Malgré toutes les mauvaises nouvelles que nous pouvons voir et entendre en ce moment, il est réconfortant de constater qu’une partie des groupes de musique continuent – sûrement tant bien que mal – leurs activités. Nous nous intéresserons ici au second album des Néo-Zélandais de Stälker, qui nous amène du brut et du dégoulinant pour cette veille d’Halloween. Et en effet, les premières secondes de "Of Steel And Fire" nous font basculer dans le speed metal vieille école comme on l’aime, donnant faussement l’impression d’avoir été enregistré au fin fond d’un garage lugubre et glauque, où trois fous s’excitent sur leurs instruments. Le chant ne lésine pas sur le kitsch et suit les codes du genre avec grande application. Il ne laisse que deux possibilités ; soit on aime, soit on déteste… !

Nous poursuivons avec "Black Majik Terror" dont les quelques notes d’ouverture de synthé au son d’orgue débouchent sur une introduction très heavy, mais ne vous leurrez pas, chassez le naturel et il revient au galop ! Le morceau enchaîne sur du speed / thrash qui fait énormément penser au légendaire "Bonded By Blood" d’Exodus, tant par la production et l’ambiance que par le timbre vocal de Daif qui n’est pas sans rappeler celui du regretté Paul Baloff. Il en va de même pour "Sentenced To Death", où l’on s’imagine sans mal en plein circle pit dans une salle obscure creusée dans les sous-sols, où transpiration et bières coulent à flot. On ne demande pas nécessairement une grande technique ou de la diversité, nous sommes là pour du brainwashing pur et dur, et Stälker est là pour nous satisfaire ! Bien que dans son ensemble "Black Majik Terror" soit un album très linéaire, on s’étonne que celui-ci développe tout de même subtilement une atmosphère très occulte et glaçante, que l’on ressent particulièrement à l’écoute de "Holocene’s End". Sa longueur inhabituelle (plus de six minutes) et sa construction en font un morceau assez atypique qui captive jusqu’au bout. Entre passages lents, heavy, chant malsain, comme possédé et un retour soudain au heavy / speed metal, il y a de quoi surprendre. Mais la surprise vient surtout dans la mise en avant de la guitare au jeu bien plus développé et intéressant qu’on l’aurait cru, sans pour autant que Stälker n’en perde son identité. Un peu plus loin dans l’opus nous faisons à nouveau une rencontre du troisième type en le morceau "The Cross" qui lui aussi allie plusieurs ambiances et styles, de manière certes étrange mais au final efficace. Ces deux morceaux sont comme des bouteilles jetées à la mer – ou plutôt une tempête océanique ! – mais pose les dernières pierres à l’édifice "Black Majik Terror" où viennent encore malgré tout se confronter quelques titres dynamités. Des titres où l’on a parfois le plaisir d’entendre de temps en temps la basse ultra crade, pourtant essentielle… Nous terminons en beauté avec "Intruder", ultra catchy et dégénérée qui finit dans un tumulte de gros riffs et de vocalises d’un autre monde. Ceux en manque d’old school et d’occulte seront servis !

Comme tous ces sous-genres de niches et underground, Stälker et son second opus "Black Majik Terror" n’est pas fait pour toutes les oreilles et s’adresse à un public très averti. Une audience qui appréciera sans aucun doute sa simplicité, ses morceaux bêtes et méchants – toute pensée péjorative exclue – et son atmosphère très particulière. Et c’est justement cette alliance qui fait la force de cet album, dont tout fan de speed cradingue des eighties devrait tomber sous le charme.