Le temps passe vite dans notre contrée, pourtant, avec l’âge, les mecs de Syndrom 187 se bonifient. Bon, revenons en arrière. Un EP sorti il y a quelques années et un gros remaniement (pas ministériel) et quelques musiciens plus tard, Syndrom 187 a décidé de sortir un album éponyme pour 2014. Avec le renfort de Djo à la basse et de Tom (ex-Taf) à la gratte, le groupe s’est à la fois renforcé humainement mais également musicalement avec des musiciens ayant une certaine dose de concerts dans les pattes. Les influences diverses venant se greffer sur le tas. Le nouvel album est simple, rapide, efficace et surtout ne cherche pas la difficulté là où il ne doit pas y en avoir.

S’appuyant sur des passages de films (Rocky…) pour chausser les gants, Syndrom 187 fait ce qu’il sait encore le mieux faire : jouer ! Même pas 10 titres, mais du brut, du direct, avec un chant en français. De ce côté, un peu de changement : là où le frontman affichait clairement ses limites, une grosse progression a été effectuée, du travail, et il ne me semble plus proche de la rupture en permanence comme avant, il maîtrise beaucoup plus l’ensemble du chant et des intonations. Un chant en français toujours aussi brut, compréhensible et fédérateur surtout. On ressent les influences, précises et constantes : The Arrs, ou même par instants, les grands groupes ricains, pairs du genre et références incontournables. Enregistré en Belgique au Rising Studio, il n'y a rien à dire, la production, loin d’être une grosse production à la ricaine, est simple, puissante et efficace. Deux featurings font leur apparition dans le CD, le plus marquant étant celui de Pico de chez Six Grammes Eight, bien choisis et bien exécutés, comme quoi le réseau musical n’a pas de frontières. On en revient aux bases, et c’est ceci qui est intéressant. Loin des grosses productions, Syndrom 187 offre quelque chose de très direct, taillé directement dans la roche. L’apport des nouveaux zicos donne une couleur beaucoup moins naïve aux musiques du groupe et procure une certaine maîtrise et une maturité à l’ensemble. Crochet du gauche, crochet du droit, on alterne tout au long des 9 morceaux en attendant l’uppercut... il a du mal à venir, et en permanence n’est jamais loin.

Cet album éponyme est loin d’être mauvais pour un retour sur le devant de la scène. Beaucoup de choses sont perfectibles encore, comme certains enchaînements et certains riffs, et encore un poil au niveau du chant, mais d’un point de vue global, on sent que le temps a passé et que le groupe a retenu les erreurs du passé, proposant quelque chose de plus massif et gardant toujours cette patte bien à lui, ne s’embarrassant pas de l’inutile et forçant chaque auditeur à une chose : se préparer au combat. Des titres concis et efficaces, taillés pour le live, avec de solides références, c’est un style pour auditeurs avertis, mais un auditeur averti n’en vaut-il pas deux ?

Syndrom 187 c'est un bon hardcore à l'ancienne, sans concession. Un truc droit et précis sans fioriture qui te remue les cervicales et qui est un appel au moshpit. Après un premier EP de très bonne facture "L'Echec" les Haut-Saônois reviennent avec ce "Ex Unitate Vires", plus sombre, plus hardcore, plus rentre dedans. Le groupe est parti enregistré au Indie Ear Studio (65 Mines Street, Texas Mongols, The Irradiates....) et un petit master signé par Glenn Miller. Le résultat est compact, bien senti, une bonne production. Au niveau des morceaux purement, après une intro très sombre "HH.64" on passe sur un "187 Code Meurtre" qui rappelle les morceaux de "L'Echec", du très écorché dans la voix, et du très rentre-dedans niveau guitares. Petite particularité dans ce CD, c'est la grosse mise en avant des guitares et la présence moins omniprésente du chant (y en manquerait-il parfois ?). A noter que sur le chant des gros progrès ont été faits par rapport au CD précédent et on commence à sentir une véritable présence. Les mecs de Syndrom 187 commencent véritablement à prendre leur identité avec une création de morceaux couplés à un chant écorché qui leur devient propre. Le son est lourd, les paroles engagées même si elles restent restreintes. Le chant en français semble être de nouveau en verve du côté des groupes de hardcore français. L'EP est compact avec des morceaux de bonne facture, ayant un rendu différent sur CD qu'en live. Les morceaux se détachent de ce qui a été fait dans la première mouture "L'Echec", l'expérience et l'âge sont passés par là, c'est quelque chose de moins speed, et beaucoup plus noir avec une ambiance plus sombre que sur le précédent. Ca martelle dur quand même avec des passages violents qui prennent toute leur dimension en live, ce qui malheureusement ne peut pas se ressentir complétement sur CD. En eésumé, cet "Ex Unitate Vires" enchaîne 6 morceaux (dont une intro) beaucoup plus noirs, plus violents que sur le premier CD. Le groupe se détache petit à petit de ses influences qui étaient trop omniprésentes, avec une prod' très bonne, et un chant beaucoup plus présent, mais qui a contrario laisse trop de plages musicales. Cependant, un bon deuxième EP qui, au cours de son écoute, nous rappelle que le hardcore ne s'écoute pas, il se vit en live, et en direct. Syndrom 187 en pratique nous livre un bon EP, qui ne révolutionne pas le genre mais reste et restera excellent sur son terrain de prédilection en live. A voir en live.

"L'échec"
Note : 14/20

"L'échec"... titre simple efficace et rempli de sens pour les hardcoreux du Syndrom 187 et leur premier opus ! On glisse le CD dans le lecteur et... ben oui on a ce qu'on est venu chercher : riffs compacts, saccadés, section rythmique efficace, un chant en français (qui n'est pas sans nous faire penser à L'Esprit Du Clan ou encore The Arrs) qui est littéralement écorché vif. Dès le premier morceau il y a des moulinets de bras qui se perdent et on est vite rappelé à la réalité par le contact brutal de nos bras avec la porte ! L'ensemble s'enchaîne bien et le tout tape là où il faut. Le niveau général des musiciens est plus que bon avec seulement trois années d'existence pour le groupe. L'influence de The Arrs est omniprésente surtout lors de la construction des morceaux. Dans le dernier morceau on sent également une influence du groupe Taf, autre groupe de gais lurons Haute Saônois qui a eu droit à sa petite chronique sur French Metal (Tof, le chanteur, est présent dans l'entourage du groupe pour leur fournir une aide non moins précieuse). La basse est bien présente lors d'un bon breakdown (vive les lives) dans "L'échec", qui aurait eu le mérite d'être un peu plus court car la longueur (5 minutes) nous fait un peu perdre de l'efficacité du morceau. Les riffs de gratte sont efficaces et pêchus (encore et toujours les moulinets !). Et Syndrom 187 développe ici un son de guitare bien à lui à la fois gras et tranchant. Le chant écorché restitue bien la violence voulue et correspond bien au style même s'il est à peine trop linéaire et manque de "coffre" parfois ! Le groupe, à la fin du morceau "En Ligne De Mire", intègre une dimension éducative intéressante avec les caractéristiques du chien que je vous laisse le soin de découvrir mais celle-ci est particulièrement réussie ! Syndrom 187 est un groupe jeune avec un potentiel non négligeable, tant au niveau CD que pour la restitution live avec des morceaux qui doivent faire fureur. Mais il semble encore avoir du mal à trouver sa propre identité et à lâcher ses influences (The Arrs est la plus présente). Néanmoins il nous fournit une galette prometteuse et semble sur le bon chemin ! Wait And See (impatiemment).

Sam Mars 2009