Le groupe
Biographie :

Sólstafir est un groupe islandais formé à Reykjavik en 1994, qui a évolué d'un pagan / black metal vers un metal progressif, toujours centré cependant sur une thématique païenne et viking. En Mai 1995, Sólstafir sort une première démo-tape intitulée "Í Norðri". En Décembre de la même année, six nouvelles chansons sont enregistrées, ce qui lui vaut une offre du label View Beyond Records pour finaliser quatre d’entre elles sur un mini-CD intitulé "Til Valhallar", qui sortira en 1996. Cette sortie bénéficie de chroniques favorables et c’est ainsi que le groupe commence à se faire un nom dans l’underground. En 1999 le groupe est signé par le label allemand Ars Metalli, et réalise l’album "Í Blóði og Anda" (également connu sous le titre anglais : "In Blood And Spirit") qui ne sera diffusé qu’en 2002. En Février 2002 Sólstafir enregistre la demo "Black Death". A la faveur d’une collaboration entre Ketzer Records et Neodawn Productions, cette démo sera produite à la fin de la même année sous forme d’un EP, limité à 500 exemplaires et numérotés à la main, qui sera sold-out  dès sa sortie. "Til Valhallar" et "Í Blóði Og Anda" ont ensuite été réédités en 2003 et 2004 par Oskorei Productions en direction de la Russie. "Til Valhallar" a été remastérisé, intégrant deux titres qui avaient été exclus de la précédente production, à quoi s’ajoutèrent une pochette couleur, des commentaires aux chansons, et un meilleur son. En 2004, du nouveau matériel en vue d’un album est enregistré, et trois de ces titres serviront de promotion, ce qui aboutira à un contrat avec Spikefarm Records. Tous ces titres seront ensuite retravaillés, et l’album sera fin prêt à sortir en Décembre 2005 : il s’agit de "Masterpiece Of Bitterness". En Décembre 2007, le groupe annonce qu'il se rend à Gothenburg en Suède pour enregistrer un nouvel album, celui-ci sort finalement au tout début 2009, toujours sur Spikefarm Records, et s'intitule "Khöld". "Svartir Sandar" suit en Octobre 2011 chez Season Of Mist. Après la réédition de "Í Blóði Og Anda" sortie en 2013, l'album "Ótta" sort en Septembre 2014. Le 26 Mai 2017, le groupe sort un nouvel album intitulé "Berdreyminn". "Endless Twilight Of Codependent Love" sort en Novembre 2020.

Discographie :

2002 "Í Blóði Og Anda"
2005 “Masterpiece Of Bitterness”
2009 “Köld”
2011 : "Svartir Sandar"
2013 : "Í Blóði Og Anda" (Réédition)
2014 : "Ótta"
2017 : "Berdreyminn"
2020 : "Endless Twilight Of Codependent Love"


Les chroniques


"Endless Twilight Of Codependent Love"
Note : 19/20

Sólstafir, rois du metal islandais, fêtent leurs 25 ans avec un septième album. Depuis leurs débuts en 1995 dans un viking / black, puis leur abandon progressif de ces racines pour un post-metal aux multiples influences, la formation a fait du chemin. Mené par Aðalbjörn Tryggvason (guitare / chant), lui et Svavar Austmann (basse), Sæþór Maríus Sæþórsson (guitare) et Hallgrímur Jón Hallgrímsson (batterie) nous présentent "Endless Twilight Of Codependent Love".

L’intensité sera à nouveau le maître-mot de cet album. On le remarque dès "Akkeri", le premier titre. Entre ce chant prenant, ces riffs aériens et viscéraux, cette basse qui souligne à merveille des passages qui empruntent au black metal et cette énergie brute, le groupe n’a rien perdu de sa superbe. Les tonalités dissonantes et pesantes de "Drýsill" prennent la suite, offrant une pause sombre dans cette vague ininterrompue d’harmoniques avant de renouer avec. Le son aérien vole lentement autour de nous, frappant par moments. "Rökkur" offre également une introduction calme qui pioche dans les tonalités folk avant de se dévoiler. On se retrouve pris au piège dans les ténèbres, entourés par des sons lancinants et des effets planants jusqu’à un point culminant. "Her Fall from Grace", le titre suivant, nous propose également un moment de quiétude avant de parer ses riffs d’un peu de saturation, mais l’ambiance générale reste plutôt douce.

