Le groupe
Biographie :

Stortregn est un groupe suisse de black / death metal formé en 2005, et actuellement composé de cinq membres : Romain (chanteur / guitariste), Johan (guitariste lead / acoustique), Sam (batteur), Duran (guitariste) et Manu (bassiste). Aux influences nordiques, dans la lignée des Dissection, Naglfar, Watain, Necrophobic, etc…, Stortregn est devenu un incontournable de la scène black / death en Suisse romande, très apprécié pour ses prestations scèniques et musicales. Le groupe a toujours su rivaliser avec les grandes têtes d'affiches aux côtés desquelles il a partagé la scène telles que Samael, Prostitute Disfigurment, Cor Scorpii, Forgotten Tomb, Infernal War, Christ Agony, Unlight, Eluveitie, Otargos, Dew Scented, Furia, Absurdity, The CNK. Le groupe sort sa première démo en 2007 suivie d’un EP en 2008 nommé "Devoured By Oblivion" qui lui vaudra de bonnes critiques. Après une belle tournée à Cuba, Stortregn sort son premier album "Uncreation" en Juin 2011 sur le label Great Dane Records. Leur deuxième album, "Evocation Of Light", sort pendant l'été 2013. "Singularity" sort en Mai 2016 chez Non Serviam Records, suivi de "Emptiness Fills The Void" en Mai 2018. "Impermanence" sort en Mars 2021 chez The Artisan Era. "Finitude" sort en Octobre 2023.

Discographie :

2008 : "Devoured By Oblivion" (EP)
2011 : "Uncreation"
2013 : "Evocation Of Light"
2016 : "Singularity"
2018 : "Emptiness Fills The Void"
2021 : "Impermanence"
2023 : "Finitude"


Les chroniques


"Finitude"
Note : 17/20

Si les Suisses de Sotrtregn ont commencé par produire un black / death metal inspiré par Sacramentum et Dissection à leurs débuts? ils ont fini par proposer un mélange plus personnel et plus particulier sur leurs derniers albums. On y retrouve toujours les sonorités en question mais mélangées à des influences issues du death technique, ce que propose donc une nouvelle fois le sixième album du groupe "Finitude".

Le morceau-titre qui ouvre l'album en profite d'ailleurs pour monter d'un cran en brutalité et nous fait entendre un Stortregn assez énervé et frontal. Le seul morceau de l'album a n'atteindre que les trois minutes là où tous les autres en font à peu près le double, ce qui en fait une ouverture d'album on ne peut plus directe. Pourtant, quelques plans plus techniques se glissent déjà et un break jazzy et mélodique débarque en plein milieu des rafales de blasts pour nous finir sur des mélodies néoclassiques. "A Lost Battle Rages On" pousse déjà le bouchon plus loin avec des structures qui changent beaucoup dès le début du morceau, des cassures rythmiques dans tous les sens et pas mal de ruptures de ton qui nous font passer du black / death mélodique au death technique en repassant par le néoclassique sans oublier de grosses rafales de blasts qui rendent tout ça encore plus intense. Le sens mélodique du groupe lui permet de balancer ce genre de morceaux de plus de six minutes très riches sans jamais nous perdre en route. On n'a jamais l'impression d'être face à une jam alors que la musique du groupe passe d'un registre à l'autre sans prévenir, ce qui confirme que Stortregn travaille ses morceaux et garde l'efficacité en tête malgré la complexité de sa musique. Plus le temps passe plus cette dernière prend de la profondeur et en richesse, les sonorités utilisées sont de plus en plus nombreuses et mélanger harmonieusement tout ça doit demander un minimum de travail. "Xeno Chaos" part sur quelque chose de plus accrocheur, direct, voire même groovy tout en gardant cette couche de technique et de complexité qui crée un contraste intéressant et contribue grandement à la personnalité du groupe.

