Le groupe
Biographie :

Subterranean Masquerade est un groupe de metal progressif israélien, formé en 1997 par le guitariste Tomer Pink. Conçu avec l'ambition de révolutionner la musique, le groupe est initialement un projet dont les musiciens ont beaucoup varié, avant de trouver une formation fixe. Ce n'est qu'après une longue période que le groupe peut enfin montrer ses premiers enregistrement, lors de l'année 2004. Il s'ensuit un EP, "Temporary Psychotic State", ainsi que le premier album, "Suspended Animation Dreams" en 2005, tous deux produits sur le label The End Records aux côtés de grands noms du metal avant-gardiste. Après six ans d'inactivité, le groupe entre à nouveau en studio en 2013, pour préparer un EP, "Home", qui sortira l'année même. Ce passage est l'occasion d'un changement de configuration, et les musiciens seront rejoints par le batteur Matan Shmuely (Orphaned Land), ainsi que par le guitariste Or Shalev. Puis en 2014, l'annonce est faite d'un nouvel album album, ainsi que de l'arrivée du chanteur Kjetil Nordhus (Tristania, Green Carnation) et du claviériste Shai Yallin (Solstice Coil). L'album intitulé "The Great Bazaar" paraît en Janvier 2015 sous le label autoproduit Taklit Music. Deux ans plus tard, l'album sort en Septembre 2017 chez ViciSolum Productions. Avec un nouveau chanteur (Davidavi Dolev) et un nouveau batteur (Jonathan Amar), Subterranean Masquerade sort "Mountain Fever" en Mai 2021 chez Sensory Records.

Discographie :

2004 : "Temporary Psychotic State" (EP)
2005 : "Suspended Animation Dreams"
2013 : "Home" (EP)
2015 : "The Great Bazaar"
2017 : "Vagabond"
2020 : "The Pros & Cons Of Social Isolation" (EP)
2021 : "Mountain Fever"


Les chroniques


"Mountain Fever"
Note : 16/20

Subterranean Masquerade, le groupe de prog israélien vite devenu culte, est de retour avec un nouvel album "Mountain Fever". On en avait eu un petit signe avec l'EP "Pros And Cons Of Social Isolation" sorti pendant la pandémie et que je vous invite à écouter, le groupe y expérimentant à plus d'un titre. Notons d'ailleurs un double changement au niveau du line-up puisque c'est Jonathan Amar qui s'occupe de la batterie cette fois et le micro est tenu par Davidavi Dolev, deux nouveaux membres que vous pouvez déjà entendre sur le fameux EP justement.

"Snake Charmer" nous accueille avec les sonorités traditionnelles orientales auxquelles le groupe nous a habitué depuis quelques temps maintenant, sauf que le morceau devient vite très mélodique et accrocheur. Si les couplets ont un côté énigmatique à la limite de l'inquiétant, le refrain est irrésistible et vous rentre dans le crâne à une vitesse folle. Les lignes de chant sont inspirées et Davidavi Dolev nous fait de suite entendre que sa palette vocale est assez large et qu'il sait faire passer des émotions dans sa voix sans aucun problème. On ressent l'habituelle mélancolie qui perce souvent dans la musique de Subterranean Masquerade et ce premier morceau démarre l'album sur les chapeaux de roue, à la fois beau et suffisamment énergique pour capter l'attention. Quatre petites minutes auront suffi pour confirmer que le groupe est en forme et que les changements de line-up n'ont absolument pas altéré sa qualité d'écriture et sa puissance évocatrice. "Diaspora, My Love" se montre plus doux et a de faux airs de ballade, les mélodies sont une fois de plus magnifiques et poignantes et un solo tout en feeling vient illuminer encore un peu plus ce deuxième morceau. Quelques discrètes orchestrations s'insèrent aussi au milieu de tout ça et confèrent un aspect plus dramatique et renforcent la beauté des ambiances. Un petit break plus énergique vient mélanger les influences orientales à de gros riffs avec en plus ces fameux cris et growls que le groupe aime placer assez régulièrement. Le fait d'envisager de faire plus de live depuis 2018 a probablement incité le groupe a recentrer son propos, car s'il n'a pas abandonné la variété des sonorités utilisées, il emprunte ici une voie plus directe et plus accrocheuse.

