Le groupe
Biographie :

Subterraen est un groupe de blackened sludge / doom metal progressif nantais formé en 2017 et actuellement composé de : Clem Helvete (guitare, chant / ex-Owl Coven), Chris KKP (guitare / Abjvration, ex-HKY, ex-Time to Burn, ex-Huata, ex-Every Reason To...), Msieu Molivaud (batterie / Lafin) et William Lacalmontie (basse / Ovtrenoir). Subterraen sort son premier album, "Rotten Human Kingdom", en Novembre 2020 chez Transcending Obscurity Records, suivi de "In The Aftermath Of Blight" en Avril 2024 chez Frozen Records.

Discographie :

2020 : "Rotten Human Kingdom"
2024 : "In The Aftermath Of Blight"


Les chroniques


"In The Aftermath Of Blight"
Note : 16/20

Subterraen nous avait bien écrasé la tronche avec son premier album "Rotten Human Kingdom" en 2020 qui balançait une sorte de doom / sludge gras, sale et sans pitié et on se demandait ce que la suite allait nous réserver. Il se trouve qu'elle nous réserve quelques surprises puisque ce deuxième album voit arriver un gros changement de line-up et une orientation musicale différente. "In The Aftermath Of Blight" sort cette fois chez Frozen Records et voit le groupe s'aventurer sur d'autres terres, confirmant par là même ne pas vouloir se reposer sur ses lauriers.

On retrouve le même format avec seulement quatre morceaux pour une durée de trente-sept minutes cette fois, mais le premier pavé "Paving The Way To Oblivion" nous fait vite comprendre que ce nouvel album ne suit pas totalement le chemin tracé par son prédécesseur. On y entend dès le début du morceau des mélodies bien plus lumineuses qui développent une certaine mélancolie, on est donc assez loin de la sauvagerie brute et écrasante de "Rotten Human Kingdom". Subterraen garde évidemment sa base doom / sludge mais l'enrichit d'influences venues des scènes post, des sonorités qui filtraient déjà très discrètement sur le premier album et qui prennent une plus grande place ici. Pour autant, la musique du groupe ne devient pas douce ou accessible pour autant et ce premier morceau garde une lourdeur qui vous broie les vertèbres malgré des mélodies de toute beauté. Quand le morceau s'emballe, que le chant hurlé arrive et que les gros riffs débarquent, on sent une petite pointe du Zatokrev des débuts (un très bon groupe suisse sur lequel vous devriez aussi jeter une oreille) et le groupe crée un équilibre très intéressant entre ombre et lumière. Les mélodies plus lumineuses se partagent la scène avec les gros riffs plombés et la noirceur que l'on avait pris en pleine tronche sur "Rotten Human Kingdom". Les quatre morceaux sont évidemment longs puisque le plus court dure huit minutes et le plus long en fait dix, de quoi rassurer les plus inquiets qui pourraient se demander si Subterraen a rangé la lourdeur au placard. Ce n'est évidemment pas le cas et l'on pourrait même dire que "In The Aftermath Of Blight" n'est pas moins extrême que son grand frère, il l'est simplement d'une autre façon.

Moins brut et moins frontal par contre oui, si c'est ce côté qui vous avait plu sur "Rotten Human Kingdom", ce nouvel album risque de nécessiter un temps d'adaptation. De toute façon la musique du groupe va toujours demander un certain investissement de la part de l'auditeur, ne serait-ce que par la durée des morceaux qui exigent du coup que vous soyez un minimum concentré sur ce que vous écoutez. On est loin des albums que vous pourriez vous passer sur vos playlists numériques (vieux con repéré), là il va falloir se plonger dans la musique du groupe si vous voulez ressentir ce qu'il a voulu y faire passer. En tout cas ,ce changement d'orientation ne change rien au fait que le groupe propose quelque chose de personnel, même si quelques influences peuvent évidemment être entendues. Le morceau-titre qui clôt l'album devrait mettre tout le monde d'accord, on y retrouve des riffs bien plus lourds, une ambiance plus noire et ces dix minutes font mal. Il y a une sorte de crescendo sur ce nouvel album, plus on se rapproche de sa fin plus la musique se durcit et plus le groupe retrouve ses anciens réflexes en matière d'agression sonore. Les mélodies ont encore une place et le groupe ne revient pas en arrière sur ce dernier morceau, mais l'équilibre penche un peu plus en faveur d'une lourdeur noire et menaçante après trois morceaux qui laissaient passer un peu plus de lumière. En tout cas on n'attendait pas le groupe sur ce terrain et la surprise est d'autant plus agréable que les bougres maîtrisent autant les ambiances mélancoliques que l'écrasement de vertèbres. On sait donc à partir de maintenant que Subterraen en a sous le pied et que l'on risque de ne jamais savoir de quel côté il va attaquer par la suite. Une bonne nouvelle qui confirme le potentiel du groupe et qui prouve qu'il refuse d'entrer dans un moule.