Pas mal de sonorités latines, presque flamenco, se font entendre au milieu de ces riffs frontaux et de ces blasts en série. Une bonne surprise qui confirme que le groupe ne se contente pas de sortir de vieilles recettes malgré son amour pour la scène extrême des années 90. Cela nourrit ses compositions mais il y amène d'autres influences et on sent une envie de ne pas se poser de barrières depuis quelques albums, de sortir du carcan du metal typique et de se foutre des codes. On est loin de l'expérimental mais il y a une volonté de créer quelque chose de personnel, de mélanger des sonorités venant d'horizons à priori très différents sans se demander si ce sera bien accepté ou non. Et toujours cette efficacité et cette accroche dans les mélodies qui permet de nous emmener facilement dans son délire, à nous faire headbanguer ou taper du pied, ce qui est toujours surprenant vu la complexité de la bête ! Toujours prêt à nous prendre à contre-pied, Stortregn balance ensuite "Cold Void" dont les riffs se font plus puissants, l'ambiance plus sombre et le rythme toujours aussi frénétique. On peut sentir une pointe d'Obscura dans certains passages avec le même caractère stellaire de certaines mélodies. Quelques petits détails confirment encore le soin qu'apporte le groupe à sa musique, comme cette basse blindée de distorsion proche de la saturation qui se fait entendre pour appuyer encore l'ambiance plus menaçante et froide. Cela n'a l'air de rien mais ça contribue à appuyer le propos, à amener une ambiance particulière, tout comme les nombreuses parties acoustiques qui parsèment ce nouvel album.

Stortregn revient donc en forme avec un nouvel album varié et très efficace malgré une certaine complexité. "Finitude" reprend les éléments des précédents albums et les pousse encore un cran plus loin avec des parties acoustiques, techniques, brutales et un sens de l'accroche mélodique qui fait que tout ça reste suffisamment direct.


Murderworks
Décembre 2023




"Impermanence"
Note : 19/20

L’attente a pris fin, Stortregn est de retour. Créé en 2005 sous le nom de Divine's Smile puis Addict Repulsion en Suisse, le groupe mené par Romain Negro (guitare jusqu’en 2016 / chant) et Johan Smith (guitare) nous propose aujourd’hui "Impermanence", son cinquième album. Le line-up est complété par Samuel Jakubec (batterie, Hypocras), Duran K. Bathija (basse jusqu’en 2016 puis guitare) et Manuel Barrios (basse, Brokenhead).

La tornade sonore prend vie en deux temps. La première étape est ce magnifique artwork du peintre Paolo Girardi (Forgotten Tomb, Armageddon, Firespawn, Inquisition, Hooded Menace…), et la deuxième est l’introduction mélancolique de "Ghosts Of The Past". La tempête se prépare au loin, et l’instrumentale la fera grandir peu à peu avant de soudainement exploser, nous offrant les hurlements du vocaliste, en duo avec Alessia Mercado sur des riffs sombres et tranchants. Les mélodies puissantes et épiques continuent sur "Moon, Sun, Stars", un morceau à l’ambiance pesante. Cette rythmique imposante laisse aux leads et au chant une place importante, et cette alliance obscure nous écrase sans mal. Le groupe est rejoint par Merlin Bogado (anciennement guitariste live) pour "Cosmos Eater", un morceau à la fois complexe et solide, qui nous propose une rafale de leads couplée à une rythmique imposante, puis la courte "Impermanence" vient calmer le jeu. Les sonorités prog se mêlent à une rage instrumentale intense, puis quelques grognements nous annoncent l’arrivée de "Grand Nexion Abyss".

Outre l’aspect martial de la composition, le son joue sur un couplage entre ces leads épiques transperçants et une agressivité imposante, pour un mélange saisissant. Après une avalanche de leads envoûtante, le final laisse place à "Multilayered Chaos", un titre captivant aux sonorités sombres et pourtant entraînantes. Les nombreuses harmoniques perçantes s’apaisent pour un break au son clair reposant avant l’assaut final. Le groupe enchaîne immédiatement avec "Timeless Splendor", un morceau énergique qui compte à nouveau sur une grande quantité de leads, auxquels s’ajoutent cette base massive et ces influences prog qui teintent de plus en plus la musique de groupe. L’album se termine sur "Nénie", un morceau qui garde la recette des titres précédents avec des hurlements en français effrayants, nous donnant une atmosphère apocalyptique. La composition joue sur le contraste entre une rythmique à la voix sombre et des leads aériens, qui volent jusqu’à la dernière seconde.

