Le groupe
Biographie :

Synesthesia est un projet musical composé de deux musiciens. Martial Prevel, le chanteur, avec une voix erraillée, livre différentes voix dans la lignée des plus grands chanteurs de hard rock. En véritable maître de cérémonie, il nous livre une très grande prestation en écrivant lui-même des textes chargés d'histoire et en composant ses propres lignes de chant. Anthon Norwell, déjà connu pour ses projets progressifs, que ce soit avec Memory Of Silence et son metal progressif endiablé ou encore Anthon-Norwell Experiment véritable projet novateur expérimental et progressif, il nous propose des instrumentaux à la frontière de ses deux projets cités plus haut. Entre rock et metal, Synesthesia propose une musique parfois énergique ou plus posée parsemée de belles mélodies.

Discographie :

2018 : "Battle For Montsegur"
2021 : "The Omega Man"


Les chroniques


"The Omega Man"
Note : 16/20

Le très prolifique Anthon Norwell est déjà de retour avec un nouvel album de son projet Synesthesia nommé "The Omega Man" et on devrait donc retrouver donc retrouver les sonorités old school et rock du premier album qui se mélangeaient à quelques influences plus modernes. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, sachez que le bougre se fout des codes et des modes et ne fait que ce qu'il a envie de faire, donc n'attendez pas que cela entre dans un moule et accrochez-vous.

"Am I Losing My Head" démarre l'album et si on retrouve bien ce feeling et ce groove rock ancré dans les années 70, on sent aussi clairement des riffs un peu plus durs et agressifs qui lorgnent plus sur le metal pour le coup. Une ambiance plus sombre qui reflète bien le titre de ce morceau et qui colle au concept d'un homme immunisé à un virus qui a contaminé la quasi-intégralité de la race humaine et qui se retrouve seul à la recherche d'éventuels survivants. "I'm Omega Man" remet lui aussi un poil plus de modernité dans la musique d'Anthon Norwell avec une basse bien en avant et des ambiances là encore assez sombres et une rythmique plus martiale qui appuie les leads étranges et presque dissonants. Si on ne trouve aucun élément électronique sur ce morceau, l'ambiance générale et la rythmique pourraient presque faire penser dans l'esprit à du metal / rock indus, donnant ainsi une froideur plutôt bien adaptée au concept là encore. Des mélodies et arpèges dissonants se font aussi entendre sur "Distant Voices" et le fait de voir illustrer une certaine forme de folie et de désespoir donnent à ce nouvel album une personnalité plus sombre et plus dure que son prédécesseur. Si "Battle For Montsegur" affichait pas mal d'influences des années 60 et 70, on en a quelques unes plus modernes cette fois et une sonorité générale plus froide et plus sournoise. Les claviers que l'ont entend d'ailleurs en fond de "Distant Voices" amènent quelque chose d'inquiétant, un climat menaçant que l'on n'entendait pas chez Synesthesia sur le premier album. Il faut attendre sur "Gonna Hit The Road" pour entendre à nouveau ces sonorités très rock aux allures de road movie et qui conviennent tout aussi bien à ce nouveau concept.

Une évolution cohérente qui fait cohabiter deux mondes bien différents qui donne à "The Omega Man" une bonne variété et une richesse plutôt appréciable. La plupart des morceaux sont assez directs et accrocheurs, et gardent une durée de quatre minutes en général, ce qui permet de garder un maximum d'impact malgré quelques expérimentations. Comme je le disais plus haut, certaines sonorités venant d'univers différents se mélangent et de toute façon un album d'Anthon Norwell n'en serait pas un sans un minimum d'expérimentations. "The Other Side Of The Madness" présente même des airs de rock gothique à l'ancienne qui laisse transparaître l'influence des Sisters Of Mercy et autres Fields Of The nephilim. C'est en tout cas un de ses travaux les plus accessibles et immédiats que le maître d'oeuvre nous livre cette fois. Et si l'on reconnaît sa patte sur chacune de ses sorties, sa discographie commence à être sacrément variée en plus de devenir conséquente. Même au niveau de la production on sent qu'il y a une approche un peu plus moderne dans le sens où le son est un peu plus gros, plus propre et moins old school que sur certains de ses albums solo. En parlant de solo, on a droit à une bonne dose de solo de guitare, tous plus gorgés de feeling et mélodiques les uns que les autres. Un feeling que l'on sent bien sur le final "Le Diable Est Revenu (Réclamer Sa Part)" chanté en français et qui sent très fort le blues et qui termine l'album sur un morceau groovy... en diable justement.

