Si vous avez besoin d'un peu de légèreté en ce moment, les Belges de Splendidula devraient vous faire plaisir avec leur troisième album "Somnus". Naviguant entre le stoner, le sludge et le doom, le groupe risque de lâcher quelques enclumes sur les passants en direct du 38ème étage ! Blague à part, voilà un mélange qui garantit de souffler le chaud et le froid et qui a tout pour proposer des ambiances polymorphes.

Le tracklisting annonce la couleur avec six morceaux pour quarante-trois minutes donc bien dans la moyenne du genre, pas du doute ça va doomer ! "Somnia" ouvre effectivement l'album sur un tempo très lourd et un climat assez atmosphérique avec le chant de Kristien Cools qui apporte un quelque chose de dramatique et d'éthéré en guise de feinte avant des cris qui annoncent l'arrivée des riffs bien gras. Les groupes de doom qui utilisent une chanteuse nous font souvent entendre soit du chant lyrique soit une voix fluette d'où la surprise d'entendre ici une voix plutôt chaleureuse qui contraste d'autant plus avec la froideur de certaines ambiances. Le solo tout en feeling et presque bluesy qui débarque en plein morceau appuie encore le contraste et confirme que Splendidula a une personnalité bien affirmée et ne s'encombre pas de carcans. Quelques growls de la part du guitariste Pieter Houben se font aussi entendre et amènent eux aussi un contrepoids en donnant des airs d'équilibriste à Splendidula. "Void" démarre avec de discrets arrangements electro et vire sur de gros riffs sludge bien sales et ces growls justement qui amplifient encore cette ambiance poisseuse et malsaine. Après un premier morceau assez lourd mais relativement éthéré, le contraste est saisissant ! Le chant de Kristien revient amener un peu de chaleur et de beauté dans ces ambiances bien crades et une fois de plus le groupe prend des allures de pieuvre musicale. Le mélange des genres était casse-gueule sur le papier, car si le doom et le sludge se marient bien naturellement par leur lourdeur, y amener du stoner et un chant féminin par dessus était déjà plus risqué. Splendidual relève le défi avec brio et marie toutes ces sonorités de façon harmonieuse en jonglant intelligemment entre les ambiances sales et glauques et d'autres plus belles et chaleureuses.

En multipliant ainsi les ambiances, le groupe se crée un univers très particulièr, parfois inquiétant, d'autres fois plus lumineux voire limite charmeur. Splendidula est un prédateur qui vous fait entendre suffisamment de belles mélodies pour vous attirer et une fois le piège refermé vous balance des riffs de dix tonnes sur la tronche. En écoutant "Somnus" attendez-vous à vous retrouver face à un monstre aux multiples visages. Le placement des growls, du chant féminin et du chant clair masculin se fait d'ailleurs naturellement et les deux se renvoient la balle régulièrement enrichissant encore des ambiances déjà bien marquées. Notons aussi que la production est très bonne et confère à "Somnus" un son parfaitement équilibré qui assure à la fois puissance, clarté et la dose de gras syndicale sur les guitares. C'est exactement ce qu'il fallait pour servir d'écrin à ce troisième album qui nous balade d'une ambiance à l'autre et nous fait passer de riffs pesants et sales à des passages plus mélodiques voire presque enchanteurs. Même si l'album est évidemment sombre dans sa globalité, quelques rayons de lumière arrivent tout de même à passer, notamment via le chant de Kristien Cools qui fait des miracles. C'est aussi un des éléments qui permet au groupe de se démarquer puisque comme je le disais plus haut, la plupart des groupes de ces scènes n'utilisent pas le chant féminin de cette façon. Splendidula s'est judicieusement affranchi des barrières et crée son propre univers sur "Somnus" qui n'aura du coup aucun mal à vous emmener avec lui. Le fait que l'album ne dépasse pas les quarante-trois minutes lui permet en plus de garder un maximum d'impact, de ne pas s'égarer et de frapper juste.

Un troisième album qui voit Splendidula mélanger encore plus naturellement ses diverses influences et s'affirmer d'autant plus. "Somnus" navigue entre plusieurs eaux et déploie des ambiances marquées qui soufflent aussi bien le chaud que le froid. Là où beaucoup de groupes de ces scènes se laissent enfermer dans des codes et des carcans, Splendidula les explose et vole de ses propres ailes.

"Post Mortem" est le deuxième album des Belges de Splendidula, le style que nous propose le groupe est une mixture de death metal des plus classiques avec quelques touches de doom et de gothic, et l'album se divise en huit morceaux.

Le son de l'album est très propre et met le chant de Kristien bien en avant, cela donne relativement bien vu que la voix de la chanteuse est très bonne, elle peut rappeler un peu Epica dans certains passages, on notera aussi des backing vocals en grunt de la part de Pieter. En ce qui concerne le son des guitares, tranchant est le mot adéquat, la basse couvre bien l'ensemble avec la batterie, le son est rond avec le chant mis en avant. "Post Mortem" est un album sonnant froid et morbide et n'est pas à mettre entre toutes les mains, car si les connaisseurs accrocheront sans doute dès la première écoute, les novices du style, quant à eux, seront peut-être un peu déstabilisés par la construction des morceaux, voire par la complexité de la majorité des titres.

Les Belges envoient ici des morceaux sonnant très professionnels et cela s'étend tout au long de l'album, "Post Mortem" dégage une certaine maturité, ce qui m'a plu immédiatement, aussi je conseille cet album aux connaisseurs du groupe et à ceux qui les suivent depuis leurs débuts. Quant aux novices, écoutez le groupe depuis le premier album pour saisir la complexité de Splendidula. Pour conclure, je peux vous dire d'acheter cet album si vous aimez les ambiances morbides, et le côté riche des huit morceaux en fait un album quasi épique !