Stortregn avait déjà placé la barre très haut avec son précédent album, mais "Impermanence" a clairement dépassé mes attentes. Le groupe nous propose des mélodies prenantes, une ambiance épique et apocalyptique, doublée par des hurlements viscéraux, et ce mélange donne vie à ses compositions.


Matthieu
Mars 2021




"Emptiness Fills The Void"
Note : 17/20

Si pour vous la Suisse se résume aux chocolats et à la non-participation aux deux Guerres Mondiales, eh bien vous allez être surpris par la puissance dégagée par Stortregn. Depuis 2006 (ou même 2005 si on compte la création en tant que Divine’s Smile puis Addict Repulsion), les membres du groupe mêlent black et death metal pour un résultat très mélodique. Si le groupe a connu de nombreux changements de line-up, Romain Negro (guitare / chant puis chant depuis 2016) et Johan Smith (guitare), les fondateurs, se sont entourés de Samuel Jakubec (batterie), Duran K Bathija (basse puis guitare) et Manuel Barrios (basse) pour sortir "Emptiness Fills The Void", le quatrième album du combo. Depuis la première démo, le chemin parcouru est énorme, mais la volonté est intacte, et ça se ressent.

L’album débute sur "Through The Dark Gates" et son introduction acoustique planante qui amène rapidement des riffs plus puissants, ainsi qu’un hurlement intense. Que ce soit un scream perçant ou un growl caverneux, la voix de Romain colle parfaitement à la rythmique torturée et bourrée d’harmoniques menée par la guitare lead de Johan. Le son clair revient, puis repart avant de laisser la place à "Circular Infinity" et son blast ininterrompu. Flirtant avec un son psychédélique, les guitares se reposent sur le duo basse / batterie pour tenir une rythmique solide, et se permettent des coups d’harmoniques sensationnels. Et c’est également sur cette méthode que le groupe a composé "The Forge", avec des guitares parfois ultra rapides, parfois dissonantes. Mais Stortregn ne compte pas s’arrêter là en ajoutant un solo épique à cette composition déjà hypnotique.

Et c’est également la dissonance qui règne sur "Nonexistence", le titre suivant. Tout en prenant de la vitesse, les musiciens débitent un véritable torrent d’harmoniques alors que le chanteur s’égosille en montant sa voix autant qu’il le peut. "The Chasm Of Eternity", un interlude musical, montre que les Suisses n’ont pas besoin d’aller vite pour produire des compositions de qualité, et que la distorsion ne fait tout, même dans le metal. Mais rassurez-vous, "Lawless" reprendra à la fois le son saturé et la vitesse que l’on aime dans les compositions du combo. Ajoutez à cela un soupçon de pagan metal et la composition prendra une toute autre dimension tout en restant dans un registre épique.

Retour du son clair hypnotique pour "The Eclipsist" et c’est une guitare lead particulièrement chiadée que les Suisses mettent en avant pour un voyage au sein de l’immensité des riffs hurlants du groupe. Fermer les yeux sur cette composition, ainsi que sur la suivante, "Shattered Universe" est un pur bonheur. Vous pourrez alors vous laisser submerger par la batterie ainsi que par le flot de notes qui ne ralentit pas. Le dernier titre, "Children Of The Obsidian Light", se permet une introduction particulièrement inquiétante. La voix samplée ajoute un aspect distant à cette composition qui n’a rien à envier aux maîtres du death ou black mélodique scandinave, puisque le tout est extrêmement cohérent et surtout diablement efficace. Alors que l’on pense la chanson terminée, la rythmique repart de plus belle pour nous faire rêver une dernière fois.

Mêlant efficacement un black / death mélodique avec quelques influences symphoniques voire folk, Stortregn augmente d’un cran le niveau pour quiconque veut se lancer dans cette voie. Dignes successeurs de groupes adulés comme Wintersun ou Equilibrium, le son du groupe est déjà bien défini après seulement une dizaine d’années d’existence, et la cohésion entre les membres donne d’excellents résultats.


