Si je vous dis que le premier album des Bretons de Soulslicer nommé "Pandemic" sort chez Great Dane Records, vous répondez quoi ? Metal progressif / djent synthwave ? Vous êtes recalés, c'est évidemment de death old schhol dont il va être question par ici avec un groupe qui se situe lui-même entre Bolt Thrower, Asphyx et les premiers Slayer. Si avec ça vous n'avez pas encore compris que vous allez vous faire rouler dessus et que le sang va gicler du sol à plafond, je ne sais pas ce qu'il vous faut !

On ne perd pas de temps chez Soulslicer en tout cas puisque ce premier album présente huit morceaux pour trente-quatre minutes, on sent bien l'optique old school des groupes qui allaient à l'essentiel et frappaient fort. C'est exactement ce que fait "Forsaken Sanctuary" qui ouvre l'album avec son mid-tempo écrasant au démarrage alterné avec des passages plus nerveux et des riffs malsains. Ce qui nous place effectivement entre les trois influences citées précédemment, on a le côté martial et écrasant de Bolt Thrower, les riffs malsains et vicelards des vieux Slayer et le côté morbide, groovy et abrasif d'Asphyx. La violence brute et la course aux blasts ne sont évidemment pas au menu et Soulslicer préfère balancer un death metal sale, morbide et à l'agressivité sournoise. Au lieu de vous pilonner au barrage d'artillerie, "Pandemic" préfère vous passer discrètement dans le dos pour vous glisser une lame rouillée entre les côtes. "Soulslicer (Your Time, Your War)" se fait presque fédérateur avec ces voix doublées aux allures de choeur putride sur le refrain, quant à "Fake Ressurection" il nous écrase les vertèbres à grand renfort de double grosse caisse et de breaks ravageurs. Soulslicer ne fait rien pour épater la galerie et tout ici vise l'efficacité brute, "Pandemic" frappe dans le mille sans avoir besoin de foncer dans le tas comme un bourrin. Tout est dans la puissance et le groove brutal, la double grosse caisse est reine sur ce premier album et les riffs sales couplés au chant digne d'un Asphyx lui aussi complètent le tableau.

Là où certains groupes du style finissent par tomber dans une sorte de monolithisme assez barbant, Soulslicer arrive à rendre ses morceaux suffisamment dynamiques pour éviter le piège. On a droit à du up-tempo, du mid-tempo plus écrasant, quelques soli, des mélodies morbides qui se glissent au milieu de tout ça et "Pandemic" se fait suffisamment équilibré pour maintenir l'attention. Le groove typique du death metal old school est bien là lui aussi et contribue évidemment à l'efficacité de la bête. "Irradiate Your Soul" a d'ailleurs tout du tueur en live avec son rythme un peu plus énervé et son côté frontal avec là encore ces fameux tapis de double à la Bolt Thrower qui font toujours autant d'effet. Certes on est en terrain connu et Soulslicer ne cache pas ses influences mais c'est foutrement efficace et on sent l'amour du death old school et puissant comme souvent chez les groupes signés chez Great Dane Records. Les bougres connaissent leurs classiques mais se les approprient juste ce qu'il faut pour que ce premier album soit intéressant et ça marche ! Tout comme "Armies" qui refait appel à ces fameux choeurs sur le refrain qui donnent là encore un côté fédérateur qui devrait faire son petit effet sur scène. On a même droit à une petite surprise avec "Radioactive Grave" qui se fait tellement lourd qu'il en flirte avec le doom, le tout avec une ambiance bien morbide et une odeur de caveau humide comme on aime en sentir chez un groupe de death.

"Pandemic" est donc un premier album efficace et prometteur pour ce nouveau groupe breton qui envoie un peu plus d'une demi-heure de death old school écrasant, sale et groovy. On est loin de la course à la brutalité et à la technique, Soulslicer nous ramène aux heures de gloire du death metal puissant, lourd et malsain. Et comme le groupe sait vivre avec son époque, vous n'aurez même pas besoin de décrasser votre Delorean pour écouter ça, vous n'avez donc aucune raison de vous priver !