Le groupe
Biographie :

Stuck Mojo est un groupe de fusion hardcore d’Atlanta, en Georgie. Il est formé en 1989 par le guitariste Rich Ward et le bassiste Dwayne Fowler, qui sont rejoints, peu de temps après, par le chanteur Andrew Freund et le batteur Richard Farmer. Avec ses diverses influences comme Run DMC, Beastie Boys, Aerosmith, Red Hot Chili Peppers, Life Of Agony, Urban Dance Squad, Stuck Mojo a su créer un style de musique appelé plus précisément le rap metal, c'est-à-dire, une musique variant entre la fusion et le hardcore avec une voix rapée, un peu à la Rage Against The Machine. On peut dire que Stuck Mojo et Rage Against The Machine sont les deux principaux groupes ayant amenés le mélange rap / metal, qui a influencé toute la vague néo metal actuel.

Discographie :

1995 : "Snappin' Necks"
1996 : "Pigwalk"
1996 : "Violated" (EP)
1998 : "Rising"
2000 : "Declaration Of A Headhunter"
2001 : "Violate This" (Compilation)
2007 : "Southern Born Killers"
2008 : "The Great Revival"
2016 : "Here Come The Infidels"


La chronique


Autant être clair tout de suite : ce "Here Come The Infidels" a représenté pour moi l’une de mes chroniques les plus difficiles et les plus délicates, et il m’a fallu vraiment un bon nombre d’écoutes (et trois chroniques) avant de pouvoir réellement apprécier l’album à sa juste valeur. Mais avant toute chose, commençons par le commencement et faisons les présentations pour ceux qui ne connaitraient pas Stuck Mojo, ou alors seulement de nom. Formé en 1989 par l’emblématique guitariste Rich Ward, la formation d’Atlanta est considérée comme un des pionniers du rap metal. Groupe majeur du metal américain des années 90, Stuck Mojo a connu l’apogée de son succès en 1998 avec le très bon "Rising" emmené par l’excellent Bonz au micro. Mais depuis cet album, autant être honnête, rien d’extrêmement intéressant ne nous avait été proposé par ce groupe (à part peut-être "Declaration Of A Headhunter"), qui a connu une décennie très difficile au début des années 2000, entre changements de line-up à répétition et albums plutôt déconcertants.

C’est donc avec un intérêt plutôt mitigé que mes oreilles se sont préparées à l’écoute de ce nouvel album : "Here Come The Infidels". La surprise en fut d’autant plus grande. Car oui, dès le premier morceau éponyme, on sent un sursaut d’orgueil de la part de Stuck Mojo. Comme une prise de conscience que leurs dernières productions n’avaient pas fait l’unanimité, voire même n’avaient pas emballé grand monde, il semblerait qu’ici nos petits Géorgiens se soient ressaisis et aient apporté un soin tout particulier à leurs compositions. Ca va vite, ça frappe fort, ça met le feu. Stuck Mojo a retrouvé la pêche et ils nous le font savoir.

Attention, on est loin ici de patterns techniques ou d’envolées mélodiques. Stuck Mojo cherche l’efficacité, le direct, à nous percuter de plein fouet et à nous asséner de violents accords à toute vitesse. Et si les riffs de Rich Ward, leader, guitariste et âme du groupe, sont toujours aussi inspirés et efficaces, il serait injuste de lui attribuer tout le mérite de ces compositions réussies. Car il en est un en particulier qui se fait remarquer sur cet album, c’est le nouveau chanteur Robby J. Fonts. Ayant rejoint le groupe en 2016 spécialement pour l’enregistrement de l’album en compagnie de Len Sonnier (très présent tout au long des 11 pistes et dont le jeu de basse sur "Fire Me" est tout simplement excellent), Robby est LA surprise de "Here Come The Infidels". Et pas seulement parce que son physique de minet tout gentil détonne franchement avec ses performances vocales !

Non, c’est justement plutôt grâce à ces fameuses performances vocales que Robby J. s’attire ici les faveurs de ma plume. Car la tâche s’annonçait ardue de remplacer le charismatique Bonz au micro de Stuck Mojo, et certains fans auto-proclamés hardcore du groupe, croyant détenir la sainte parole, se proclament encore contre l’addition du nouveau et jeune chanteur. Cependant, en toute honnêteté et pour reprendre les mots de Rich Ward lui-même, “Robby J. est le parfait combo chanteur / frontman et a tout pour définir le nouveau standard des groupes à rappeurs”. Oui, rien que ça. Si vous n’en êtes pas convaincus, écoutez (tout l’album) le final de "Verbal Combat" ou "Destroyer", morceau le plus rap de l’album, et vous devriez être séduits.

En rejoignant le solide duo Rich Ward-Frank Fontsere (batterie), forts de vingt ans d’expérience commune au sein du groupe, Len Sonnier (ex-Poundhound) et Robby J. Fonts ont aidé Stuck Mojo à retrouver ce niveau de qualité musicale auquel nous étions habitués dans les années 90. Et c’est d’ailleurs ce mix d’influences, d’origines et de générations, qui amène le groupe à un niveau de “fusion” que l’on ne retrouve pas souvent ailleurs. Là où un Kid Rock ou des Limp Bizkit se contentent de placer un phrasé rappé sur de la musique “metal”, Stuck Mojo a adopté un tryptique de chant rap-clean-growl qui s’adapte parfaitement à tous les styles de musique qu’ils souhaitent jouer pour accompagner. Cela se ressent dans leurs morceaux les plus hip-hop ("Tambourine"), comme dans les morceaux rock ("Blasphemy") ou carrément metal ("The Business Of Hate"). L’alchimie entre tous les composants est vraiment parfaite et le résultat détonnant !

Tout n’est évidemment pas inattaquable sur ce "Here Come The Infidels", et on pourrait reprocher à Stuck Mojo un message parfois douteux ("Charles Bronson" et la référence évidente aux films de cet acteur), qu’on aurait tort de ne pas prendre par moments au second degré, mais qui semble de temps en temps être compris de manière très sérieuse par quelques fans… Cependant, s’il est bien quelque chose qu’on ne peut pas reprocher à Stuck Mojo, c’est leur énergie, leur remise en question, leur renouvellement, tout en gardant leur intégrité et cette rage qui fait l’identité du groupe depuis ses premières années. "Fire Me" résume à lui seul ce que l’album peut provoquer comme réaction.

Car c’est bien de ça qu’il s’agit : "Here Come The Infidels" est véritablement un concentré de rage en 11 pistes, qu’il sera peut-être parfois difficile d’appréhender en une écoute, mais qui vaut véritablement le détour par ce qu’il apporte aujourd’hui en 2016 de la part d’un groupe que, pour ma part, je retrouvais avec beaucoup de plaisir sur les couvertures et dans les pages des magazines spécialisés que je lisais dans mes jeunes années. Robby J. Fonts est vraiment la meilleure surprise de l’album, et si certains esprits étroits refuseront toujours le changement et continueront à regretter Bonz, je suis de ceux qui croient énormément en ce que ce jeune chanteur pourra apporter à la scène en général, retrouvant en lui des inspirations proches des origines du mouvement alliant le rap et le metal (Run DMC, Public Enemy, Anthrax pour ne citer qu’eux). Alors si vous cherchez un groupe et un album qui reprendrait le côté revendicatif de Ministry et de Rage Against The Machine tout en développant un style proche de Downset, Snot ou (hed)PE, jetez-vous sur "Here Come The Infidels".


Nico
Août 2016


Conclusion
Note : 15/20

L'interview : Robby J Fonts

Le site officiel : www.facebook.com/stuckmojo