Matthieu
Juillet 2018




"Singularity"
Note : 16/20

Si je vous parle de froid, de ténèbres, de brouillard et d'aurore boréale, vous allez sûrement penser à un bon groupe de black metal Suédois, ou quelque chose qui s'en approche. Perdu. Direction la destination préférée de nos hommes politiques et des patrons : la Suisse ! Voici Stortregn, que j'ai autant de mal à écrire qu'à prononcer à voix haute mais qui va vite réussir à me faire oublier ce petit détail. Après une dizaine d'années d'existence, "Singularity"est leur troisième album, sorti chez Non Serviam Records (Neolith, Invoker, Golden Dawn, Darkend, Griffar...). Nos amis de Genève n'ont absolument rien à envier à de nombreux groupes Scandinaves qui officient également dans la catégorie blackened death.

Même si la comparaison avec des formations comme Dissection ou Thulcandra est flagrante, on ne peut définitivement pas se limiter à cela. D'ailleurs, les premiers groupes qui me sont venus à l'esprit en écoutant Stortregn sont plutôt des légendes à succès, du type Behemoth, Anaal Nathrakh, Dawn of Azazel ou encore Belphegor. En fait, Stortregn ne se contente pas de nous tirer vers le bas monde des enfers où l'on égorge des chèvres et on masturbe des vierges avec un crucifix. Même si le style est vraiment différent, il y a un petit côté Amon Amarth qui m'illumine les yeux lorsque j'écoute cet album. En effet, à la manière des vikings les plus célèbres de la terre plate, Stortregn réussit à mêler une atmosphère lugubre à de gros riffs terriblement lourds et imposants.

Prenons une piste au hasard, comme "Omega Rising" par exemple. Sur le même morceau, on a des passages plus mélodiques, franchement réussis et qui nous transportent bien dans l'univers du groupe. Et là, tout à coup, s'en suit un déferlement de blasts, des hurlements stridents qui tapent le crâne avec un marteau et voilà, c'est l'hécatombe. Stortregn sait aussi nous offrir quelques moments de répit, qui loin de faire tâche d'huile viennent nous calmer un peu avant de nous achever comme il se doit ("Elegy").

Bref, vous l'aurez compris, même si le blackened death n'est pas mon plat préféré, j'ai réussi à me régaler grâce à cet album qui ne révolutionne peut-être pas le genre mais qui délivre exactement ce que l'on est en droit d'attendre de la part de nos camarades du pays de l'emmental.


Grouge
Juillet 2016




"Evocation Of Light"
Note : 17,58/20

Stortregn est aujourd'hui un des groupes qui représentent le mieux le black / death mélodique dans tout sa splendeur. Les Suisses ont su avec seulement deux albums, apporter de la fraîcheur dans un style qui n'en avait pas particulièrement besoin. Si la jeunesse du groupe avait pu être considérée comme un handicap, ne permettant pas un recul ou une maturité suffisante afin d'avoir une bonne vision réfléchie de ce que pourrait être leur musique, c'était sans compter sur le talent indéniable de ses musiciens... En effet, le premier album "Uncreation", sorti deux ans plus tôt, présentait déjà les caractéristiques d'un groupe incontournable en devenir. On pouvait les trouver porteurs de tous les ingrédients intellectuels, matériels et visuels nécessaires pour offrir à un public aujourd'hui frileux, paresseux de découvertes et apathique voire totalement amorphe, la possibilité de sortir définitivement de sa torpeur.

Et ce "Evocation Of Light" est un album dix mille fois supérieur à ce qui avait pu être écrit sur "Uncreation". Ce qui implique indubitablement qu'avoir raté le premier était déjà une énorme lacune (personne ne peut connaître toute la scène j'en conviens), mais passer à côté de celui-ci est inadmissible pour qui apprécie véritablement le black / death mélodique. Personne n'ira dire que Stortregn possède la pierre philosophale (en son sens le plus métaphorique, bien que l'on parle malgré tout de metal), mais le black / death mélodique qu'ils ont su créer sur ce second album, est digne des plus grands noms. Si l'artwork réalisé par Kristian "Nekrolord" Wählin, nous rappelle facilement les couleurs du dernier Aeon, c'est surtout un hommage à celles d'une époque aujourd'hui révolue ; Une époque où l'on admirait les "Secrets Of The Black Arts" (1996) de Dark Funeral, "In The Nightside Eclipse"(1994) de Emperor, "Far Away From The Sun" (1996) de Sacramentum et bien évidemment "The Somberlain" (1993) et "Storm Of The Light's Bane" (1995) de Dissection. Car c'est bien de ceux-là dont il s'agit chez Stortregn. Leur musique s'inspire fortement de la mélodie d'un Dissection, et ce avec honneur et qualité, tout en puisant la manière d'écrire son black death dans des racines norvégiennes et suédoises, Emperor, Sacramentum ou même Vinterland n'y étant pas pour rien dans l'histoire...

