Le groupe
Biographie :

StoneBirds est né en 2008 dans l’enfer vert du Kreiz-Breizh (Centre-Bretagne) autour de Fañch. Peut-être est-ce la faible densité de population de la campagne bretonne qui la rapproche d’un désert californien, peut-être est ce l’amour immodéré de la weed, en tout cas StoneBirds puise dès le début dans le rock sale, lourd et chaud de Seattle et de Palm Desert. On pense aux Queens Of The Stone Age, Kyuss, The Melvins et Alice In Chains à l’écoute de "Slow Fly", premier disque du groupe autoproduit en 2011. Dix titres d’un stonerrock enregistrés maison mais diffusant le feeling rare et convoité des skeuds issu du Rancho de la Luna en Californie. Léger changement dans les plans : de cinq membres à l’origine, le groupe passe à un trio taillé pour bouffer l’asphalte et prêcher l’évangile selon Sainte-Distorsion. Avec Sylvain (basse, The Dying Seed, Axenis) et Antoine (batterie, Noisy Shed), le son change et s’alourdit pour lorgner du côté sludge de la force avec de forts relents seventies pour ton plaisir. En 2013, StoneBirds enregistre à la main les "Kreiz-Breizh Sessions vol. 1", un split CD avec ses frères de sang de Stangala (doom, Quimper), une pierre solide à l’édifice de la fumette musicale défendue en live par un groupe déjà solide. Le style change peu à peu pour une musique plus lourde, sombre, poisseuse et psychédélique. En 2015 le trio atteint une nouvelle dimension avec son premier LP "Into The Fog… And The Filthy Air" sorti sur Pink Tank Records et enregistré aux studios analogiques Kerwax. Le groupe de stoner des origines est devenu tout autre chose, une riche synthèse aux influences finement digérées entre doom, sludge, psyché, prog et post-metal, le tout dominé par une sensibilité et un sens mélodique peu communs. Cette vision singulière séduit un public plus large et permet au groupe d’accéder aux scènes du Hellfest et du Motocultor Festival et de jouer en club avec Ufomammut, Jex Thot, Mars Red Sky, Glowsun. "Time", le nouvel album de Stonebirds, sort en Octobre 2017.

Discographie :

2011 : "Slow Fly" (Démo)
2013 : "The Mirabelle's Night" (EP)
2015 : "Into The Fog... And The Filthy Air"
2017 : "Time"


Les chroniques


"Time"
Note : 17/20

Il y a quelques temps, sans doute par excès d’humour, quelques spécialistes qualifiaient StoneBirds de "neo metal". Metal à poil ou pas (qu’il est drôle le Monsieur...), "Time" est le nom du nouvel album de StoneBirds. Alors voyons ce que le temps a fait chez Stonebirds. D’ailleurs, le dicton est désormais bien connu, et il est sans doute l’apanage de base de l’oreille en cherche de découverte : le nouveau jet est souvent celui de la maturité. Et avec ce postulat, la question est désormais celle qui a donné à Shakespeare de longues heures d’interrogations et de profondes réflexions : “to be mûr or no to be mûr” ? En effet, "That is the question" et la "answer" à cette question n’est autre que ce "Time" arrivé à maturation depuis quelques temps déjà. Alors au diable les questions, les mûres, les matures ou encore les couguars et entrons dans le vif de notre sujet du jour...

