Le groupe
Biographie :

Soulburn est un groupe de death metal hollandais formé en 1996 par les membres d'Asphyx lorsque celui-ci a fait une pause à la fin des années 90. Soulburn est actuellement composé de : Eric Daniels (guitare / Grand Supreme Blood Court, ex-Asphyx, ex-To the Gallows), Twan van Geel (basse, chant / Bunkur, Legion Of The Damned, Verbum Verus, Flesh Made Sin, ex-Fehler, ex-GoreForMore, ex-Sauron, ex-Antropomorphia, ex-Satyr), Remco Kreft (guitare / Grand Supreme Blood Court, Nailgun Massacre, Xenomorph, ex-Abscess, ex-Ejaculate) et Marc Verhaar (batterie / Graceless, ex-Nailgun Massacre, ex-Xenomorph). Le premier album de Soulburn, "Feeding On Angels", est sorti en Juin 1998 chez Century Media. Le deuxième album, "The Suffocating Darkness", sort en Novembre 2014 chez Century Media. Le troisième album, "Earthless Pagan Spirit", sort en Novembre 2016.

Discographie :

1998 : "Feeding On Angels"
2014 : "The Suffocating Darkness"
2016 : "Earthless Pagan Spirit"
2020 : "Noa's D'ark"


Les chroniques


"Noa's D'ark"
Note : 17/20

Soulburn est vraiment reparti et malgré le départ de Bob Bagchus en 2018 remplacé par Marc Verhaar, le groupe est de retour avec "Noa's D'ark" et mon petit doigt me dit qu'il n'a toujours pas envie de faire dans la dentelle. Pour les étourdis ou les petits nouveaux, rappelons que le groupe avait été formé par d'anciens Asphyx pendant un break du groupe et que pendant longtemps "Feeding On Angels" sorti en 1998 a été le seul album de Soulburn. Ce dernier est revenu d'entre les morts avec "The Suffocating Darkness" en 2014 et a suivi avec "Earthless Pagan Spirit" en 2016.

Toujours pour les petits nouveaux et ceux qui auraient dormi dans une grotte, rappelons que le premier album suivait les traces d'Asphyx et que le groupe a ensuite développé des ambiances plus noires et plus proches du black metal. "The Morgue Of Hope", qui ouvre l'album, démarre par des leads typiques du doom et qui pourraient presque rappeler un certain My Dying Bride. Par contre, si le tempo reste lent et lourd quand le morceau démarre, cela devient tout de suite bien plus sale et noir. La double grosse caisse revient bien vite en mode rouleau compresseur et les riffs à la Asphyx font leur retour avec toujours ce fond typé black metal dans les ambiances. On y entend d'ailleurs une basse qui claque bien et qui fait plaisir à entendre dans ce metal extrême brut de décoffrage. Pour faire simple, Soulburn fait du Soulburn et les amateurs ne seront pas dépaysés, on retrouve le même riffing, les mêmes ambiances et la même capacité à faire headbanguer d'un côté et à créer une ambiance de chambre froide de l'autre. Le groupe n'a clairement rien perdu de sa capacité à tout démonter et même si les blasts n'ont jamais droit de cité, ici la puissance de Soulburn n'en reste pas moins impressionnante. Ce groupe est un bulldozer qui vous fonce dessus sans se poser de questions et qui va faire quelques allers et retours sur votre tronche pour s'assurer qu'il vous a bel et bien aplati. La preuve qu'il n'y a pas besoin de blaster comme un porc pour faire mal, d'autant que les morceaux sont assez longs et prennent bien le temps de vous travailler au corps. "Noa's D'ark" est une fois de plus un album étouffant et intense qui ne vous laissera pas respirer une seule seconde.

