme le talent des Lillois dans le registre de metal progressif, où viennent se rencontrer hard, symphonie, rock et mélodie.
Il est évident qu'on nous bassine la tête à coups de marteau-piqueur pour nous saturer de groupes à chanteuses, mais comme l'on dit seuls les meilleurs resteront. Et à l'instar de certains groupes étrangers au talent reconnu mais surtout à la promotion beaucoup, mais alors beaucoup plus gouvernée par l'argent, Syrens Call nous offre également du rêve sur notes de musique, un bol d'air féérique et onirique qui emmène nos pensées relativement loin. Fidèles au poste, avec des idées pleins la musette, Syrens Call revient en force avec ce "Raging Waters" rempli de fougue et de morceaux magnifiques. Les six années qui se sont écoulées ont permis au groupe de s'affiner un peu plus dans les arrangements, et à Soraya de nous enivrer encore plus de son chant enjôleur. Alors qu'on nous impose d'aimer Amberian Dawn qui n'apporte pas grand chose à la vague metal sympho, en copiant affreusement une certaine chanteuse néerlandaise, je trouve que Syrens Call suit une voie autre, et ne bénéficie pas spécialement d'un support promotionnel proportionnel à sa musicalité grandissante et talentueuse.
Et donc comme un groupe nommé Yotangor, avec l'expérience en plus et le recul des années, Syrens Call maîtrise sa musique à la perfection. Avec une production honnête et ni trop pompeuse ni trop violente, où le peaufinage s'est fait au Finnvox Studio, "Raging Waters" se démarque sur le fait qu'on ne nous en met pas plein la vue avec de la puissance énorme pour cacher parfois le manque de talent. Au contraire, Syrens Call, s'est doté d'une production normale qui laisse le plaisir intact, tout en permettant de constater la dextérité de ses guitaristes, mais également les subtilités microscopiques qui sont insérées par ci par là, véritables anecdotes musicales discrètes qui font la différence.
Les ambiances sont toujours magnifiques, "Hang On To Life", "I'm Your Only One"... débutent l'album d'une manière fraîche et entraînante. C'est justement ce côté rock presque pop qui invite l'auditeur à tournoyer dans la spirale de Syrens Call. On se laisse facilement prendre au jeu des refrains guidés par cette superbe voix de Soraya. On se retrouve entre plusieurs eaux, en étant partagé par une facette plus gothique dans sa nouvelle définition comme sur l'album "Summer's End" du groupe Néerlandais Autumn, et d'autres plus metalliques et progressives. Les claviers surabondants mais en totale harmonie avec le reste des instruments amplifient le côté progressif des guitares, par des sons typiques de la musique prog, c'est flagrant sur "I'm Your Only One".
Ces guitares savent être plus fluides presque accessibles à un large public pour ne pas dire "commerciales", sur la plupart des chansons, mais on retrouve quand même des inspirations très nobles dans certains riffs. C'est le cas pour "Cruel Love", un titre qui commence d'une manière symphonique et poétique, sommes toutes classiques même si efficaces, mais c'est vraiment sur les soli où l'ont sent le
le retour de cette musique plus progressive et encore plus sur le passage à 4 mn, où l'atmosphère d'un Pink Floyd embrassé par Mike Oldfield nous saute aux oreilles discrètement mais sûrement. La guitare se fait suave, et plus féminine qu'Aphrodite elle-même on se laisse bercer par une mélodie tellement satinée.
L'ensemble de l'album s'engouffre aisément dans nos oreilles, avec ce petit défaut que tous les morceaux sont tellement bien foutus qu'il n'y a pas vraiment de leader parmi ces derniers amenant l'auditeur tel un alpiniste chevronné, immédiatement au sommet de la montagne pour découvrir que le haut de celle-ci n'est qu'un vaste plateau de verdure tondue comme la pelouse du Stade de France, tellement millimétrée. Par conséquent on se dit que l'élévation est géniale, aller le plus haut possible avec ces 10 titres, pour profiter d'un peu plus d'une heure de bonne musique metal et mélodique, mais en fait on y arrive limite avec un ascenseur. Ce manque de défaut, de rugosité, enlève la joie de découvrir les malformations de la roche, les cavités bizarres et peut-être que même si j'adore toutes les chansons de ce "Raging Waters", cette facette aseptisée lui est néfaste quelque part...
Mais cette idée mise de côté, on reste devant un album abouti, qui ne fait qu'écrire une nouvelle page dans le roman de Syrens Call. Un roman où les chapitres tels que l'instrumental "Relapse" (inversée avec "One Bloody Kiss" sur le CD par rapport aux titres annoncés) long de plus de six minutes laisse la part belle à liberté artistique et nous réconcilie tous sur ce qu'il pourrait y avoir à dire et à redire sur cet album.
Et enfin la grosse part de gâteau arrive en tout dernier titre avec "The Dance Of Light". Un titre d'une longueur de 14 minutes où tout se mélange, musique prog, symphonie, envolées lyriques, une effusion de bien être qui clôture magnifiquement cet album, même si la toute fin inspirée par le canon de Pachelbel maintes et maintes fois revu et corrigé par tous les shredder de la planète aurait aisément pu être dispensé et dont les vocaux me rappellent également sur le refrain final les lignes vocales de Alphaville "Forever Young"...
"Live From The Abyss"
Note : 17/20
Un DVD est toujours fortement sympathique à chroniquer, le groupe en live dégage souvent plus d’émotions que sur un album, malgré tout il faut un groupe qui tient la route pour cet exercice. Pour Syrens Call, aucun souci de ce côté !
Tout est en place, leur énergie se transmet, difficile de ne pas focaliser sur la très belle Soraya très à l’aise, une voix très puissante et sensuelle. Mais revenons à l’ensemble qui sonne heavy metal mélodique progressif, un clavier façon Dream Theater, les deux guitaristes très inspirés, duo basse / batterie irréprochable, proche de Nightwish pour le tout. Tout est cohérent : le style, la prestation scénique, je comprends les premières parties pour The Gathering, Within Temptation ou Epica, ils ont leur place.
Mes Morceaux préférés sont "Mission To Earth" pour l’énergie, "Silence Of An Angel" pour l’émotion, "Storm" pour la chaleur acoustique et "Legasea" pour la complexité technique.
Je saluerai aussi le montage de la vidéo qui met tous les musiciens en valeur et les changements de plan sont très inspirés.
Encore une excellente formation que les prods Manitou-Pervade ont dénichée !
|
|