Le morceau-titre est d'ailleurs un excellent exemple de ce type de morceaux qui sont extrêmement accrocheurs et ne sortent plus du crâne malgré une assez grande variété de sonorités. Le break est d'ailleurs aussi marqué par l'influence orientale que par la scène psychédélique, un mélange des plus dépaysants et surprenants qui crée une ambiance très particulière. Subterranean Masquerade pratique le progressif dans le sens noble du terme, celui qui repousse les barrières et mélange des genres à priori antinomiques. On est loin de la débauche de technique et la balance penche comme d'habitude plus vers le rock que le metal, le groupe privilégie une approche mélodique, accrocheuse qui met l'accent sur les émotions et le groove. "Somewhere I Sadly Belong" montre d'ailleurs pas mal d'énergie, ne serait-ce que dans le chant souvent crié, en plus d'un feeling bluesy des plus plaisants. "The Stillnox Oratory" fait, quant à lui, la part belle aux orchestrations et déploie des ambiances et mélodies poignantes une fois de plus, le groupe s'y fait tout en émotions et frappe juste. "Vagabond" avait montré la voie et "Mountain Fever" continue à tracer le chemin, le groupe s'y faisant encore un peu plus accrocheur. On ne perd rien en variété, ni en profondeur ou en richesse et on gagne encore en impact et en efficacité. Certains puristes seront peut-être déçus de voir Subterranean Masquerade s'éloigner de l'aspect parfois hermétique du progressif, mais comme dit précédemment, l'évolution était déjà entamée sur le précédent album. Le son se fait lui aussi plus rock que metal et l'album jouit d'une production claire, propre et qui a juste assez de puissance pour le style pratiqué.

"Mountain Fever" confirme l'orientation plus accrocheuse et directe amorcée par "Vagabond", mais surtout le fait que Subterranean Masquerade est un des meilleurs représentants de la scène progressive de nos jours. Mélodique, gorgé d'émotions, suffisamment énergique et accrocheur en plus d'être varié, ce nouvel album a tout ce qu'il faut et ne présente pas le moindre passage à vide malgré une durée de pas loin d'une heure !


Murderworks
Juillet 2021




"Vagabond"
Note : 16/20

Si vous êtes férus de progressif, le nom de Subterranean Masquerade ne doit pas vous être étranger puisque le groupe s'était déjà fait remarquer pour la qualité de ses albums. Ils sont de retour avec "Vagabond" et on retrouve avec plaisir ce mélange metal prog avec des sonorités orientales deux ans après "The Great Bazaar".

Je dis orientales mais j'aurais dû dire folkloriques en fait, parce que les sonorités ne se limitent pas à celles de l'Orient et le groupe ne se gêne pas pour aller piocher un peu partout. Dès "Place For Fairytales", les mélodies dont ces gars-là ont le secret refont des merveilles et le chant d'Eliran Waitzmann se fond superbement bien dans ce prog dépaysant qui mélange sur ce morceau les sonorités orientales justement avec un saxo sorti de nulle part ! Une fois de plus, l'ambiance générale est quasiment onirique et le groupe nous fait voyager bien loin dans un univers indéfini et intemporel. Des passages totalement décalés comme sur "Ways" viennent installer une ambiance digne d'une fanfare ou d'un cirque complètement allumé. Petite précision tout de même pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Subterranean Masquerade, le progressif du groupe tend plus vers le rock que vers le metal, même si quelques growls discrets font de temps en temps leur apparition pour épicer un peu le tout. "Vagabond" reste globalement assez soft et ne sort pas de gros riffs power pour ruer dans les brancards, le groupe préfère jouer la finesse et opter pour un groove très rock encore une fois. D'ailleurs pour confirmer ce que je disais à propose des ambiances variées, l'album se termine par une reprise du "Space Oddity" de David Bowie qui flirte régulièrement avec un doom bien pesant !

L'intégration des fameuses sonorités orientales n'a en tout cas rien d'un gimmick et se fond parfaitement dans le décor, quand bien même le reste des influences pourraient se trouver aux antipodes. La preuve que la musique de Subterranean Masquerade est aussi sincère que travaillée, riche sans jamais être complexe ou inaccessible. C'est d'ailleurs l'un des points forts du groupe, cette accroche que l'on retrouve dans tous les morceaux et ces mélodies belles et envoûtantes. Ces gars-là ont une facilité pour composer des morceaux riches et variés mais facilement compréhensibles, on a jamais l'impression de se perdre dans un dédale de structures plus tordues les unes que les autres comme certains groupes de progressif peuvent le faire. L'efficacité est de mise mais la musique de Subterranean Masquerade a une profondeur qui fait qu'on y revient en y découvrant constamment de nouvelles choses. Profondeur sûrement due au fait que le groupe ne s'impose aucune limite, sans jamais virer dans l'expérimental barré pour autant, mélangeant les genres sans a priori, bousculant les codes du metal, ce qui devrait être la base pour un groupe de progressif soit dit en passant. Malheureusement trop de représentants de cette scène misent sur la technique et en oublient le côté aventureux censé être inhérent à ce style. Subterranean Masquerade ne l'a pas oublié et le met à profit pour nous proposer une fois de plus d'une musique bien à lui, continuant à créer son petit monde au fur et à mesure des sorties.

Un nouvel album qui confirme la qualité de la musique de Subterranean Masquerade, une fois de plus serait-on tenté de dire. Même si le groupe qui a enfanté le fameux "Suspended Animation Dreams" n'est plus celui que l'on retrouve aujourd'hui, les sonorités orientales se sont fait une plus grande place depuis, il n'empêche que le talent et l'inspiration n'ont pas bougé.


Murderworks
Mars 2018


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.submasq.net