Au final, Synesthesia sort un album différent du précédent essai dont les ambiances sont guidées par le concept sur lequel est basé "The Omega Man". On retrouve l'univers d'Anthon Norwell mais avec suffisamment de différences et de sonorités à priori opposées pour que l'expérimentation soit de mise. Comme d'habitude, c'est riche, profond et varié et cela prend un malin plaisir à sortir des codes actuels, ce qui n'est pas pour me déplaire !


Murderworks
Juin 2021




"Battle For Montsegur"
Note : 16/20

Je vous avais déjà parlé du prolifique Anthon Norwell en ces pages, il est de retour avec un nouveau projet nommé Synesthesia dont le premier album va nous occuper aujourd'hui. "Battle For Montsegur" va nous emmener une fois de plus dans l'univers d'Anthon Norwell et comme d'habitude l'ouverture d'esprit est vivement conseillée puisque les terres musicales visitées sont nombreuses.

Globalement, on est à cheval entre le rock, des influences electro, les années 60 et 70 et quelques sonorités un peu plus modernes. Pas vraiment de metal ici, les plus bourrins peuvent donc ranger leur hache, elle ne leur sera d'aucune utilité. Sur "Simon De Monfort", par exemple, on peut presque entendre du Aerosmith période années 70 par moments, des sonorités plus sombres se font entendre sur "The Wizard And The Sparrow", bref vous l'aurez compris, le spectre musical exploré ici est encore une fois assez large. Par rapport aux autres groupes et projets d'Anthon Norwell, on sent qu'une grande place est laissée au chant, c'est lui qui véhicule le gros des émotions. Musicalement, on trouve quelque chose de plus direct, des ambiances travaillées mais basées sur des riffs et des leads moins alambiqués, plus directs là encore. Le rock prend la place du prog et donne un album dans l'esprit de ce qui se faisait dans les années 60 et 70, une époque où la plupart des groupes ne surproduisaient pas leurs albums et n'en faisaient pas des tonnes. "Straight To The Heart" en est d'ailleurs un bon exemple, presque entièrement porté par les voix là encore, des lignes de chant simples mais belles qui tapent dans le mille pour un morceau qui porte bien son nom. Même si plusieurs groupes reviennent à des sonorités proches de ces années-là en ce moment, cela n'empêche pas Synesthesia de sonner de façon personnelle, il y a bien quelques influences que l'on peut reconnaître (comme chez n'importe quel groupe ou presque) mais l'ensemble possède sa patte.

"Battle For Montsegur" est d'ailleurs un album concept et il est évidemment conseillé de l'écouter d'une traite pour mieux saisir où le groupe veut en venir. D'autant que l'ensemble s'enchaîne avec cohérence et que malgré les différentes sonorités utilisées, Synesthesia ne donne jamais l'impression de passer du coq à l'âne sans raison. Toutes les influences sont digérées et plutôt bien intégrées à l'ensemble. On note deux ou trois petites maladresses dues surtout au fait que l'album est réalisé avec les moyens du bord, par exemple un chant féminin un peu limite sur "Loba's Run" mais rien de bien rédhibitoire. Niveau production, on est évidemment loin des grosses machines mais ça sonne bien, on entend tout le monde et le son donne un petit cachet supplémentaire à toutes ces sonorités 60' et 70's. Comme je le disais, le metal et le prog s'éloignent pour laisser place à une musique plus proche du rock, même si le fait que ce soit un album concept et que les influences soient riches nous ramènent en quelque sorte au prog. En tout cas, "Battle For Montsegur" prouve une fois de plus qu'Anthon Norwel ne s'impose pas de limite et ne se ferme aucune porte, tout ce qui peut servir sa musique et enrichir ses ambiances est le bienvenu. Encore une fois, le maître d'œuvre sait où il veut aller et la cohérence est au rendez-vous, de la personnalité et un minimum d'originalité certes mais pas d'expérimentations décousues pour autant. L'ensemble est dense mais accessible, pas besoin d'avoir un doctorat en théorie musicale pour apprécier la musique de Synesthesia, les détracteurs du prog qui avaient peur d'un monstre indigeste peuvent donc s'approcher sans crainte.

Au final, un album encore une fois personnel, qui privilégie les émotions et la mélodie au lieu de mettre en avant une technique démonstrative. "Battle For Montsegur" s'éloigne des rivages du metal et du prog et s'approche d'un rock aux teintes 60's et 70's qui a comme d'habitude avec Anthon Norwell beaucoup de choses à vous dire !


Murderworks
Avril 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/synesthesia-1451833928259482