"Dionysus" se montre agressive dès les premières notes, et révèle rapidement sa nature tranchante. Quelques parties sont plus calmes, mais le groupe conserve ce son grésillant, cette rapidité et ces cris qui prennent aux tripes. La courte "Til Moldar" renoue avec une douceur bienveillante, des claviers chauds et un chant presque plaintif avant "Alda Syndanna". Plus énergique, la composition est également entraînante, mais garde une petite part des émotions que le groupe injecte dans sa musique à chaque instant, en particulier sur le final. On continue avec "Or", un titre qui frôle le jazz par moments, mais qui revient sans mal sur des leads aguisés ou une rythmique planante avant de relâcher la pression en explosant. Deux fois. La féroce "Úlfur" est la dernière composition, et bien que relativement calme et lancinante, elle n’hésite pas à montrer les crocs grâce à des guitares sanglantes, reléguant au duo basse / batterie ce fond groovy et lourd avant de conclure sur une dernière explosion.

Sans conteste, Sólstafir nous offre l’un des albums les plus puissants de l’année. Pas en termes de violence pure, mais en termes d’intensité. "Endless Twilight Of Codependent Love" est un album viscéral, au potentiel infini qui mérite plusieurs écoutes afin d’être apprécié pleinement.


Matthieu
Novembre 2020




"Berdreyminn"
Note : 13/20

Sólstafir est un groupe islandais qu’on ne présente plus. Depuis quelques années, ils se sont largement imposés comme une figure de proue de la scène et apparaissent très régulièrement en festivals ou en tournées. Sólstafir, c’est une expérience. Et en ce sens, chacun la ressent différemment. J’avais eu cette conversation extraordinaire avec un ami qui me soutenait que le groupe était totalement surestimé, qu’il ne véhiculait aucune émotion et qu’il ne comprenait pas la hype. Moi, au contraire, je soutenais que c’était du grand art, et que Sólstafir me faisait regretter d’avoir passer mes cours d’islandais à faire autre chose que d’essayer de comprendre la structure grammaticale de cette langue. En fait, à chaque fois que j’écoute ce groupe, je me rends compte que l’islandais c’est merveilleux et que le peu que je parlais à l’époque c’était une véritable bouillie mal prononcée. On l’aura compris, Sólstafir c’est chez moi un émoi linguistique, mais aussi une joie musicale car ils savent souvent trouver sur quelle corde jouer pour provoquer en moi une avalanche d’émotions diverses et variées. Et que ceux qui ont pensé aux émotions provoquées par la découverte du feeldoe se sauvent, nous ne sommes pas dans le même délire. Malotrus.

La question qui se pose néanmoins avec ce nouvel album est la suivante : est-ce que Sólstafir réussit toujours à nous transporter ? Est-ce que la formule fonctionne toujours ? Et pour répondre à cette question, il faut couvrir un événement important dans la vie du groupe : le départ de Guðmundur Óli Pálmason, batteur et... tête pensante de l’affaire ? Je ne sais pas si son départ a à ce point bouleversé l’équilibre du groupe mais... force de constater que la magie s’est sérieusement affaiblie.