C'est vrai que pour faire plus simple on pourrait décrire la musique de Soulburn comme du Asphyx teinté de black metal, ce ne serait pas totalement faux. On sent le même esprit totalement old school, le même refus de tout ce qui est sorti après le début des années 90 en metal. On reste majoritairement sur du mid ou up-tempo sans aucune accélération brutale ni la moindre démonstration technique. Soulburn, c'est tout dans l'efficacité, les ambiances malsaines et un groove à déboîter les vertèbres. Les petits jeunes trouveront probablement ça trop monolithique et pas assez bourrin mais ce n'est pas à eux que s'adresse Soulburn, même si renouveler son public ne se refuse pas. Ce groupe n'en fait qu'à sa tête, se fout des impératifs commerciaux et "Noa's D'ark" ne risque pas de séduire ceux qui n'ont jamais accroché à Soulburn, l'ADN du groupe transpire par tous les pores et cela fait plaisir d'entendre ce genre de groupes honnêtes et intègres jusqu'au bout. On sent toujours du Asphyx pour le côté death et évidemment du vieux Bathory ou Celtic frost (qui sont des influences clairement revendiquées par le groupe) pour le côté plus black avec ces riffs lancinants, rampants ou acérés. L'ambiance est noire de chez noire et "Noa's D'ark" fait une fois de plus preuve d'une efficacité imparable. Les sonorités black metal sont d'ailleurs prédominantes sur "Anarchrist" qui développe une ambiance encore plus noire que le reste de l'album. A noter d'ailleurs que la version limitée du CD comporte deux morceaux de plus que la version digitale qui m'a été fournie donc cela vous fait deux raisons de plus d'acheter "Noa's D'ark" !

Un nouvel album toujours aussi noir et efficace voire peut-être même encore un peu plus cette fois, avec des sonorités black peut-être un peu plus présentes. Quoiqu'il en soit, Soulburn fait du Soulburn et le fait sacrément bien, "Noa's D'ark" est donc une fois de plus un véritable manifeste de death / black old school direct et sans compromis.


Murderworks
Novembre 2020




"Earthless Pagan Spirit"
Note : 17/20

Il y a deux ans, Bob Bagchus me disait que le seul but des membres de Soulburn était de se faire plaisir et de laisser libre cours à leur créativité tout en rendant hommage au metal extrême des années 80. Je ne pourrais pas mieux résumer "Earthless Pagan Spirit", nouvel album qui sort presque deux ans jour pour jour après "The Suffocating Darkness".

Si on retrouve dès le départ la patte Soulbrun avec cette sauvagerie primitive teintée de sonorités black metal froides et glauques, on trouve aussi quelques surprises. Premièrement, une variété d'ambiances encore plus prononcée que sur "The Suffocating Darkness", Soulburn s'amusant à passer de morceaux furieux, à d'autres quasiment doom en passant par des morceaux rampants, écrasants et morbides. Deuxième surprise, on retrouve du chant féminin sur "Withering Nights" ! Alors évidemment ce n'est pas du chant lyrique ou niais, au contraire ces interventions féminines ajoutent un côté possédé à un morceau déjà glauque et poisseux à la base. Pour le reste, on retrouve le Soulburn plus froid et black qu'on trouvait sur "The Suffocating Darkness" et qui marquait une rupture assez évidente avec "Feeding On Angles" qui, lui, sentait encore très fort le Asphyx. Le feeling old school est encore là, lui aussi, forcément, qu'attendre d'autre avec un line-up pareil ? Même si le revival old school bat son plein dans le death metal ces dernières années et peut amener une certaine saturation, on ne peut pas glisser Soulburn dans le même panier. Le groupe est authentique, ça saute aux oreilles, son mélange de death primitif teinté d'ambiances tirées du black et agrémenté d'à peu près tout ce que le metal extrême a à proposer fait que la mixture mijotée sur ce nouvel album et son grand frère sont assez uniques dans le paysage metal actuel.

Tout l'album est à la fois sauvage, malsain, poisseux, primitif, bref Soulburn ne vous veut pas du bien et vous le fait savoir ! Alors évidemment, je le répète pour ceux qui seraient encore passés à côté du groupe, la sauvagerie ne s'exprime pas à grands coups de blast bien bourrins ici. Soulburn donne dans le up tempo à l'ancienne et dans les gros tapis de double histoire de bien vous rouler sur la tronche, sa froideur et son côté sans concession font le reste. Rajoutez à ça le chant d'écorché vif de Twan Van Geel qui y met véritablement toutes ses tripes et vous vous retrouvez avec un cocktail brut de décoffrage qui devrait faire un carnage lors des rares concerts du groupe. Encore une fois, Bob Bagchus avait dit juste, le groupe se fait plaisir et laisse s'exprimer sa créativité sans partir dans l'expérimental non plus hein, on reste dans le metal extrême quand même. Mais, mine de rien, ce nouvel album arrive régulièrement à nous surprendre malgré son passéisme assez flagrant et ça, c'est assez fort ! Chaque morceau, tout en restant dans le pur style Soulbrun, arrive à créer son ambiance par des apports propres à chacun, le chant féminin possédé pour "Withering Nights" comme je le disais plus haut, un tempo et des mélodies très doom pour d'autres, des passages black, des accélérations, du death de vieux barbus, bref la seule chose qu'on sait c'est que ce sera sombre.

