Formé en 1988, le groupe Spiritus Mortis n'a sorti son premier album éponyme qu'en 2004, pas de doute c'est bien du doom ! Trois autres albums ont suivi en 2006 ("Fallen"), 2009 ("The God Behind The God") et 2016 ("The Year Is One"), c'est donc le cinquième album du groupe qui nous arrive dans les tympans cette année. "The Great Seal" est son nom et il voit l'arrivée de Kimmo Perämäki au chant en remplacement de Sami Hynninen bien connu pour sa présence passée chez Reverend Bizarre ou The Puritan et actuelle chez Friends Of Hell.

Les deux albums précédents sur lesquels le bougre avait posé sa voix voyaient Spiritus Mortis opter pour un doom plus lourd et plus lent, là où les deux premiers se posaient comme étant à cheval entre Black Sabbath, Candlemass et The Obsessed. On était donc sur quelque chose de plus rock dans l'esprit et de plus groovy, un esprit que l'on va en partie retrouver sur "The Great Seal" et que "Puputan" nous fait entendre dès l'ouverture de l'album. On retourne à un doom inspiré par le rock et le heavy metal et donc groovy en diable avec un chant plus puissant avec quelques montées dans les aigus très efficaces et assez agressives. Le refrain plus mélodique amène des sonorités plus épiques et les lignes de chant se rapprochent presque d'un certain Iron Maiden dans ses moments les plus épiques et posés justement. "Death's Charioteer" enchaîne avec un tempo bien plus lourd et le retour du doom pur et dur avec là encore de très belles lignes de chant de la part de Kimmo Perämäki qui s'intègre parfaitement bien et amène une nouvelle dimension à la musique de Spiritus Mortis. On sent l'inspiration du heavy metal dans sa façon de chanter et cela amène un côté mélodique plus prononcé et des ambiances d'autant plus épiques et puissantes. Une inspiration heavy et rock qui s'entend évidemment dans les morceaux comme dit précédemment, une affirmation que confirme encore le très groovy et accrocheur "Martyrdom Operation", alors que "Skoptsy" nous fait entendre quelques sonorités plus sinistres au milieu d'un morceau mélancolique et épique une fois de plus.

On peut clairement dire que "The Great Seal" est plus dynamique, plus varié et plus groovy que ses deux prédécesseurs qui étaient bien plus lourds et plus purement doom. Ici, les racines heavy metal reprennent leurs droits et la mélodie se refait une place plus marquée dans les lignes de chant, donnant lieu à des passages aux ambiances épiques et évocatrices. Une accélération toute Maidenesque avec guitares jumelles se fait d'ailleurs encore entendre sur "Khristovovery" pour confirmer si besoin en était ce retour des influences heavy metal. Et comme si ce passage n'était pas suffisamment bon, on se prend un excellent solo de guitare assez long, mélodique et furieusement épique là encore ! A la limite, le très court "Visions Of Immortality" crée une petite baisse de régime par le fait qu'il est moins marquant et peut-être moins inspiré, mais avec moins de trois minutes au compteur on ne peut pas dire que cela pèse bien lourd dans la balance. La qualité du reste est tellement élevée qu'on pardonne sans problème cette petite baisse de régime. Notons d'ailleurs une production évidemment organique, ce serait quand même le comble qu'un album de doom sonne de manière synthétique. Mais c'est toujours plaisant d'entendre les doigts glisser sur les cordes, les coups de mediator et une batterie qui sonne comme une vraie batterie et pas un assemblage de boîtes de conserve. En tout cas, si le groupe revient à quelque chose d'un peu plus varié et énergique il ne change absolument pas sa personnalité et on reconnaît aisément tous les éléments qui ont toujours constitué la musique de Spiritus Mortis.

"The Great Seal" est donc un nouvel album inspiré de la part d'un groupe qui revient en forme avec un nouveau chanteur qui s'intègre parfaitement à la musique proposée et qui balance des lignes de chant imparables. Plus groovy et plus varié que ses deux prédécesseurs, ce cinquième album confirme tout le bien que l'on pensait déjà de Spiritus Mortis et permet au groupe d'ajouter un pur manifeste de doom à une discographie dont la qualité en ferait rougir quelques uns !