Alors que leur précédent album avait provoqué chez moi une véritable crise d’euphorie, me forçant à m’extasier sur la richesse des compositions des Islandais et sur le futur chef d’oeuvre que cet album représentait pour moi, ce "Berdreyminn" n’a rien de la superbe de son prédécesseur. Problème de taille déjà quand je me suis rendue compte après l’écoute de l’album qu’aucune chanson ne m’avait particulièrement marquée. Et pourtant, il y avait matière à faire. Citons par exemple "Silfur-Refur" qui proposait une approche un peu plus agressive qu’auparavant, mais qui au final... manque d’intensité malgré tout les efforts que fait Aðalbjörn Tryggvason pour insuffler cette passion au travers de son chant. Chant qui reste terriblement identifiable et caractéristique du groupe, mais qui ne suffit pas à sauver tout le reste. Sólstafir peine pourtant à réinstaurer des ambiances, talent qui était pourtant son point fort durant toutes ses précédentes productions. On pouvait ressentir la dureté de l’Islande au travers de chaque note, les étendues désertiques et glacées... là, je ne ressens pas ce que je devrais ressentir. Et cela m’ennuie. Ainsi sur "Hula", j’ai attendu avec espoir que le tout décolle et prenne enfin le bon chemin, sans succès. Mention spéciale cependant à "Dyrafjördur", si je devais sauver un titre sur cet album, ça serait ce dernier. De façon plus générale, on peut voir que la qualité s’améliore sur la seconde moitié de l’album avec des retours à une musique plus digne du génie de Sólstafir. Sans pourtant atteindre la superbe de ses précédents opus.

Quelle déception donc. J’avais tellement d’espoir après leur précédent album que j’en suis encore plus déconfite. Le fameux syndrôme du "J’aime donc ça me fera encore plus mal si ça ne me plaît pas". Je ne sais pas trop ce qui s’est passé avec ce nouvel album, mais Sólstafir trébuche et tombe du piédestal sur lequel je les avais hissés. Je suis un peu effarée de voir à quel point leur génie a été dilué, et au final on se retrouve face à un album correct mais tellement en dessous de ce que l’on pourrait attendre d’un Sólstafir. Je suis peinée, vraiment.


Velgbortlivet
Juillet 2017




"Ótta"
Note : 19/20

Je crois l’avoir déjà précisé dans une ancienne chronique : Sólstafir est un groupe génial. En quelques années, ils ont réussi à faire planer toute l’Europe, c’est un fait établi. Cependant après leur dernier album, sorti il y a maintenant trois ans, véritable chef d’oeuvre à mon sens, la question était de savoir si le groupe parviendrait à conserver cette identité si spéciale, et ce côté un brin hypnotique qu’ils cultivent depuis quelques années. C’est la question à laquelle je vais m’efforcer de répondre ici.

L’album s’ouvre sur "Lágnætti", titre résolument mélancolique. Première impression ici que mon cerveau me communique, le morceau correspond parfaitement à l’artwork de l’album. Un vieil homme seul sur une plage embrumée, devant une mer déchaînée. Le morceau est une véritable montée en puissance, du piano particulièrement planant on passe à une batterie qui s’impose. Le tout avec une subtilité des plus certaines. Le charme Sólstafir opère à nouveau, et ça dès le premier titre. Joli tour de force. Et un coup de coeur immédiat pour ma part.

Après cette introduction plus que jouissive, on enchaîne avec "Ótta". Et j’ai encore une fois envie de m’incliner devant le talent indéniable du groupe. Ce morceau pourrait représenter en lui-même la carte de visite des Islandais. Nostalgie et mélancolie se mêlent, les vocaux islandais d’une rare intensité nous emportent. J’ai déjà envie de crier au chef d’oeuvre. Poursuivons avec "Rismál". On y voit un retour des guitares atmosphériques, mais l’ambiance reste la même. Subtilement dosée et maîtrisée. J’ai bien envie de classer définitivement Sólstafir dans la catégorie des groupes qui savent "représenter" leur pays au travers de la musique. On sent l’atmosphère islandaise, ces déserts humains, cette solitude où l’homme côtoit la magnificence de la nature. Il suffit de regarder leurs clips pour comprendre de quoi je parle. Le titre suivant est "Dagmál" et il accentue de nouveau sur le côté atmosphérique et ambiant si propre au groupe. On y retrouve également des répétitions assez minimalistes, qui ne choquent pas, donnant une saveur particulière au morceau. Les vocaux se font plus chauds, peut-être plus "personnels", plus intimes. Et c’est encore une réussite. Et cette basse, bordel. "Miðdegi" me sort un peu de ma petite bulle, avec un côté plus enjoué. Peut-être moins mon genre, mais le rendu ne fait pas tâche et s’insère parfaitement dans la ligne conductrice de l’album, et ne la détériore nullement. Le tout est logique, pensé et réfléchi.

