Le groupe
Biographie :

Stömb est un groupe de metal instrumental aux ambiances prog / djent formé à Paris en 2012. L’année suivante, le quatuor sort son premier EP, puis son premier album "The Grey" en Janvier 2015, un second en 2020, "From Nihil", et "Massive Disturbed Meta Art" en Mars 2023. Les compositions de cette formation ne se cantonnent pas seulement aux codes du genre qui lui est assimilé, mais essayent d’explorer divers autres univers musicaux. La musique de Stömb se veut profonde et globalement atmosphérique.

Discographie :

2013 : "Fragment" (EP)
2015 : "The Grey"
2017 : "Duality" (EP)
2020 : "From Nihil"
2023 : "Massive Disturbed Meta Art"


Les chroniques


"Massive Disturbed Meta Art"
Note : 18/20

Après deux albums et deux EPs, les Français complètement frappée de Stömb nous amènent un troisième album nommé "Massive Disturbed Meta Art" et comme toujours c'est du metal moderne, progressif et instrumental. On retrouve une durée de soixante-dix minutes comme pour les deux premiers albums et on se retrouve une fois de plus avec une musique à cheval entre le djent et ses riffs syncopés et des ambiances bien plus atmosphériques.

Au-delà de la technique évidente, ce qui a toujours frappé dans le musique de Stömb c'est l'envie d'expérimenter, la puissance des ambiances et cette folie qui imprègne tout ce que le groupe fait. Une folie qui explose d'entrée de jeu puisque l'album s'ouvre sur le bien nommé "The Realm Of Delirium" sur lequel intervient Laure Le Prunenec, que vous avez pu entendre entre autres chez Igorrr et qui elle aussi amène son grain de folie vocale dans un morceau déjà bien barré ! Sept bonnes minutes qui vont déjà mettre pas mal de monde à genoux et prouvent que le groupe n'a pas fini de nous surprendre puisqu'il expérimente ici plus qu'il ne l'a jamais fait, ce qui n'est pas peu dire ! On retrouve les riffs syncopés, les cassures rythmiques et autres mesures impaires mais les arrangements, le chant de Laure Le Prunenec, et les ambiances poussent le tout à un autre niveau. La personnalité de Stömb est instantanément reconnaissable mais la mue est flagrante, on sent que le moindre détail a fait l'objet d'un soin particulier et les ambiances que développe déjà ce premier morceau sont bluffantes et d'une intensité impressionnante. Sans compter que ce chant amène une petite entorse à l'approche musicale du groupe qui est d'habitude instrumentale, même si quelques vocalises ou choeurs s'étaient déjà fait entendre par le passé. "Sidereal Lucid Dreamer" repart sur un terrain plus djent, plus reconnaissable mais du coup bien plus puissant et plus dur. Des ambiances bien plus posées et aériennes se font vite entendre puisque Stömb n'aime pas être prévisible et une fois de plus le groupe amène de bien belles mélodies au milieu d'un morceau aux allures de rouleau compresseur. L'autre force du groupe, c'est d'ailleurs de proposer de longs morceaux et donc de longs albums sans jamais tomber dans la redite et sans jamais nous faire sombrer dans l'ennui. Il se passe toujours quelque chose sur "Massive Disturbed Meta Art" et on ne sait jamais de quel côté le groupe va nous attaquer.

"Kaleidoscope", quant à lui, nous accueille avec des arrangements electro presque trip-hop et pose de suite une ambiance pesante et sombre empreinte de mélancolie, et avec près de huit minutes au compteur vous vous doutez bien qu'il va bien porter son nom et déployer de multiples ambiances. C'est une montée en puissance qui va se produire sur toute la durée du morceau qui va progressivement amener les grosses guitares et donc plus de puissance sans jamais se départir de ces ambiances planantes et mélancoliques qui vont régner en fin de morceau. "The Extantrasy" enchaîne avec des ambiances plus cinématographiques pour le coup et fait remonter la pression instantanément après la fin tout en douceur de son prédécesseur. On se retrouve avec une inspiration synthwave évidente ici avec des arrangements et des mélodies qui n'auraient pas dépareillé sur un album de Carpenter Burt ou Perturbator, le tout évidemment mélangé aux gros riffs typiquement djent. Sans faire du track by track, dites-vous que le groupe multiplie les ambiances et les sonorités, comme le saxo de Jorgen Munkeby de Shining (le Norvégien évidemment, pas le Suédois) qui vient apporter une touche plus subtile et jazzy sur "Meta Art" qui déploie lui aussi une certaine mélancolie. On retrouve sur ce troisième album tout ce que le groupe avait développé sur ses deux premiers opus mais poussés un cran plus loin, avec en plus quelques sonorités nouvelles et une envie d'expérimenter poussée elle aussi encore un peu plus loin. Précisons pour la forme que tout ça bénéficie évidemment d'un très gros son qui trouve le moyen d'être assez organique et d'éviter le piège des productions trop compressées et synthétiques. Tout ça confirme que les membres de Stömb savent ce qu'ils veulent, où ils vont et comment y arriver, bref le groupe a une vision et s'y tient sans faire le moindre compromis.

