"Renaissance Noire"
Note : 17/20
Si vous ne connaissez pas encore Spoil Engine, je vous conseille d’arrêter votre activité
actuelle et de prendre le temps de découvrir le groupe. Créé en 2004 en Belgique par
Steven “gaze” Sanders (guitare), il subit au cours du temps des changements de line-up.
Aujourd’hui, ce sont Matthijs Quaars (batterie), Iris Goessens (chant) et Dave De Loco
(basse) qui complètent la formation. Sorti en 2019, "Renaissance Noire" marque un pas
supplémentaire dans l’évolution musicale du groupe, conservant cette base death
mélodique / metalcore moderne, mais en y ajoutant des influences diverses. Trève de
bavardages, écoutons !
On commence donc avec "R!OT", un morceau débordant d’énergie et qui puise dans des riffs
puissants et groovy pour séduire. Et c’est diablement efficace ! On accroche facilement à cet
univers, alors que "Medicine" est plus douce sur l’intro. La rythmique saturée bourrée
d’harmonique prend bien vite la suite, et la chanteuse alterne voix claire et hurlements pour
diversifier les passages. Le morceau n’en est pas moins entraînant, surtout sur le break, et
on se surprend à hocher la tête en rythme. Troisième morceau, "The Hallow" est un morceau
d’une efficacité redoutable, et qui voit la participation d’un invité d’exception en la personne
de Jeff Walker (Carcass, ex-Brujeria). Côté rythmique, on reste sur des bases connues et
qui ont fait leurs preuves, mais l’addition du chanteur en plus du chant d’Iris donne un
aspect tranchant au morceau.
On repart de plus belle avec "Venom", un morceau assez martial et qui joue sur cette basse
entraînante et ces riffs aériens du refrain qui se muent en une rythmique plus dure et
efficace pour les couplets, laissant à la chanteuse la possibilité de hurler. Un départ plus
doux et atmosphérique pour "Golden Cage", et bien qu’une épaisse ligne de basse fasse son
apparition, le titre suit cette dynamique. Cela n’empêche pas les hurlements, ni la saturation
et les coups de pédale rapides, mais ce titre est vraiment différent. A l’inverse, "Frostbite"
démarre par des sonorités agressives et se calme par la suite, donnant tout de même un
climat oppressant, alors que "Warzone", comme son nom le laisse soupçonner, est plus
directe. Du blast, des harmoniques incisives… tout est bon pour faire remuer une fosse !
"No Flowers For A Pig" prend la suite, et c’est à coup de rythmique groovy après un sample
inquiétant que le groupe attaque. Des influences prog se laissent deviner sur le final, et c’est
avec un solo perçant que s’achève ce titre. On enchaîne avec "The Void" et son sample
introductif qui me rappelle la puissance d’un des mastodontes suédois du genre,
débouchant sur une rythmique agressive et catchy. La violence n’est jamais loin, même
lorsque le chant clair et les passages plus doux sont de mise, mais c’est surtout sur "Storms
Of Tragedy", le dernier morceau, que l’on peut le constater. Les moshparts sont massives, le
chant puissant, les variations passent bien… le groupe a trouvé comment conclure cet
album en beauté !
Depuis quelques années, Spoil Engine a trouvé sa voie. "Renaissance Noire" exploite les
capacités de création des musiciens tout en leur laissant la possibilité d’intégrer des
influences diverses, mais qui collent à leur univers. La violence laisse place à la douceur,
l’oppression à la chaleur, et il n’y a rien à jeter. Il me tarde de voir une date française !
"Stormsleeper"
Note : 17/20
"Stormsleeper" est le premier album de Spoil Engine avec Iris Goessens au chant après qu’elle ait remplacé Nick Tournois à ce poste. Même si un EP du même nom est sorti en 2015, il s’agit bien là du premier album complet avec cette chanteuse (et avec une chanteuse tout court).
Petit point pochette d’abord. L’artwork a été créé par Heilemania (allez voir son travail, c’est très beau) qui a aussi travaillé pour Pain, Megaherz, Blue Pills, Kamelot, Lindemann et bien d’autres. Il a choisi pour ce groupe des tons marrons renforçant les aspects apocalyptiques et steampunk de l’image. Entre la femme badass au premier rang, la tour-robot tueuse en fond, le ciel qui ne laisse transparaître aucun signe d’espoir et les insectes géants au sol, je ne peux qu’approuver ce design.
Il ne reste plus qu’à approuver la musique.
Dix titres et quarante-deux minutes m’attendent, mais je me permets déjà de souligner un petit point négatif : 60% de l’album est déjà connu puisqu’il est composé des six pistes de l’EP précédent (à savoir "Disconnect", "Stormsleeper", "Weightless", "Hollow Crown", "The Verdict" et "Singing Sirens") et donc de seulement quatre inédits ("Silence Will Fall", "Doomed To Die", "Black Sails" et "Wastelands"). Je vais donc d’abord parler des morceaux disponibles sur l’EP puis des nouveautés.
"Disconnect" est sans doute l’un des plus grands tubes du groupe (du moins depuis l’arrivée d’Iris en son sein). Il introduit l’album avec son heavy metal moderne donc rapide et violent mais agrémenté de touches électroniques et d’un son accrocheur et abordable mêlant chant crié et chant clair. Tous ces points sont encore plus appuyés avec le morceau éponyme "Stormsleeper". Par contre, "Singing Sirens" est très différent, il s’agit de la seule ballade de l’album mais cela permet au groupe de poser une ambiance unique avec une instru' qui inspire l’inquiétude. C’est peut-être dommage de retrouver autant d’anciens morceaux sur un album mais cela permet au groupe de les faire connaître avec des nouveaux en plus, au travers d’un format album qui a généralement plus de succès que le format EP.
Je vais donc m’attaquer à ces quatre morceaux. D’abord, "Silence Will Fall" rappelle le groupe Butcher Babies dès le début et se place dans la suite logique de ce que le groupe a délivré précédemment. En bref, c’est un titre efficace.
Ensuite arrive mon titre préféré, à savoir "Doomed To Die" et son déjà culte "Everybody flip flop !" que l’on peut entendre dès le premier couplet. Ce morceau est pour moi le résumé de ce que le groupe fait de mieux et la preuve qu'Iris Goessens a un talent remarquable.
Enfin, "Black Sails" et "Wastelands" sont deux morceaux plutôt bons mais qui ne dégagent pas le même charisme que les deux cités précédemment. C’est aussi avec "Wastelands" que l’album se clôture.
Spoil Engine frappe donc fort avec ce qui est plus un double EP qu’un réel album. En début de chronique, l’artwork a été approuvé, la musique l’est désormais. Ce groupe peut aller loin avec sa nouvelle chanteuse qui n’a pas déstabilisé la cohésion des musiciens.
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