C'est de l'art, savoir s'inspirer sans plagier. Bien que par moments et l'on pourrait citer "Inner Black Flame" ou "Between Shadow And Soul" en exemple, certains riffs ressemblent un peu à un "Where Dead Angels Lie" de Dissection. Après personne n'est parfait il paraît. L'important c'est que Stortregn arrive à nous donner le grand frisson avec cet album. Un album qui, bien qu'en proposant neuf titres, ne fait que quarante minutes. Ni trop long, ni trop court ce "Evocation Of Light" est taillé pile-poil pour briller d'une durée suffisante qui emprisonne l'auditeur tout au long de l'écoute. Les accélérations et les thèmes restent très sombres, mais toujours effrénés, on a la sensation de courir sur le tempo de mélodies épiques qui passent vraiment bien. Bien sûr que le style est plus ou moins situé dans la deuxième partie des années 90, mais Stortregn donne tellement de cœur dans sa musique qu'elle transcende totalement. Les passages acoustiques sont d'une beauté infinie...

L'avantage de composer des chansons qui se situent entre deux mondes, je parle bien sûr du black mélodique et du death mélodique, c'est que lorsque Stortregn lâche la bride de son black, il vient à se promener sur des terres d'un death melodique très suédois, mais toujours dans l'idée de ce qui se faisait dans les 90. Sur "Epitaph - An Evocation Of Light", et autres "Moonshade", la mélancolie, appuyée de la voix de Romain (très Mikael Stanne par moments) nous font toucher du doigt la période "Skydancer", "The Gallery", "The Mind'I" de Dark Tranquillity, et autres In Flames des débuts. C'est pour cela que Stortregn est efficient. C'est un groupe qui nous replonge rapidement et nostalgiquement dans un savoir faire qui n'existe plus et qui amène neuf titres excellents, sans aucun temps mort, avec des aérations poétiques mises en avant par des introductions acoustiques, et même par des morceaux instrumentaux, très courts, il faut en convenir (comme "A Mournful Saraband"), qui pèsent lourd dans la balance de l'onde de choc sur l'auditeur. On s'envole et on n'arrête pas d'aller plus loin au fur et à mesure de l'écoute, "So Much Dust" est un chef d'oeuvre de lyrisme, et "The Call" assène le coup de grâce. Enregistré, mixé et masterisé en 2012 par Vladimir Cochet, c'est avec la puissance des grands que la production de cet album se révèle.

Nulle envie d'écrire trop de choses inutiles qui de toute façon n'atteindront jamais la qualité descriptive que l'on pourrait espérer pour parler de la beauté d'un tel album. S'il était sorti en 1995, il y a longtemps que cet album serait sur les lèvres de tout le monde, parce que c'est un véritable joyau. Non pas parce qu'en 2013 on se sente blasé de toutes choses, mais principalement parce que le risque de se noyer dans la masse est grand, alors si deux personnes ont lu cette chronique, si ces deux mêmes personnes font l'effort d'aller écouter l'album de Stortregn, que ces deux mêmes personnes, mettent la main à la poche, en se privant d'un pack de houblon pour une semaine, alors le pari sera gagné. "Evocation Of Light" est un album qui s'écoute avec l'oreille interne pour prendre la véritable mesure de sa valeur...