"Massive Disturbed Meta Art" est un excellent troisième album de la part de Stömb qui confirme qu'il n'a pas encore exploité tout son potentiel et qu'il risque de nous distribuer d'autres gifles à l'avenir. En attendant, allez déjà vous prendre celle-ci parce qu'en un peu plus d'une heure le groupe pose un univers qui lui est propre, enchaîne les ambiances imposantes et les mélodies qui vous prennent à la gorge tout en envoyant un groove surpuissant qui fera trembler les murs. Si avec ça vous n'êtes pas convaincus d'aller y jeter une oreille attentive, je ne sais pas ce qu'il vous faut !


Murderworks
Avril 2023




"The Grey"
Note : 18,5/20

Sobriété et classe. Voilà les mots qui apparaissent dans nos têtes au premier coup d’œil sur cette pochette de "The Grey". Un titre évocateur puisque tout est gris, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur même de cet album.

"The Grey" a pour ambition de vous immerger dans une histoire fascinante que seuls les instruments de Stömb seront vous compter. En effet point de chant ici, mais 10 morceaux de pur metal instrumental. L'accent de "The Grey" est mis sur les émotions des cordes et des percussions. Pas besoin d'un chant humain ou mots pour nous orienter sur quoi penser ou comprendre. Les quelques rares samples narratifs ne font qu'étoffer une trame si bien racontée par la musique, les titres des pistes ou encore l'artwork, c’est à dire : la place de l'humanité dans l'évolution, les limites de la conscience humaine, un futur incertain ... ."I think human consciousness is a tragic misstep in human evolution. We became too self-aware; nature created an aspect of nature separate from itself. We are creatures that should not exist by natural law [...]", ce monologue tiré de la série True Detective, et présent dans le titre "Under The Grey", est parfaitement représentatif des obscures questions traitées dans la musique énigmatique de Stömb.

Niveau son, l'ombre du djent est présente dans ses aspects les plus heavy. Impossible de ne pas penser à Meshuggah ou encore Vildhjarta sur la plupart des titres, le côté malsain en moins. En effet, Stömb n'en extrait que la froideur et les rythmiques (plus ou moins) torturées pour ensuite y ajouter les touches progressives d'Animals As Leaders ou bien même Bulb (avant Periphery). Mais le groupe ne s'arrête pas là. On retrouve en effet des influences venant d'un metal / rock progressif plus large comme par exemple Anathema, sur la plupart des leads de guitare, mais aussi Katatonia et pourquoi pas Opeth. Au final, il est assez difficile de classer le style de Stömb dans un genre cloisonné. Le quatuor se laisse porter au gré de ses inspirations, mais tout en gardant à l'esprit son projet de départ : nous immerger dans leur univers.

"The Grey" se déplace tel un bloc compact où aucun instrument ne ressort plus que d’autres. Bien que les leads soient omniprésents, ils ne représentent qu’une part du medium. Ils font corps avec la rythmique. Ainsi, la galette s’écoute d’une traite du début jusqu’à la fin. A mon avis, c’est la meilleure façon de l’apprécier. La production est quant à elle claire et lisse. Elle ne cherche pas particulièrement la lourdeur ou la brutalité, mais plutôt l'"agressivité passive". En référence à cette idée, citons les albums de Tesseract. En clair, "The Grey" est heavy et gras dans son approche, mais se davantage froid que brutal.

Pour conclure, Stömb réalise un sans-faute car il va droit au but, c’est-à-dire : raconter une histoire, sa propre histoire. Cet album a une âme car il communique, tout simplement. La musique n’est plus une fin un soi, mais un médium de ses propres sentiments. En l’occurrence, mission accomplie pour nos Parisiens. Je ne vais pas en dire davantage afin de ne pas vous gâcher le plaisir. Foncez écouter "The Grey", vous ne serez pas déçus du voyage. Qu'il est bon en 2015 de se dire qu'il est encore possible de se laisser transporter de la sorte par un groupe de metal, que tout n'a pas été découvert.


Vinny
Février 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/stombofficial