"Ounas I"
Note : 18/20
Suotana annonce son troisième album. Créé en 2005 en Finlande, le groupe composé de
Ville Rautio (guitare), Pasi Portaankorva (guitare), Rauli Juopperi (batterie), Tommi
Neitola (claviers), Tuomo Marttinen (chant) et Rauli Alaruikka (basse, Iku-Turso) dévoile
"Ounas I", chez Reaper Entertainment.
Le groupe ouvre son album avec "Lake Ounas", une introduction ambiante réalisée en
collaboration avec le claviériste Veli-Matti Kananen (Kalmah, Fleetburner, Violet Sin,
Rasa) sur laquelle on se familiarise avec les sonorités épiques qui nous mènent à "Through
The Mammoth Valley" et sa rythmique accrocheuse. Le chant ajoute une dimension plus
agressive aux riffs rapides, complétés par quelques choeurs majestueux et des
harmoniques tranchantes, tout comme sur la massive "The Ancient", une composition qui sait
parfaitement coupler lourdeur et influences folk brutes. Les différentes voix permettent
comme les leads de donner un rythme assez vif à la charge guerrière froide et imposante
avant le break plus apaisant, rapidement suivi par la reprise de la violence, puis par "Legacy"
et ses influences thrash abrasives.
Le black / death surmonté d’orchestrations majestueuses
refera bien évidemment surface avec une férocité non dissimulée, créant un son très
complémentaire qui peut très bien se manifester sous forme d’une tempête aux riffs rapides
ou de passages plus imposants et plus lents parfois accompagnés de choeurs. "River Ouna",
le plus long titre de l’album, nous autorise un moment de flottement avant de laisser un son
pesant et majestueux nous écraser, avant que les mélodies entêtantes n’apparaissent. A
nouveau, le rendu est parfaitement géré pour laisser chaque élément s’exprimer, y compris
des claviers planants sur le break avant que le son entêtant et accrocheur ne s’enflamme à
nouveau, orchestré par une voix narrative ainsi qu’un vocaliste de plus en plus déchaîné.
L’album prendra fin avec "Land Of The Dead", une reprise tout aussi épique du groupe
autrichien Summoning pour laquelle le groupe fera appel à Mora, chanteuse d’origine
grecque, recréant à la perfection cette atmosphère majestueuse.
"Ounas I" écrit à la perfection une nouvelle page de l’univers de Suotana, s’ancrant encore
plus dans ce mélange sombre et accrocheur de sonorités épiques, d’orchestrations
majestueuses et de hurlements sauvages. Un parfait compagnon d’aventure.
"Land Of The Ending Time"
Note : 16/20
Si la Finlande est connue pour être une contrée lointaine et gelée, la glace se reflète
également dans sa musique, et celle de Suotana en est un parfait exemple. Pourtant créé
en 2005, le groupe ne fera pas parler de lui avant sa première démo en 2014. L’une des
causes de ce silence ? Probablement le line-up, car si Ville Rautio (chant / guitare de 2005 à
2012 puis simplement chanteur) est le maître à penser du projet, les musiciens le rejoindront
petit à petit. Pasi Portaankorva (guitare) en 2006, puis Harri Portimo (basse), Jari Körkö
(clavier) et Juhani Merkkiniemi (chant) en 2012 et enfin Rauli Juopperi (batterie) en
2013. Les musiciens se penchent donc sur la démo, puis le premier album sort en 2015,
juste avant le départ de Jari, qui laisse sa place à Tommi Neitola. Juhani quittera
l’aventure en 2016, mais sera rapidement remplacé par Tuomo Marttinen la même année.
Ensemble, les six membres composent "Land Of The Ending Time", qui vient de sortir. Faites-moi confiance, le mélange de black, death et folk finlandais n’a pas fini de vous surprendre !
On commence avec "Alku", une composition instrumentale douce et planante qui débouche
sur la féroce "Troutrace". Le contraste entre les deux morceaux est saisissant, et la morsure
du froid des riffs du groupe fond sur nous tel un prédateur. Le chant rocailleux de Tuomo
s’accorde parfaitement avec les nombreuses harmoniques du combo, et les frappes de
Rauli nous maintiennent littéralement en éveil pour affronter la vague qui déferle sur nous,
mais qui semble souffrir un peu du mixage. Les claviers sont bien plus présents sur "Sorrowl"
que sur le titre précédent, faisant flirter la composition avec le metal symphonique, mais
toujours sur cette base black / death puissante qui emprunte au folk metal des influences
palpables à chaque instant.
"Into The Ice" revient sur ces ambiances au clavier alors que les autres instruments accélèrent,
et que le chanteur pousse un cri qui contient peine et douleur mêlées, mais le blast et autres
harmoniques prennent le dessus. Les parties lead sont toujours aussi inspirées, et certaines
sont même hypnotiques, comparées à un growl caverneux, mais le groupe calme le jeu pour
"Thousands Of Forests". A nouveau la rythmique glaciale des Finlandais s’invite à le fête, et ce
n’est qu’en headbanguant que l’auditeur pourra réchauffer l’atmosphère. Rehaussées par
les claviers qui apportent cet aspect épique, les rythmiques développées par le groupe ne
tardent pas à s’étendre autour de nous, avant de céder la place à "Autumn Awaits" après un
long solo. Après une introduction au son clair mais inquiétant, le titre prend toute la saveur
d’un morceau de death mélodique finlandais, c’est à dire une beauté que l’on se doit de
contempler sur la longueur et d’admirer de loin.
Plus incisive, "Wolfchasers" est une chanson rapide et martiale qui s’appuie cependant sur
des claviers afin de rendre la course un peu plus épique qu’à l’accoutumée, mais laisse
également beaucoup plus de place à la basse. Le mélange semble beaucoup mieux mixé
qu’au début, mais est-ce une impression ou la réalité ? "Mission Suicide" tranchera pour nous,
le mix est de loin bien meilleur qu’au début et chaque instrument trouve sa place au sein de
la composition sans empiéter sur l’autre. Plus lente, mais également beaucoup plus
mystique et planante que les autres compositions, chaque seconde est nécessaire pour
profiter pleinement de sa beauté. "Land Of The Ending Time", le dernier morceau, débute par
un double solo qui rivalise à la fois d’ingéniosité mais qui prône également un son dissonant
à souhait pour convaincre une dernière fois, avec une surprise finale.
Avec "Land Of The Ending Time", Suotana a commencé par nous faire peur : le mix n’était
pas à la hauteur de notre espérance pour un deuxième album. Heureusement, les Finlandais
ont su corriger le tir, et l’expérience devient très plaisante. J’ai cependant hâte de vérifier si
ce que le groupe propose en sera de même sur scène.
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