Place à "Nón" qui laisse une belle place aux vocaux. Et là, comme à chaque fois que je me penche sur Sólstafir, j’ai la même frustration. Pourquoi ces vocaux sont si hypnotiques ? Pourquoi l’islandais apparaît comme une langue si chantante, et si poétique, alors que quand je m’y essaie, on dirait une vache en train de s’étouffer ? Regret personnel donc. Le morceau est d’une grande diversité, entre montée en puissance et break mélancolique au piano. Et il est tout simplement génial, n’ayons pas peur des mots. Avec "Miðaftann", on arrive à la fin de l’album qui exprime la tombée de la nuit et du crépuscule. Et le pari est une fois de plus réussi. Décidément, ce piano est foutrement bien placé. Et moi je m’imagine parfaitement la nuit tomber sur ce morceau. Conclusion sur "Náttmál", morceau que j’ai ressenti paradoxalement comme étant doux mais torturé. Allez chercher. Quoi qu’il en soit, il achève cet album en apothéose, me laissant littéralement sur le fion devant le côté grandiose de la musique.

Que dire face à un tel talent ? Le constat est plutôt clair pour moi, Sólstafir n’a plus aucune preuve à faire. Certes, ils ont abandonné totalement leur côté black metal qui n’est plus qu’un souvenir. Mais franchement, qui oserait s’en plaindre devant la beauté de cet album ? Et d’un ressenti personnel, à une période de ma vie où le black metal pur et dur commence à m’énerver, Sólstafir est un groupe qui va vite entrer dans mes favoris s’ils continuent à pondre de telles merveilles. Je ne saurais donc que vous conseiller de vous y plonger à votre tour.


Velgbortlivet
Novembre 2014




"Í Blóði Og Anda"
Note : 14/20

Sólstafir, groupe islandais qui depuis quelques années déjà, fait son petit bonhomme de chemin dans l’industrie musicale, récoltant par la même occasion un nombre incalculable de critiques positives. Parce que oui, leur musique est quelquechose à vivre et à expérimenter, ceux qui les auront vu en concert comprendront ce que je veux dire. Connu principalement pour l’excellent "Fjara" qui est quasiment devenu un hymne et qui m’a personnellement profondément blasé de ne pas avoir réussi à apprendre un islandais correct. Assez parlé de moi, revenons à cette réédition de "Í Blóði Og Anda".

"Undir Jökli (Vetrarins Dauðu Sumarblom)" (ne me demandez pas de traduction, merci !) est à l’opposé direct de tout ce que je viens de vous raconter. Ce sont des cris hurlés sur un instrumental violent qui se font entendre. Hé oui, Sólstafir avant, ça ne rigolait pas. C’est assez amusant de voir qu’avant d’être ce groupe prisé pour ses ambiances magnifiques, on avait affaire à du bon gros metal ! Le second titre "Í Blóði Og Anda" en remet une couche. Bon, j’avoue avoir un peu de mal avec la voix. Ce n’est pas qu’elle n’est pas maîtrisée ou quoi que ce soit, c’est juste que j’ai du mal à y accrocher. L’instrumental est excellent, et entraînant. Un changement de rythme soudain permet d’appréhender un côté plus atmosphérique du groupe, se rapprochant davantage du groupe que l’on connait, mais est vite recoupé par une nouvelle vague de violence.