Arch Gros Barbare
Octobre 2013




"Uncreation"
Note : 15,5/20

…De toutes les façons, chroniquer un album de chez Great Dane, c'est plutôt facile, car quitte à être qualifié de "vendu", chez ce label, les chroniques seront toujours positives, car ils savent chasser le talent avant la chasse aux euros. Oui, car, il est possible que l'écurie de chez Great Dane n'ait pas la valeur marchande de celles d'autres labels plus conséquents, qu'ils soient Français ou étrangers, mais une chose est certaine : chaque sortie de ce label ne déçoit jamais.

Aujourd'hui c'est au tour des Suisses de Sortregn d'être à l'honneur. Et indépendamment du label, les groupes suisses ont toujours eu bonne réputation, dans tous les courants metal, il n'y a qu'à écouter Samael, Coroner, Shakra, ou encore Babylon Sad, Mordor, Xerxes, Sadness pour les plus underground. Avec une discographie aussi longue que la portée d'un micropénis, Stortregn en l'espace de quatre ou cinq ans, étoffe petit à petit son patrimoine. C'est ainsi que forts d'une démo, et d'un EP, voici maintenant leur premier album. Les Suisses ont toujours eu cette étiquette qui leur colle à la peau depuis la deuxième guerre mondiale, celle d'être neutre, mais leur black / death plutôt bien branlé, ne laisse pas indifférent , la neutralité n'est pas de mise, puisqu'on adhère plutôt facilement à la petite demi-heure qu'ils nous offrent en l'espace de huit titres.

Effectivement, à peine trente deux minutes, ça peut ne pas sembler très opportun pour un premier album, mais finalement c'est assez bien dosé, pour capter l'attention de l'auditeur. Leur style se classe relativement rapidement et on les entre volontiers dans le monde du black / death metal mélodique. C'est d'ailleurs vrai dès "The Eye Of Judgement", puisque "IV" n'étant qu'une introduction classique. Et donc, ce premier titre à la capacité de mettre nos oreilles en émoi, avec un genre de mix entre un death mélodique des 90's, l'époque où Dark Tranquillity laissait plus libre cours à des mélodies mélancoliques dans les lead guitares. C'est donc plus du côté scandinave que se situe l'influence de Stortregn et on se revoit écoutant des groupes tels que A Canorous Quintet, Gates Of Ishtar, ou encore des choses à la Ablaze My Sorrow et Dissection. Une forte tendance à écrire des rythmiques effrénées tout au long de l'album sans jamais enlever la place , la grosse place qui est réservée à la mélodie mélancolique. C'est pour cela que "Uncreation", arrive, sans créer la surprise pour autant, à séduire l'auditeur très facilement, parce que la noirceur des morceaux donne de l'amplitude aux mélodies, c'est ce côté black, de leur black / death qui permet aux morceaux de nous entourer plus facilement. En plus de cela la voix de Romain, qui est doublée et travaillée dans les moindres retranchements de timbre pour accroitre le côté malsain, permet de bien mettre en exergue l'accroche de leur musique.

On retrouve ces moments magiques de black / death mélodique de la grande époque, celle où l'on cherchait encore à surprendre dans les mélodies, où l'on cherchait à faire plaisir aux oreilles, pas tant dans la technique, mais plus dans la cohésion des morceaux et du voyage qu'ils peuvent nous proposer. Le fait que les titres soient courts, annule tout sentiment de lassitude, on est bringuebalé entre les mélodies de "Without Return" et l'agressivité, voire la violence, de certains morceaux comme "The Uncreation". Cette noirceur que peuvent avoir de tels morceaux en donnerait presque des frissons. C'est bien écrit, c'est maitrisé, c'est mélodieux, et c'est aussi bien produit parce que c'est très propre au niveau du son. Ce premier album est une réussite musicale dans sa globalité ; une chanson comme l'instrumentale "Road To The Land Of Thule" reste en tête aisément, tellement le fil conducteur se compose d'or et de diamant. C'est appréciable de voir encore qu'aujourd'hui des musiciens préfèrent mettre en avant la mélodie plus que la technique à outrance. Et "Uncreation" n'a pas à rougir de ces aînés, il peut siéger fièrement sur votre étagère, avec une mention très bien.


Arch Gros Barbare
Septembre 2011


Conclusion
L'interview : Duran Bathija & Romain Negro

Le site officiel : www.stortregn.com