Troisième album qui prouve donc que "The Suffocating Darkness" n'était pas un one shot et de fort belle manière en plus ! Un condensé de metal extrême de toutes obédiences bloqué dans les 80's et donc bien sauvage, primitif et poisseux. Malgré son passéisme, il trouve le moyen de nous prendre à contre-pied plus d'une fois et développe un climat personnel.


Murderworks
Octobre 2016




"The Suffocating Darkness"
Note : 16/20

Qui aurait pu croire il y a encore quelques temps que Soulburn reviendrait, 16 ans après l'unique album "Feeding On Angels" ? Le groupe n'était à l'époque qu'une incarnation d'Asphyx sous un autre nom puisque le line-up était identique et la musique pas très éloignée non plus, soyons honnêtes. Cette fois c'est un véritable groupe fait pour durer qui nous livre "The Suffocating Darkness", avec cette fois quelques petites surprises.

L'objectif du groupe à l'époque était de rendre hommage aux plus grandes influences de ses membres, à savoir Bathory, Celtic Frost et Venom. Comme je le disais à l'instant ça avait donné une musique très proche d'Asphyx avec un côté primitif et direct un peu plus prononcé, mais cette fois le projet a été mené à bien. On reconnaît bien Soulburn mais sa musique est cette fois bien plus noire et imprégnée d'ambiances carrément black metal ! Et le groupe annonce la couleur d'emblée avec une introduction diabolique suivie d'un "Under The Rise Of The Red Moon" dont les riffs sont en droite provenance de la scène black norvégienne de la fin des années 80 / début des années 90 ! "The Mirror Void" nous montre un visage empreint de black lui aussi avec des riffs assez épiques tout en nous rappelant le premier album. Evidemment la patte Soulburn est encore parfaitement reconnaissable et le death metal y est encore majoritaire mais il faut avouer que tout l'album baigne dans un climat bien plus morbide et froid que son prédécesseur, nous évitant par la même occasion une redondance avec Asphyx et Grand Supreme Blood Court. On retrouve donc ce death / black très axé sur les mid tempos et assez primitif, pas de risques de tomber sur des structures tordues ou des polyrythmies sur cet album. L'esprit est purement old school et les records de vitesse ne sont pas non plus la cible de Soulburn, le groupe préférant de loin créer un album qui suinte la mort par tous les pores. Ecouter "The Suffocating Darkness" revient à passer 50 minutes dans un caveau humide en compagnie de toute une ribambelle de cadavres en putréfaction, ce qui nous fait dire que le nom de l'album est foutrement bien choisi !

Par contre si quelque chose n'a quasiment pas bougé depuis "Feeding On Angels", c'est bien la production, on retrouve le même son avec les mêmes guitares tranchantes et on ne risque pas d'être dépaysés à ce niveau-là au moins. Bon j'exagère un peu puisque comme je le disais plus haut on reconnaît tout de même bien Soulburn, notamment avec des morceaux comme "Hymn Of The Forsaken II" qui accélèrent un peu le rythme et retrouvent un feeling totalement death metal. En tout cas le groupe aura surpris à tous les niveaux, que ce soit par le fait de sortir un deuxième album 16 ans après le premier tout simplement mais aussi par l'ajout de nouveaux éléments qui s'intègrent parfaitement au reste, proposant du coup un changement dans la continuité comme on dit. Et si l'hommage aux grandes gloires du black / thrash / death pouvait partiellement nous échapper à l'écoute de "Feeding On Angels", il faut dire que cette fois l'objectif est clairement atteint. Alors certes ce nouvel album ne plaira pas aux jeunes loups ayant découvert le metal extrême il y a peu, d'ailleurs ceux là ne doivent même pas connaître l'existence du premier album. J'allais dire qu'il ne leur est pas destiné (laissons leur le temps de découvrir les racines du metal), mais apparemment il n'est destiné à personne d'autre que les membres de Soulburn. Et c'est bien dans cette optique que tous les groupes devraient créer leur musique, l'appréciation du public n'étant finalement qu'un bonus.

Retour réussi pour Soulburn avec un nouvel album froid, primitif et morbide comme on n'en fait plus, une ode au metal extrême des années 80 et un crachat à la gueule de tout ce qui a suivi. Une profession de foi en quelque sorte, un manifeste de metal pur et dur réservé aux initiés qui sauront l'apprécier.


Murderworks
Décembre 2014


Conclusion
L'interview : Bob Bagchus

Le site officiel : www.facebook.com/official.soulburn