On poursuit avec "The Underworld Song" qui assène une rythmique très entraînante. Un morceau à majorité instrumentale, où la voix ne fait que quelques percées pour se rappeler à notre souvenir. Et un morceau d’une très grande qualité, qui vous rentre dans la tête, et que vous finissez par siffloter dès la fin du morceau (car oui, il y a quand même des rythmes répétitifs que vous pouvez retenir en l’espace d’une seule écoute). "Tormentor" innove avec un "choeur" de voix désincarnées qui accompagnent les vocaux principals, donnant une impression très... ténébreuse au titre ? J’ai toujours autant de mal avec les dits vocaux principaux, et accroche de ce fait plus à ces ajouts. La guitare s’impose, avec des riffs très entraînants qui clôturent le titre. "2000 Ár", cinquième titre, me choque une nouvelle fois avec les vocaux qui sont vraiment hurlés d’une façon vraiment étrange. Oui, je suis réellement perturbée. Autant l’instrumental ne me pose aucun problème, et me donne envie de me laisser porter, autant je retombe aussi sec à cause de la voix. J’apprécie une nouvelle fois, les brefs passages calmes où une certaine ambiance se laisse entrevoir, bien que rapidement coupée par une nouvelle salve de hurlements.

"Ei Við Munum Iðrast" donne à ses instruments un côté plus glacial... plus black metal en fait. On observe dans ce titre un contraste entre la mélodie très lancinante, et les vocaux. Cela donne un rendu dans les émotions assez contrasté. Et toujours, ces passages planants qui annoncent pour moi ce que deviendra le groupe dans les années qui suivront. On sent percer cette identité si spéciale qui a fait leur succès. Le fin du morceau est, à mon sens, totalement sublime car très mesuré et vecteur d’émotions. Le titre suivant "Bitch In Black" en plus de son titre inattendu, propose également une autre nouveauté : une voix claire chantée. Aurait-on affaire à une ballade des plus mélancoliques ? Hé bien non, on est vite rattrapés par le côté metal ! Instrumental. Ce titre est donc une alternance entre une instrumentale violente et portante et une voix mélancolique et lancinante. Un succès. J’adhère, et je valide. A la toute fin de la chanson, une voix aux relants «death» fait son apparition. Mais pour une fois, ces vocaux ne me choquent pas. Au contraire, ils s’intégrent très bien dans la chanson. Définitivement convaincue par ce titre.

Poursuivons avec "Í Víking" qui s’ouvre sur une ambiance très spéciale, presque glauque. Je dois reconnaître ça au groupe, ils savaient déjà parfaitement jouer sur les différentes orchestrations pour produire un effet ambiant des plus parfaits. Je suis de plus en plus convaincue par cette partie de l’album, qui s’éloigne des premiers titres hurlés auxquels je n’arrivais pas à accrocher. Forcément, ce n’est quasi plus que de l’instrumental, entrecoupé de phrases en islandais. Que je ne comprends pas. Ce qui donne un côté encore plus mystique au tout. Si, si, je vous assure. "Árstíðir Dauðans" clôture l’album sur cette même lancée. Une voix de femme accompagne la mélodie mélancolique. Ce titre est le plus long, et alterne une nouvelle fois entre les changements de rythmes divers. Comme pour le morceau précédent, je suis convaincue.

Cet album est étonnant. Dans sa première partie, j’ai eu du mal à accrocher de part la présence de ces vocaux qui m’ont semblé vraiment étranges. Pourtant, la deuxième partie m’a totalement retournée. J’y ai retrouvé le groupe aux ambiances si spéciales, qui réussissent sans mal à te faire planer et à te faire oublier où tu te trouves. Je suis donc assez partagée. Dans tous les cas, il permet de se faire une autre idée de Sólstafir et de voir ce qui les a conduit à devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Une expérience intéressante, mais troublante.


Velgbortlivet
Décembre 2013




"Svartir Sandar"
Note : 15/20

Et voilà, 2 ans après la sortie du superbe "Köld", Sólstafir nous revient sous la bannière de Season Of Mist, et pour fêter cette signature, c'est un double album appelé "Svartir Sandar" que nous propose le combo islandais... De quoi nous mettre l'eau à la bouche, même si de par chez eux, cette dernière est soit gelée, soit bouillante !!! Et d'ailleurs, Sólstafir, c'est un peu le mélange des deux, et leur musique, froide dans son ensemble, sait être chaude et réconfortante quand il le faut... Entre feu et glace, la pochette du petit dernier est en parfaite concordance avec ce sentiment, mais qu'en est-il vraiment de la musique ? Réponse dans ces lignes bien évidemment...

