Le groupe
Biographie :

Originaire du Luxembourg, Sleepers' Guilt est un groupe de death metal mélodique qui réunit, dans un premier temps, trois anciens membres du groupe Ophidian : Chris T. Ian à la guitare, Rio Phil à la basse et Max Sauber à la batterie. Les trois compères sont ensuite rejoints par Patrick Shaul au chant et Manu De Lorenzi à la seconde guitare avec qui ils fondent officiellement le groupe en 2011. Un an après, ils sortent un premier EP éponyme puis un second en 2013 intitulé "Road Of Emptiness". En 2016, les Luxembourgeois passent à la vitesse supérieure avec un double album intitulé "Kilesa".

Discographie :

2012 : "Sleepers' Guilt" (EP)
2013 : "Road Of Emptiness" (EP)
2016 : "Kilesa"


La chronique


Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de chroniquer un groupe luxembourgeois. Aujourd'hui, nous allons pourtant nous pencher sur une jeune formation qui a décidé de frapper fort en sortant un premier double album. J'ai nommé, Sleepers' Guilt.

Si vous le voulez bien, concentrons-nous, tout d'abord, sur le premier CD. Dès les premières secondes, le groupe met le paquet avec une intro orchestrale très hollywoodienne. Entre l'ensemble de violons, les percussions et la plainte fantomatique du violoncelle, on est ici entre le film fantastique et le thriller. Puis, les guitares électrique et la batterie entrent en scène pour basculer vers un death metal aux accents épiques et orientaux à la Melechesh. Un gros riff qui envoie sur les couplets, un refrain épique dans lequel les orchestrations se mêlent au chant hurlé ; voilà qui a de la gueule ! Le problème c'est qu'autour de ça, le développement est assez laborieux et on finit un peu par s'y perdre. Dommage ! D'autant plus que ça ne s'arrange pas sur le deuxième morceau qui propose, de nouveau, un refrain assez classe entouré d'un bricolage de riffs pas très convaincants. Le tout desservi par un mauvais mastering qui assourdit l'ensemble de la musique. Force m'est de constater que malgré une belle introduction, ce premier CD débute finalement plutôt mal.

Cependant, après ces deux premiers titres, le groupe finit par abandonner les orchestrations grandiloquentes pour proposer un death mélodique plus classique qui se rapproche de plus en plus de Dark Tranquillity. Sur le morceau "Teardrop Bullet", la référence au groupe suédois devient même tellement flagrante qu'on touche à la copie conforme. Malgré le manque d'originalité, c'est pourtant quand ils copient leurs aînés que les musiciens de Sleepers' Guilt sont les plus convaincants ; en témoigne le très accrocheur "Dying Alive" qui séduira les fans du genre.

On aura tout de même droit à une fin d'album plus personnelle avec le titre "Super Nova" puis l'instrumental "Not For Words" qui viendra mettre en avant les talents de soliste des deux guitaristes. On espère cependant que le deuxième CD saura proposer quelque chose de plus accrocheur.

Ce deuxième disque est en effet assez différent. Le groupe y présente une belle pièce progressive ; un titre d'une demi-heure divisé en trois parties  intitulées "Kleshas", "Akusala-Mala" et "Vipassana".

Kilesa (ou Kleshas) est un terme issu du bouddhisme qui désigne les afflictions qui empêchent l'esprit de s'élever. On ne s'étonnera donc pas de retrouver des sonorités orientales dès l'introduction. A l'écoute de la première partie, on est agréablement surpris : le groupe parvient à nous proposer un morceau de plus de onze minutes à la fois personnel et bien construit. Les orchestrations orientales sont bien utilisées et parviennent à nous faire voyager sans affecter l'efficacité des sonorités metal. Une petite touche de chant féminin en fin de morceau vient même donner une petite coloration supplémentaire au morceau. Dommage que le mastering soit toujours aussi mauvais.

La deuxième partie de ce triptyque se révèle moins convaincante. On déplorera tout d'abord une transition assez mal pensée avec la première partie. Ensuite, malgré certains bons riffs, l'ensemble est une fois de plus mal mené et chaotique. Pour couronner le tout, le chant féminin introduit sur la première partie prend ici beaucoup plus de place avec un côté pop un peu mièvre qui colle mal à l'ensemble. Seul point positif : la conclusion avec les chuchotements qui offre une bonne transition avec les arpèges de guitare acoustique qui ouvrent la troisième partie.

Cette troisième partie, la plus longue, est aussi la plus intéressante de l'album. Certes, le chant féminin me dérange autant que sur la deuxième partie, mais à côté de ça, on a vraiment d'excellentes choses aussi bien dans les riffs que dans les orchestrations, le chant ou les soli. On a l'impression que Sleepers' Guilt touche enfin le sommet de son art. Une conclusion qui, mine de rien, relève sérieusement le niveau de ce double album.

Avec ce double CD et ses orchestrations soignées, on sent que Sleepers' Guilt a voulu se donner les moyens de frapper fort. Malheureusement, malgré de bonnes choses, le groupe a du mal à convaincre sur l'ensemble. On décèle cependant un talent indéniable dans chacun de ces musiciens. Reste à voir s'ils sauront, à l'avenir, le mettre mieux à profit que dans ce premier coup d'essai. Et, surtout, qu'ils prennent soin de la mastérisation !


Zemurion
Mars 2016


Conclusion
Note : 13/20

Le site officiel : www.sleepersguilt.com