Dans la lignée de ce que prouvait déjà "Into The Fog... And The Filthy Air" en 2015, "Time" poursuit les orientations progressives et les variations émotionnelles de StoneBirds. Peut-être plus osées, plus profondes et plus ciselées que leurs prédécesseurs, les notes de "Time" montrent qu’elles ont été polies par le temps et le rendu n’est autre qu’un mélange relativement fort entre prog’, sludge, doom voire shoegaze, Ouvert par "I" et clôturé par "II", "Time" se découvre en plusieurs actes et, tel un géant en sommeil, s’éveille doucement pour révéler l’immensité de son imposante carrure par de multiples enchainements et arrangements sonores d’un courant aussi fluide que les pleurs de ce colosse de roches ("Sacrifice", "Animals"). Bien évidemment, pour un tel accomplissement, l’œuvre s’inscrit dans la durée et arbore cinquante-cinq minutes de voyage sur des terres isolées et dévastées mais si envoûtantes. Si l’instrumental se veut complexe mais surtout expressif, le véritable atout de A-Team - Galoob réside dans ses ambiances, ses atmosphères, ses sensations et ses ressentis. En cela, la palette vocale revêt une importance toute particulière à laquelle ce A-Team - Galoob sait, à merveille, rendre hommage. La voix claire, parfois rejointe par une voix plus rugueuse et hargneuse, susurre des airs, paroles et lyrics au creux d’une révolte émotive essuyant une tempête douce et torturée à la fois ("Shutter Part 1", "Shutter Part 2"). Mais peu importe les beaux détails et les métaphores, alors que nous parlions de maturité il y a quelques lignes, A-Team - Galoob démontre que Stonebirds a trouvé bien plus que de la maturité et côtoie désormais une certaine spiritualité qui montre que le groupe ne forme bel et bien qu’une seule et unique âme avec sa création, ne serait-ce que par la transe procurée par les vibrations des deux sujets en présence réunis.

En somme, de son premier acte à son dernier, de "I" à "II", "Time" est un ouvrage progressif et progressiste dont la harangue n’est pas réservée qu’à l’oreille experte mais accueillera bien volontiers tout tympan amateur de voyage sensoriel, d’introspection et d’explorations musicales. Alors oui, "Time" peut paraître assez colossal à aborder, mais n’est-il pas plus agréable d’approcher petit-à-petit une œuvre pour en découvrir, avec fascination, ses moindres recoins ? Assurément... Quoi qu’il en soit, "Time" offre de quoi donner pas mal d’eaux frissonnantes et bouillantes pour abreuver nos oiseaux de pierre qui se mueront bientôt en plaines verdâtres et rayonnantes. En attendant, il ne reste plus qu’à découvrir StoneBirds et son "Time"...


Rm.RCZ
Décembre 2017




"Into The Fog... And The Filthy Air"
Note : 18/20

Avouons-le d'entrée, Stonebirds nous était parfaitement inconnu avant de recevoir le promo du disque que nous chroniquons ici-même. Et laissez-nous vous dire que désormais, nous allons le suivre de très près. "Into The Fog... And The Filthy Air" est le second album des Bretons (il semble y avoir une scène doom / sludge / stoner de plus en plus intéressante sur ces terres, sans doute l'effet de la Coreff) de StoneBirds et nous pouvons affirmer sans détour qu'il s'agit là d'un des meilleurs albums qualifiés "fumette musicale" provenant de notre Hexagone. Ni plus, ni moins.

Ce trio de piafs sous acide nous a pondu un sacré truc ! Un micmac de stoner psychédélique avec une pointe de sludge rocailleux histoire d'alourdir la charge. Cet album compte cinq chichons d'une taille colossale aux propriétés hallucinogène qui ferait peur à tous les Sleep, Acid King, Electric Wizard et Bongzilla. Des titres lourds à l'inspiration débordante. Les riffs de malade, à l'effet fuzzy gras comme un jambon, et la batterie au groove de dingo, nous font chavirer ! Et ces mélodies psychés, un régal. Derrière le voile de fumée se cache parfois un démon sludgy rempli de haine et de psychédélisme noir : Stonebirds y crache son désespoir face à une addiction qu'il ne contrôle plus.

Enregistré analogiquement, l'album a un pur son authentique ; les grattes et la basse sont à la fois grasses et trippantes. Les guitares lead nous emmènent illico sur les anneaux de Saturne tandis que le chant, haut-perché et en retrait dans le mix, invite l'auditeur à bouffer de la weed et à rejoindre les oiseaux dans les hauteurs stratosphériques de l'hyper-espace. Ce disque est littéralement la définition du "stoner".

Si vous voulez vous shooter et réaliser le meilleur trip de votre vie, ne dépenser pas une fortune dans des substances bizarroïdes non-identifiées, mais procurez-vous ce petit skeud pour une odyssée grandiose et cauchemardesque dans le pays de la défonce musicale. Nous ne savons pas quelle est la recette de leur spacecake, mais nous sommes curieux de la connaître. Hallucinant.


Man Of Shadows
Juin 2015


Conclusion
Le site officiel : www.stonebirds.fr