"In The Aftermath Of Blight" est donc un deuxième album surprenant de la part de Subterraen qui s'aventure cette fois vers des terres plus accueillantes et lumineuses sans jamais perdre de sa puissance pour autant. On ne l'attendait pas sur ce terrain mais c'est toujours aussi bien fait et c'est toujours agréable d'entendre un groupe qui n'hésite pas à se bousculer un peu, à changer ses habitudes et à évoluer dès le deuxième album. On soutient donc la démarche et on conseille vivement d'aller jeter une oreille là-dessus, ainsi que sur "Rotten Human Kingdom" pour ceux qui l'auraient loupé.


Murderworks
Mai 2024




"Rotten Human Kingdom"
Note : 16/20

Jeune groupe français nous amenant ici son premier album, "Rotten Human Kingdom", Subterraen ne fait pas dans la dentelle et a décidé de nous écraser la tronche avec un doom / sludge à faire trembler la terre ! Quatre morceaux pour près de cinquante minutes, vous savez à quoi vous attendre, l'easy listening ce n'est pas par ici donc mettez un casque et on y va !

"Blood For The Blood Gods" ouvre l'album avec plus de treize minutes au compteur et ne prend pas de gants pour introduire son univers. Subterraen balance des accords lancinants aux relents psychédéliques mais avec une ambiance inquiétante et très sombre avec en plus quelques tendances noisy histoire de bien vriller les tympans avant de commencer les choses sérieuses. Et quand ça part, c'est sur un tempo écrasant et des guitares bien grasses qui vous bavent dans les enceintes pendant qu'un damné hurle tout ce qu'il peut au micro ! On a la crasse et la rage du sludge posées sur le tempo du doom pour faire simple, ne vous attendez donc pas à trouver de belles mélodies mélancoliques ou des passages éthérés et tristement beaux sur "Rotten Human Kingdom". Normalement, rien que le titre de l'album vous aura mis sur le chemin mais sait-on jamais, quelques étourdis pourraient ne pas avoir fait attention. Il y a bien quelques passages où le groupe lève le pied sur l'agression et produit quelque chose de plus planant mais l'ambiance est plus à la contemplation d'un champ de ruines qu'au romantisme triste. En tout cas, ces passages en plus d'être puissants contrebalancent intelligemment l'agression rampante que l'on se prend le reste du temps et permettent à Subterraen d'éviter le monolithisme dans lequel tombent certains représentants de cette scène. "For A Fistful Of Silver" est dans une veine encore plus malsaine mais toujours aussi écrasante et nous fait dire que ce sludge / doom sent vraiment le sang et la boue. Et comme si cette musique n'était pas déjà assez dure, Subterraen prend un malin plaisir à nous balancer en plus une multitude de larsens dans les tympans.

Comme le nom du groupe l'indique, on sent une force tellurique dans ces morceaux terrifiants qui viennent de loin, très loin, tout en bas. La production est à l'avenant avec un son puissant et crasseux avec des guitares bien baveuses et épaisses et une batterie puissante. Subterraen ne révolutionne certes pas le genre mais en a dans le ventre et produit une musique sincère, faite avec les tripes. D'autant qu'il a de gros arguments sur ce "Rotten Human Kingdom" avec ces ambiances sales, malsaines et cette puissance écrasante qui, associée avec une lourdeur extrême, crée un album terrassant et éprouvant. Pourtant, même pas tout à fait cinquante minutes pour du doom ou du sludge, ce n'est pas excessivement long mais je vous garantis que vous serez sur les rotules à la fin de ces quatre morceaux. Seuls "Oceans Are Rising" avec ses deux petites minutes en son clair fait office d'interlude et apporte un peu de lumière dans cet océan de mélasse sanglante avec quelques mélodies empreintes d'une certaine beauté mélancolique. Mais que cette petite pause ne vous fasse pas baisser votre garde parce que "Wrath Of A Downtrodden Planet" qui ferme l'album a bien l'intention de vous achever avec ses dix-huit minutes de passage à tabac à coup de massue. L'impression de se retrouver au milieu d'un champ de ruines et d'un monceau de cadavres les pieds dans une mare de sang se fait encore plus prégnante sur ce derneir morceau. Malgré la longueur des morceaux, le groupe ne nous perd pas une seconde tant ses ambiances sont puissantes. Les passages les plus calmes sont placés intelligemment pour couper un peu le flot de riffs en fusion qui nous tombent dessus et apportent ce qu'il faut de changement pour que le groupe ne devienne pas assommant dans le mauvais sens du terme.

Un premier album qui ne fait pas de cadeau et qui balance un doom / sludge sale et écrasant avec une envie de torturer les tympans du malheureux qui passera par là à grands coups de larsens. Pas de romantisme ou de belles mélodies ici, "Rotten Human Kingdom" est sans pitié et vous envoie dans un monde en ruines et en sang. Subterraen frappe fort avec un album extrême et puissant qui me fait dire qu'il va falloir surveiller ces tortionnaires musicaux de près !


Murderworks
Décembre 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/subterraen