L'aventure commence donc avec un premier round de 39 minutes environs intitulé "Andvari"... Rapidement, on comprend que cette facette du nouvel album est la suite logique de "Köld", c'est-à-dire un rock / metal glacial empreint d'une profonde mélancolie, quelque part entre doom et stoner, mais pas que... On retrouve aussi un aspect assez psychédélique typique des années 70, ce qui fait de la musique du groupe une œuvre originale en tous points et reconnaissable entre mille. Le chant d'Adalbjörn Tryggvason y est bien sûr pour beaucoup dans cette identité musicale avec ce timbre unique, pas forcément d'une très grande justesse, mais bénéficiant d'un pouvoir évocateur extrêmement puissant qui sait vite faire oublier ses quelques défauts !!!

C'est une étrange sensation, mais à y repenser, j'ai l'impression que tout cela pourrait parfaitement faire l'objet d'une chronique de "Köld" justement... Ce n'est pas surprenant car avec ce nouveau "Svartir Sandar", Sólstafir ne révolutionne aucunement son style... Disons plutôt qu'il le peaufine, comme si chaque album était en quelque sorte une étape de la taille d'un diamant brut, travail qui le transformera au fil des sorties en un produit d'exception !!! Même si Sólstafir reste avec ce "Andvari" fidèle à son style et à son public, il le fait avec tellement d'intelligence et de maturité que personne ne saurait rester insensible à ses charmes...

La preuve en est le morceau "Fjara", véritable hymne de ce nouvel album qui vous restera en tête pendant des journées entières. Ici, la froideur du son s'allie à la chaleur des mélodies pour faire de ce morceau un véritable petit bijou qui saura toucher l'auditeur droit au cœur... Mais Sólstafir sait aussi varier les plaisirs, et le morceau suivant, avec des riffs plus rock, vous fera tout autant vibrer par sa rythmique que par les longues plaintes déchirantes du sieur Tryggvason. Bref, voilà une première partie parfaitement envoûtante composée de 6 chefs d'œuvre aussi géniaux qu'atypiques qui ne vous donneront qu'une envie : mettre très vite le deuxième disque dans votre platine !!!

Place donc à "Gola", composé des 6 morceaux a priori les plus rock de ce nouvel album. En effet, sur ces nouveaux morceaux, Sólstafir oublie quelque peu les passages planants qui font en partie le charme d'"Andvari" et base sa musique sur des rythmiques plus accrocheuses, en tendant donc plus vers le côté rock que psychédélique des années 70. Mais malgré tout, les deux aspects restent intimement liés, et finalement, à la réécoute, on s'aperçoit qu'on les retrouvait déjà sur la première partie de ce nouvel album, mais leur alternance ou leur complémentarité était utilisée pour donner plus de relief aux morceaux... Ici, étrangement, l'ensemble paraît plus plat, plus insipide !!!

Les ingrédients sont ainsi sensiblement les mêmes, mais les dosages de "Gola" doivent malheureusement être assez différents pour que le produit final soit moins savoureux que sur "Andvari"... Il manque un petit quelque chose qui aurait d'un côté relevé un peu le goût de l'ensemble, et de l'autre qui aurait rendu le tout plus homogène. Ces 6 morceaux ont finalement l'air moins travaillés, plus brouillons et ont ainsi un intérêt bien moindre, à l'instar de l'instrumental "Draumfari"... Étrange choix que d'enregistrer un morceau sans chant alors que celui-ci est essentiel et joue un rôle prépondérant dans l'identité musicale du groupe !!! Et que dire du morceau suivant qui commence par une femme qui parle comme s'il s'agissait d'un reportage du JT... Un petit peu irritant, surtout quand on ne comprend pas l'islandais !!! Dommage aussi de trouver ici le morceau donnant son nom à l'album, car sa qualité aurait été mieux mise en valeur avec les morceaux d'"Andvir"...

