La chronique d’un CD se présente généralement sous la forme d’un développement précis et rigoureux qui aboutit à une conclusion personnelle sur le ressenti de l’album. Je ferais abstraction de cette méthode tant l’objet en question nécessite un traitement à part. Je commencerais donc par un conseil des plus sérieux, COURREZ ACHETER CE PUTAIN D’ALBUM ! Car ce que Stoneghost nous propose n’est pas loin de ressembler à une encyclopédie du genre tout en évitant soigneusement l’aspect fourre-tout. Jamais un album n’a porté aussi judicieusement son nom que "New Age Of Old Ways" tant les Anglais ont choisi de retourner aux origines d’un genre qui a du mal à se renouveler (à quelques exceptions près). En y insufflant une vitalité pleine de modernité, que dis-je, une originalité d’une rare maturité, ce premier effort aura mis 8 ans à arriver dans les bacs… Révélation !

Influencé par Sabbath, Led Zepp, Pantera, Soundgarden ou encore Gojira, Stoneghost évolue donc dans un genre non-identifiable ; là est le grand intérêt d’un groupe dont la particularité est de s’être fait connaître en live sans album à proposer. En témoignent leurs remarquables et remarquées prestations à Bloodstock en 2009, au Wacken Open Air ou encore au Hammer en 2012. Cette énergie scénique transpire dans l’album qui a en outre bénéficié du savoir-faire de Russ Russel derrière les consoles (Napalm Death, Dimmu Borgir, Evile…) ; ce qui explique également les nombreux changements sonores au sein d’une même chanson. A noter le magnifique artwork réalisé par Smith himself, dont l’activité première est… tatoueur

Onze titres donc, diversifiés et riches en influences : "Faceless Ghost" au son massif, surtout à la batterie (remarquable Criss Finniss), des riffs persistants, un chant hurlé à la limite du thrash, une entrée en matière simple et sans concession. "Devil’s Motion" et son intro particulièrement groovy (la touche Andrew Matthews), débouchant sur une sauvagerie sonore racleuse à souhait nous rappelle un Machine Head croisant le fer avec Infectious Grooves. "All They Need Is The Light" et son mid-tempo massif nous fait penser à du Pantera avant qu’une profondeur insistante dans la voix ne nous renvoie au "Vacuity" de Gojira. Jouissif au possible. "Second To Breathe" présente également une structure mid-tempo mais en plus déstructurée, une alternance entre chant clair / nasillard et hurlé / growlé, une rythmique rock free jazz saccadée donnant un côté psyché qui me fait clairement penser à un croisement du "Oblivion" de Mastodon et du "Revolve" des Melvins, la basse lourde en plus (Jamie Nash omniprésent). "The Sound Remains" nous propose une ouverture speed et catchy, un refrain saccadé à trois niveaux sur un phrasé patiné "skate punk" ; bref un une succession d’uppercuts sur des solos guitare teintés rock sudiste. "Raynardine" nous offre une basse massive, une batterie à la caisse de résonnance très appuyée, entre le heavy et le thrash tandis que "Sleeper" débute sur une longue intro lourde faisant penser au "Tonight We Murder" de Ministry, avant d’enchaîner sur une explosion chant clair nasillard. "Your Trigger, My Finger" mélange une base thrash et une rythmique très Static-X, un chant parfois death et des solos de guitare très psyché. "Third Degree" ressemble au "Fall Guy" de Rollins Band tandis que "Let Sleeping Beasts Lie" s’appuie sur une mélodie country évoquant par ses aspects certains titres de Soundgarden époque "Black Hole The Sun". "Mother Of All Bastards" clôture l’album sur une note très speed & core, avec un chant scream. A noter que le son baisse totalement à partir de 4 min 30 pour reprendre à 6 min 10.

Une spécificité à l’image de la construction de cet album présenté il y a deux ans, sous forme de démo avec une cover différente mais tout aussi soignée, surprenant et imaginatif. Un must-have à posséder d’urgence à partir du 27 Avril 2015.