Tout commence par une pochette d'album vraiment surprenante. Loin des artworks made in Photoshop, Sutrah nous propose une jaquette entièrement dessinée à la main. Le résultat est plutôt chargé : une sonde spatiale, des météorites, des planètes, un satellite, du mouvement dans toutes les directions... Pourtant, l'ensemble est étonnant de détails et surtout de personnalité. Cette première analyse nous donne déjà une idée du contenu : une approche personnelle du metal.

En effet, il est difficile de classer cet album éponyme dans un genre. Par commodité, l'auditeur penchera vers du metal progressif au sens large étant donné les structures complexes des morceaux. Mais d'un autre côté, les compositions sont aussi brutes et puissantes. Disséquons ensemble la musique de Sutrah en commençant tout d'abord par les points positifs.

Tout de suite, les influences très prononcées de Gojira et Chimaira frappent à l'oreille de l'auditeur. Dans les riffs comme dans le chant, l'ombre de ces deux monstres légendaires plane sur tous les titres. Notons que même la voix de JD est un insolite mélange de Joseph Duplantier et de Mark Hunter. La ressemblance est vraiment fascinante et super convaincante ! Avec le chant, la guitare tient une place centrale. Le jeu est varié tout en restant simple. Les riffs du titre "First Transmission" sont de bons exemples : le morceau attaque sur les chapeaux de roue (type Chimaira) pour ensuite nous entraîner sur des parties en tapping très planantes, un peu comme Gojira quoi. Mais au-delà de ces influences, les Bayonnais dévoilent à plusieurs reprises des extraits de rock alternatif voire même de post-metal (l'intro de "Hunger Exil" ou encore l'outro de "Asided Pits"). Vous l'aurez compris, Sutrah est un peu comme une boîte de chocolat : vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber. Par ailleurs, la musique de Sutrah se veut lourde et oppressante tout en sachant transcrire ses émotions. Entre moments de violence et de pure introspection, le groupe nous conte une aventure tumultueuse se déroulant dans l'espace. Avec plus ou moins de succès, il réussit à poser son module lunaire sans trop d'encombre sur l'objectif visé.

Malheureusement, l'immersion dans cet univers peut être parfois difficile en raison d'une production, certes, propre et professionnelle, mais faiblarde. En effet, la guitare se donne au maximum afin de mettre en avant les parties de brutalité et de lourdeur, mais l'ensemble sonne trop rock par rapport au projet départ. Exemple : un breakdown est parfaitement inséré à la fin du premier couplet de "When Giants Pierce Clouds". Mais il est plat, sans relief. La faute n'est pas due la composition, mais bien à la production en général (ou bien le jeu des musiciens ?). Je pense que le groupe a voulu jouer la carte du compromis, c'est dommage.

En résumé, si l'on regarde au-delà des influences Gojira très présentes, Sutrah est un groupe exigeant et bouillonnant de créativité. Avec ce premier album, les Bayonnais posent les bases d'un univers bien à eux et l'on meurt d'envie d'y pénétrer davantage. Pas de doute, le quatuor affinera son propos lors de son prochain essai !