Bref, ce double album aurait pu être parfait si la première partie avait été plus longue, ou en tout cas, si le meilleur de "Gola" avait rejoint "Andvari" sur un seul et même disque intitulé "Svartir Sandar". Terminer l'écoute sur le deuxième disque donne ainsi une mauvaise image d'un album qui reste malgré tout très bon car tout le génie des Islandais a su se diffuser tout au long des 6 morceaux qui composent "Andvari". Là où Season pensait nous vendre du rêve, on se retrouve finalement face à un choix de packaging un peu douteux, et ce qui aurait pu devenir un album cultissime se retrouve reléguer au rang, très honorable malgré tout, de très bon album dont on n'écoutera que la première partie... Dommage !!!


Carcharoth
Janvier 2012




“Köld”
Note : 19/20

J’avoue que la première écoute de cette œuvre m’a vraiment décontenancé mais pas forcément négativement… Une explication s’impose, on m’avait "vendu" Sólstafir comme un groupe de black très ouvert musicalement certes, mais pour ce qui est des éléments black metal, je cherche encore ? Au contraire, post-rock me semble le terme le plus adéquat pour essayer de vous décrire cette galette, mais plus que jamais le mieux sera d’écouter pour vous faire une idée ! (Et je vous parle de l’album car les 2 extraits présents sur le MySpace ne sont pas forcément les plus représentatifs !) Imaginez Cult Of Luna et Neurosis qui copuleraient avec The Cure ou Pink Floyd…

Bon je vous l’accorde, il y a de grandes chances que le bébé fasse peur à voir, et bien Sólstafir c’est un peu ça, la laideur en moins, et le gothique metal en plus ! Une musique à la fois atmosphérique et planante, habitée par une mélancolie très prononcée… Une musique parfois subtile, parfois chargée sans jamais être brouillon, mais au contraire toujours efficace et qui nous offre une intensité de tous les instants… La lourdeur des ambiances, la présence de l’orgue, les boucles de guitare, la voix souvent hurlée, tout contribue a faire voyager l’auditeur de la plus belle des façons ! On sent un véritable travail d’orfèvre en matière d’orchestration, d’harmonie, chaque élément est à sa place et cela permet à l’auditeur de se focaliser sur l’élément de son choix sans jamais être noyer par la masse que forme la musique ! Ce genre d’exercice n’est possible que si la production est excellente, ce qui vous vous en doutez est ici effectivement le cas… Asseyez vous confortablement, le voyage commence…

Premier titre, et première tuerie, tout en groove et en classe, avec ces nappes de gratte qui se superposent, un long morceau instrumental très épique, qui pose les bases de l’art Sólstafir, à savoir celles d’une musique mélancolique et progressive, bref une superbe entrée en matière ! Et la suite va s’avérer tout aussi bonne pour mon plus grand plaisir ! "Köld" en deuxiéme piste se veut un titre terrible qui sonne bien doom, avec un chant très expressif question douleur et mélancolie…

J’ai envie de dire que le morceau 3 "Pale Rider" justifie à lui seul l’acquisition de cette galette, car en effet c’est ici je pense que transparaît tout le talent de Sólstafir… Ces quelques notes en son clair égrenées au début, une "jolie" mélodie triste qui ne sonne aucunement "kitsch" comme c’est trop souvent le cas dans le gothic metal, ce chant plaintif et colérique, ces couches de guitare qui se superposent pour un rendu chargé jusqu’à la gueule mais fait avec suffisamment de classe pour que cela ne soit jamais écoeurant, bref une tuerie !!!

