Je ne l'attendais pas, je ne m'y attendais pas, et pourtant, il arrivait... Quand j'ai lu l'annonce, j'ai sauté de joie, éructé de joie même. J'étais pourtant perdu, voire un peu déboussolé : "Hein ? Ils sortent des albums Steve 'N' Seagulls ? Je pensais qu'ils jouaient juste des reprises en live moi..." Bref, j'étais à la ramasse, à vingt mille lieux sous mémère, loin de me douter de ce qui allait se cacher derrière ce nouvel opus, dont le nom me parlait déjà beaucoup : "Another Miracle".

À la réception du précieux, j'ai commencé par parcourir les titres... Ah... Bon, d'accord. Pour faire simple : je ne connaissais rien... Ou presque. Je vais tout de suite m'arrêter sur les deux chansons les plus marquantes de l'album. On commence avec "Master Of Puppets", reprise du tube mondialement connu de Metallica. Et là, juste... WAOUW. Quelle claque bordel de merde de pompe à chiottes de raclure de bidet de fond de cuvette ! Les Finlandais arrivent à la fois à "folkiser" les légendes du thrash / heavy américain (oui, je suis fan de Metallica, je le vis bien merci...), tout en restant super fidèle à l'originale. Loin d'être un paradoxe, cette reprise envoie du lourd, dès le début de l'album et autant dire que c'était plutôt très bon signe.

Je m'arrête également quelques instants sur "My Sharona", titre de The Knack que je m'écoute encore régulièrement. Et là... La déception commence. Le morceau est joué en accéléré ! Alors certes, on salue cette énorme prise de risque, et on apprécie également le côté élégant, entraînant de cette piste, ça donne vraiment envie de se dandiner le popotin. Mais je reste sur un arrière-goût de massacre, on est loin de l'originale, trop loin, et on sent trop ici la volonté de proposer une chanson purement taillée pour le live (comme souvent chez Steve 'N' Seagulls, non ?).

Et puis, il y a tout le reste... Des compositions ! Oui oui, Steve'N'Seagulls compose. Je suis encore choqué en écrivant ceci. Bon, j'ai eu du mal, beaucoup de mal au début... Mais j'ai énormément écouté cet album (sans doute plus de vingt fois, en quelques jours). Et plus le temps passe, plus je le trouve fun ! Alors certes, on est loin des classiques du rock auxquels j'avais l'habitude, mais putain, ça donne envie de danser dans son salon, d'aller frapper chez les voisins pour leur proposer d'aller faire un bonhomme de neige dehors. C'est gai, joyeux, plaisant, on a envie de sourire, on a le moral, c'est agréable et ça devrait s'arrêter là, finalement.

Voilà ce que je retiendrai. Pas la mauvaise surprise ni même certaines reprises pas aussi dingues que ce qu'ils ont fait dans le passé, mais un album qui tient la route, bien foutu de bout en bout.

Souvenez vous, en 1972, le monde découvrait un film, le très célèbre et culte Délivrance de John Boorman qui narrait les aventures de quatre amis partis découvrir une région afin de descendre une rivière très mouvementée, ce film a marqué une génération et bien d'autres par la suite, non seulement par sa qualité, son scénario haletant mais aussi pour une scène, le fameux duel banjo / guitare que tout musicien qui se respecte se doit de connaître. Eh bien il semblerait qu'en ce début de printemps Délivrance ait inspiré une formation, les bien nommés Steve 'N' Seagulls qui nous débarquent tout droit de Finlande et qui nous présentent "Farm Machine" avec le soutien et le concours de Spinefarm Records.

Ici, point d'électricité (ou peu), que de l'acoustique et du banjo (omniprésent). Je savais les Finlandais quelque peu "originaux" parfois dans leur démarche musicale, mais là, avec "Farm Machine" on frôle le génie, oui le génie car l'album présente treize morceaux pour pas moins de quarante-neuf minutes de reprises à la fois surprenantes mais surtout très originales d'AC/DC, Guns 'N' Roses ou encore Rammstein, Dio ou Metallica. Je ne sais pas si vous pouvez vous imaginer ce que ça peut donner mais cet album est une bouffée d'air frais, il redonne le sourire même dans une situation obscure et quelque peu déprimante.

Pour présenter ces joyeux lurons de la bonne humeur, Steve 'N' Seagulls (joli jeu de mots n'est-ce pas !) est formé de Irwin Remmel, Musta Magisteri, Puikkonen, Hermann et Wild Till Hiltunen. Au sein de Steve 'N' Seagulls, pas de distortion, mais comme je vous le disais un peu plus haut, du banjo (beaucoup) mais aussi de l’accordéon, de la contrebasse, de la flûte ; si toutefois au départ cet album peut surprendre, il s'avère très bon, quel délice d'entendre "Thundertruck", "Nothing Else Matters" ou "Holy Diver" complètement réécrits (c'est le moins que l'on puisse dire...). Mais attention, soyez certain d'une chose, si la musique des Finlandais peut surprendre, elle est surtout empreint de respect envers les morceaux repris et réécrits, et les groupes, et du respect le groupe en a puisque le Facebook officiel de Steve 'N' Seagulls compte à l'heure et au jour où j'écris cette chronique plus de 239 000 fans ! Et puis vous n'avez qu'à faire un petit tour sur YouTube pour vous rendre compte du génie des gugus...

En conclusion, je dirais que "Farm Machine" est tout simplement magique, fait beaucoup de bien et redonne le sourire et ça commence par le visuel de l'album complètement décalé mais bourré d'humour (je me suis posé tout de même la question quand j'ai reçu le disque "Mais c'est quoi ce truc ???") puis finalement le seul problème avec cet album, c'est que le groupe s'éclate et nous entraîne avec lui car c'est très contagieux... Comment dire ? Étonnant ! Je crois que c'est effectivement le mot.