Après avoir parlé de son collègue de label, Mare Cognitum, avec qui il a fait plusieurs collaborations, parlons maintenant de Spectral Lore. Lui aussi one-man band de black metal aux ambiances spatiales et assez atmosphérique et donc lui aussi signé chez les décidément très bons I, Voidhanger Records. En marge de ses albums nommés tout simplement en chiffres romains, le projet avait sorti "Sentinel" en 2012 qui se démarquait par une approche plus dure, plus violente et moins encline aux écarts ambiants. C'est la suite musicale et thématique que nous amène cette fois Spectral Lore avec "Ετερόφωτος".

Et effectivement, Spectral Lore ne perd pas de temps et nous envoie sans la moindre intro un black metal bien bourrin dans la tronche avec "Ατραπός" qui ouvre l'album de façon pour le moins directe ! Pour le coup le côté atmosphérique est totalement absent de ce début d'album et le projet confirme l'orientation plus brutale de cette autre série d'albums. Un matraquage qui va s'étaler sur près de treize minutes en plus, donc autant dire qu'en matière d'intensité on est servis. L'objectif était visiblement de mettre l'accent sur un esprit guerrier dans l'optique d'une transcendance spirituelle et on sent effectivement des accents épiques et surtout belliqueux sur ce premier morceau. On se fait rouler dessus quasiment non stop en guise d'accueil et ce n'est qu'au bout de cinq minutes qu'une accalmie relative se montre et que le maître d'oeuvre lève un tant soit peu le pied. Quelques sonorités traditionnelles se font aussi entendre, mais jouées à la guitare, et le côté fresque épique grecque appuie encore le côté guerrier de la chose. Un changement d'ambiance surprenant mais agréable dans la musique d'un projet qui se montre habituellement bien plus atmosphérique et spatial. La preuve aussi que cette série d'albums séparée n'est pas un gimmick mais sert bien un propos différent et permet à Ayloss (seul membre du projet) d'explorer d'autres terres musicales. Chassez le naturel, il revient au galop, la fin de ce premier morceau nous offre un break atmosphérique justement avec quelques choeurs qui évoquent là encore certaines musiques traditionnelles, un petit solo tout en feeling et une ambiance plus aérienne et plus épique. Le son est comme d'habitude assez raw et les guitares tranchent les tympans en rondelles comme le veut la tradition black metal.

"The Golden Armor" confirme l'orientation à la fois plus brutale et plus épique, une orientation qu'il ne va pas falloir prendre pour acquise même pour cette série d'albums à part. Ces ambiances collent à la thématique abordée et celle-ci va aborder différentes étapes et donc arborer différents visages selon les albums, même si je pense que Spectral Lore gardera cette constante plus brutale et frontale. En tout cas, il faut souligner que le projet arrive justement à nous surprendre malgré le fait qu'il soit assez prolifique, on pense encore aux quatre EPs assez ambiants que le projet avait sorti il y a quelques années qui tranchaient bien avec le reste aussi. Comme toujours, les morceaux sont longs et l'album affiche soixante-seize minutes pour seulement sept pistes, avec un morceau final qui s'approche des vingt minutes. La musique de Spectral Lore a toujours été dense et ce n'est pas ce nouvel album qui va contredire cet état de fait. Rien que la longueur des morceaux fait que l'attention sera mise à rude épreuve, si en plus vous ajoutez le matraquage quasiment constant des blasts, vous avez un mélange explosif qui va en mettre plus d'un à genoux. D'ailleurs, dans le genre, la fin du morceau "Apocalypse", qui commençait pourtant gentiment, est un sacré bordel ! Le visage le plus ambiant refait surface sur le dernier morceau de l'album, "Terean", entièrement instrumental et qui s'étire sur près de vingt minutes. On y retrouve ce que le groupe avait pu développer sur ses plages les plus ambiantes, ou les fameux EPs sortis il y a quelques années, mais dans une veine plus sombre et inquiétante cette fois.

Un nouvel album très frontal et violent pour Spectral Lore qui initie une nouvelle série d'albums en marge de ceux numérotés en chiffres romains et dont le point de départ est "Sentinel". Des ambiances plus belliqueuses, des blasts bien plus présents pour un album très dense une fois de plus.