Ambitieux de produire un metal fédérateur et accessible, Straight Line Stitch a pour but de réunir sous sa musique les aprioris "cusual" fans de hard rock et les "exigeants" fans de metal ; noble projet dans la mesure où ce préjugé décrit dans leur présentation Facebook est vrai… Ayant toujours œuvré plus ou moins dans un vague style hardcore en passant par le nu metal, leur univers sonore est en dents de scie, c’est-à-dire capable du brutal comme du plus niais. Est-ce la bonne solution pour plaire à tout le monde ?

Straight Line Stitch se définit lui-même comme un groupe typiquement calqué pour le live et dévoué à cette cause. Chose vraie et déjà prouvée étant donné la carrière et la discographie bien garnie des Américains. Tel un moulin à musiciens, Staight Line Stitch a vu passer un nombre incalculable de membres depuis 2000. Cependant, Alexis Brown reste toujours fidèle au poste de chanteuse. Véritable pilier du groupe et seul membre d’origine depuis longtemps, nous sommes curieux de voir comment la formation va aborder son nouvel EP.

L’écoute de "Transparency" passe comme une lettre à la poste. Quitte à se répéter, l’EP jouie d’une grande cohérence dans ses compositions. En effet, il doit notamment cette force à son dynamisme et à sa qualité d’exécution, mais certainement pas à son originalité ou sa créativité. En ce qui concerne le projet de faire de la musique fédératrice, ce sera encore remis à plus tard puisque la formation évolue sans équivoque à présent dans le metal mélodique moderne pur et simple relevé d’une petite pincée de groove à la sauce metalcore. Rien de bien dérangeant, bien au contraire, Straight Line Stitich le réalise parfaitement et certains riffs vous rappelleront sûrement les instants les plus heavy de la discographie de James Labrie (eh ouais, rien que ça !). En comparaison avec quelques titres passés, les morceaux ici sont plus apaisés et moins "beu-beu" qu’à l’accoutumée.

D’ailleurs côté chant, Alexis Brown envoie toujours autant de bois. Correcte tant en growl qu’en chant clair, cette dernière rend un travail satisfaisant. Malheureusement, Alexis Brown s’appuie uniquement sur son beau timbre de voix et stagne sur la même hauteur de note durant tout l’EP. Néanmoins, les parties claires semblent moins forcées et plus en adéquation avec les compositions actuelles. Apparemment, le sentiment de changer de groupe en plein milieu d’une chanson ne me revient pas à l’écoute de "Transparency". Bon, il faut avouer que la production a mis le paquet en background et sa voix demeure bien trafiquée.

Plus cohérent et réfléchi que certains titres antérieurs, l’EP "Transparency" doit être une bonne surprise pour les fans du Straight Line Stitch. Cependant, ces progrès ne cachent pas une musique désespérément plate et peu consistante. Je suggèrerais de laisser davantage de place aux autres musiciens qui ont l’air d’en avoir encore sous le coude. Toute la musique tourne autour d’Alexis Brown, artiste correcte, mais loin d’être transcendante. Parfaitement en phase avec leur objectif, ce matériel est suffisant pour faire une nouvelle tournée des clubs et ouvertures de festivals aux USA.

"The Fight Of Our Lives"
Note : 16,5/20

On peut dire qu’il est féroce l’artwork de "The Fight Of Our Lives", dernier album en date de Straight Line Stitch. Pas de sang mais un beau corbeau barbarisé dans une ambiance assez militaire. L’album entre en scène avec "Tear Down The Sky" qui dresse devant vous une muraille de brutalité soutenue par un son imposant et très moderne. La charmante Alexis Brown délivre des cris à en faire pâlir ses homologues couillus et auxquels je trouve d’ailleurs d’agréables consonances hardcore.

"Conversion" prend la suite toujours avec cette forte intensité. On repère rapidement la structure couplets hurlés / refrain chantés qui n’est pas désagréable en soi mais qui devient prévisible et c’est peut-être un des points faibles de cette galette. Les riffs de guitares sont riches et la batterie n’est pas du genre à bouder sa double pédale sans pour autant couvrir le tout et c’est là qu’on prend conscience du travail qui a été fait sur la post-production. Malgré un effort toujours important sur "Laughing In The Rearview" on a affaire à un refrain à la dynamique un peu plus "pop". N’en déplaise à certains le ton plutôt enjoué, déstabilisant de prime abord, apporte un peu de fraîcheur et c’est finalement très agréable. On repart sur des sonorités mielleuses grâce à "Cold Front", titre quasiment entièrement chanté, pour rafraîchir nos conduits auditifs. J’ai presque envie de dire que ce morceau pourrait toucher un public bien plus large que celui des amateurs de metal en tout genre. Dans le même esprit on trouve un peu plus tard "Never Surrender" qui apaise, c’est à en pas douter, mais peut-être qu’un seul titre dans ce style aurait suffit. A débattre. On s’attendrit, on s’attendrit mais "No Tomorrow" nous remet dans le droit chemin en nous bottant l’arrière train avec la lourde efficacité de certains des morceaux précédents. La sulfateuse se met en route avec "Bar Room Brawl", plus rapide, il distille un carnage auditif "zombiesque" (néologisme désormais déposé !) et rappelez-vous, il faut viser la tête ! A mon avis le morceau à écouter en boucle. Les murmures de "One Reason" ne sont pas pour améliorer l’ambiance, heureusement qu’il y a toujours cette voix féminine assurée et rassurante ! Bon morceau en somme. La basse vous tabasse de ses vibrations sur "Living Dead" et c’est musicalement très intéressant dommage que vocalement on commence à avoir l’impression d’avoir fait le tour. Retour d’un souffle puissant via "Sound Of Silence" et on retrouve une valeur que nous partageons tous, celle du "ça envoie sévère !". En plus de ça c’est très propre, moderne et recherché. "The Fight Of Our Lives" se clôt sur une troisième "ballade" intitulée "Ashes In The Wind" et c’est vraiment ma déception sur cet album, les trois titres plus calmes que le reste. Un seul aurait probablement suffit.

Néanmoins, fort de ses compositions riches, de sa voix d’ange ou de démon, et d’un son plein et puissant me voilà obligé de vous conseiller de découvrir cet album sur votre meilleur matos le volume à fond les ballons ! Amateurs de douceur sur fond de brutalité (ou l’inverse), régalez-vous !

Kévin Avril 2011