Est-ce que vous connaissez le groupe de punk rock américain Strike Anywhere ? Non ? Et pourtant, je suis persuadé que vous l'avez déjà entendu quelque part. Bon, déjà, le nom est clair et sans détour, et on comprend tout de suite que du bon punk bien engagé se cache derrière ce concept, à la manière d'un Anti-Flag par exemple. Leur nom vient d'une chanson de l'ancien groupe du chanteur, Inquisition (rien à voir avec le black metal, promis). Au programme : des tempos bien rapides, de joyeuses mélodies entraînantes, et une voix qui chante souvent, crie rarement, nous séduit rapidement, de manière plutôt classique avec ce genre de groupe.

On saluera aussi un très joli palmarès musical, puisque Strike Anywhere a su être sélectionné dans trois jeux vidéo de la saga Tony Hawk, ainsi que de nombreuses compilations ("Punk Goes Acoustic", sorti sur Fearless Record en 2003, "Rock Against Bush, Vol. 1", sorti chez Fat Wreck Chords en 2004 etc...). Autant dire que depuis une vingtaine d'années, ces Américains sont omniprésents sur la scène punk. Après plus de dix ans d'absence, les voilà de retour avec un nouvel EP, intitulé "Nightmares Of The West", sorti sur Pure Noise Records (First Blood, Stick To Your Guns, All Shall Perish, Terror etc...). Autant être clair tout de suite : ceux qui ont l'habitude d'écouter du punk américain depuis les années 90 ne trouveront là aucune surprise. On reste assez éloigné des légendes du style comme Bad Religion, mais la musique proposée par Strike Anywhere flirtouille gentiment avec d'excellentes formations tout de même, comme No Use For A Name.

On sent ici aussi cette patte typiquement américaine. J'ai presque du mal à croire que Strike Anywhere vient de la côte Est, tant ça sonne californien (soleil, skate et bikini). En effet, chaque morceau se veut mélodique, composé de riffs qui tendent vers les aigus, avec quelques notes plus orientées fastpunk. Malgré ce beau côté, il faut admettre que chaque piste se ressemble et que les sept morceaux proposés se révèlent trop homogènes. L'ensemble sonne tout de même très propre et qualitatif, bien que j'ai vite eu la sensation d'entendre sept fois la même chanson. Même "Opener", cover de Blocko, ne se dégage pas du lot.

Finalement, Strike Anywhere offre une ode à l'anticapitalisme dans son ensemble, grâce à des textes très rentre-dedans et pas franchement conventionnels. Les paroles démontent la pseudo liberté made in America, le concept d'Etat Nation, les frontières et j'en passe. Un cri de colère bien nécessaire mais qui aurait sans doute mérité une musique plus recherchée.