Le groupe
Biographie :

Stengah est un groupe de metal moderne lillois formé en 2013 et actuellement composé de : Nicolas Queste (chant), Eliott Williame (batterie / ex-Oxymor), Benoit Creteur (basse / ex-Diary Of Destruction), Maxime Delassus (guitare / ex-Diary Of Destruction) et Alex Orta (guitare). Stengah sort son premier album, "Soma Sema", en Mars 2022 chez Mascot Records.

Discographie :

2022 : "Soma Sema"


La chronique


Si vous êtes friands des labyrinthes sonores des bourreaux de Meshuggah, vous aurez remarqué que le nom de ces Français, Stengah, vient du premier morceau du "Nothing" des Suédois précités. Est-ce que l'influence de ces derniers se sent dans la musique de Stengah ? Oui mais ce premier album nommé "Soma Sema" va bien plus loin que ça et réduire la musique du groupe à cette seule influence serait pour le moins réducteur.

La petite intro "Weavering" qui débute comme certains terminent leurs concerts avec moults roulement de batterie nous fait tout de même entendre quelques mélodies aériennes et mélancoliques qui laissent très vite penser que Stengah va nous faire entendre quelque chose de plus varié, profond et riche que son nom ne pourrait le laisser penser à certains. "At The Behest Of Origins" prend rapidement la suite et nous fait effectivement entendre un feeling très progressif dans l'âme en plus de ces sonorités modernes et de ces riffs syncopés à cheval entre Meshuggah et un certain Hacride dont on n'a plus de nouvelles depuis longtemps. Stengah partage d'ailleurs presque plus son univers avec ces derniers qu'avec les Suédois et les mélodies sombres et mélancoliques que le groupe déploie ici rappellent parfois ce que l'on pouvait sentir sur "Amoeba" ou "Lazarus". Stengah développe toutefois sa propre patte en y ajoutant des passages plus lourds, plus durs et encore une fois un esprit proche du progressif. La puissance est là et bien là et "Soma Sema" va clairement déboîter quelques mâchoires sur son chemin mais les mélodies trouvent toujours une place. On évite donc intelligemment le côté monolithique de Meshuggah justement qui a eu tendance à une période à systématiquement répéter les mêmes schémas voire les même soli. Pas de ça chez Stengah qui n'hésite pas à passer de riffs destructeurs à quelque chose de plus aérien ou à balancer un groove à vous déplacer les vertèbres au milieu de passages syncopés et techniques.

Donc oui, on sent l'influence mais le groupe prouve dès son premier album qu'il s'en est déjà émancipé et en profite pour créer son propre univers, assez sombre et pesant soit dit en passant. Certaines mélodies et lignes vocales de "Swoon" me rappellent même le "Black Days" de Klone dans leur noirceur accrocheuse qui se mélange au groove puissant des riffs. Le chant se partage d'ailleurs entre voix claire et chant hurlé et les deux semblent se passer le micro naturellement. La cohérence de l'ensemble saute aux oreilles et les lignes vocales ou les mélodies plus accrocheuses s'intègrent harmonieusement aux riffs les plus puissants et aux ambiances les plus dures. Une fois de plus, il y a une certaine noirceur qui se dégage de "Soma Sema", celle qui se colle à vous sournoisement et vous englue de plus en plus au fil des morceaux. Rien de flagrant ou de disproportionné, pas de passages totalement désespérés ou de mélodies outrageusement malsaines. Non, c'est plutôt une noirceur en filigrane qui se cache de manière fourbe derrière ces énormes riffs qui déboisent à grands coups de hache. La production appuie parfaitement toutes ces nuances avec un son très puissant mais clair et organique, ce qui fait plaisir à entendre surtout au niveau de la batterie. Il semble que la période où les groupes de metal voulaient tous sonner de manière froide et plastique, surtout au niveau de la batterie d'ailleurs, se termine et que l'on revienne enfin à quelque chose de plus naturel. "Soma Sema" est pour le coup très bien loti à ce niveau et on peut saisir tranquillement les nuances du jeu de tout le monde malgré une puissance à décorner un boeuf.

Un premier album prometteur qui nous fait entendre que Stengah a quelque chose d'intéressant et de personnel à proposer en plus de développer des ambiances torturées qui apportent une belle profondeur à tout ça.


Murderworks
Juin 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.stengah-music.com