Je me rends compte que j’ai oublié de vous parler de la batterie, et pourtant elle est toujours présente, appuyant avec classe le reste, se noyant dans la masse de la musique très chargée, ce qui n’empêche pas au batteur de se faire remarquer de temps en temps par des coups de cymbales subtilement placés… Une batterie presque discrète tant elle trouve sa place à merveille dans le mur de son qu’on reçoit en pleine figure… "She Destroys Again" en piste 4 confirme ce que je pensais… c’est qu’ils ont l’art du riff simple et efficace nos Islandais ! Le chant se fait plus suave et doux (tout du moins au début), mais attention je n’ai pas pour autant dit "mièvre" !!! (Un conseil : cet album mérite vraiment d’être écouté au casque si on veut en saisir toutes les subtilités et autres effets stéréos au meilleur de leur rendu.) Aux environs de 5 minutes apparaissent plus flagrantes que jamais les influences gothic metal dont je vous parlais, par la présence de cette partie presque dansante… mais l’accalmie sera de courte durée et le batteur achèvera ensuite de nous terrasser…

Un très beau moment d’émotion nous est offert en plage 5, "Necrologue" est en effet une superbe ballade triste, un titre un peu plus dépouillé musicalement et paradoxalement l’un des meilleurs. Voici le retour de cette voix si délicieusement mélancolique et une nouvelle démonstration de l’art d’écrire une mélodie touchante et génialement si simple pourtant ! Je me répète mais putain ce chant ! Si magnifiquement déchirant et poignant, ah je suis jaloux, nul doute qu’il doit "emballer" le Monsieur ! Si vous ne me croyez pas, écoutez la voix grave qui ponctue ce titre… rien à redire, la classe dans tous les registres vocaux abordés, putain c’est qu’il m’énerve lui !

Vient ensuite pour enchaîner l’étrange piste 6, comme un prolongement, comme une conclusion au titre précédent tant ils semblent faire partie d’une seule et même composition. "World Void Of Souls" , un titre qui nous parle d’âmes, peuplé de jolies voix spectrales, de sons étranges (bruits de chaînes ?), une musique fantomatique comme distante avec ces notes égrenées, cette voix grave narrative, qui m’a fait songer au Nick Cave des grands jours… Et bien, ils savent y faire quand il s’agit de poser une ambiance chez Sólstafir ! Petite remarque perso, je ne sais pas vous mais moi ça m’a vachement fait penser à l’alliance maudite Trent Reznor / Johnny Cash, les amateurs apprécieront… Un long morceau d’ambient plutôt minimaliste mais juste superbe encore une fois, du nectar pour les oreilles ! Et qui surprise, après vous avoir quasiment "endormi" façon de parler par une boucle fantomatique et hypnotique, s’énerve vers 8’30 quand on ne s’y attendait plus pour marquer l’aboutissement de cette très longue fresque sonore et épique de 12 minutes qui vous laisse bluffé !

"Love Is The Devil (And I Am In Love)", propose des guitares très rock’n’roll, un gros son, comme pour marquer la cassure avec le titre précédent, un peu comme si Sólstafir voulait nous montrer les différentes facettes de son art ? Nul doute que la richesse est présente chez les Islandais, c’est juste que ce titre sonne plus classique à mon goût et qu’en dépit de ses bons solos je préfère pour ma part le côté "planant" de leur musique… "Goddess Of The Ages" est le titre du morceau final, et tiens ! On dirait qu’ils m’ont entendu car on effectue ici un retour aux rythmes lents et tristes des débuts. On retiendra en particulier la présence de ce riff répétitif et quasi-hypnotique, même si je un je ne sais quoi le situe qualitativement pour moi un peu en dessous des autres titres de l’album… En tout cas voici un titre long, ambitieux, épique pour clore cet album d’une superbe façon.

Ce que je retiendrai : une empreinte musicale forte, un groupe atypique, un régal pour mes oreilles…. Alors un grand Merci à Sólstafir, à French Metal, à Spikefarm et Innovative Management de m’avoir fait découvrir cet OSNI qu’est Sólstafir ! A l’heure de la sensibilité exacerbée à deux balles et des émotions feintes (qui a dit émo ?), voici une galette qui a réussi l’exploit de me toucher profondément tout en me faisant voyager, alors OK on est qu’en Mars me direz vous mais je tiens là ce qui s’avère être pour l’instant LA surprise / révélation de cette année 2009, rien à rajouter !


Ihsahn62
Mars 2009


Conclusion
Le site officiel : www.solstafir.net