Le groupe
Biographie :

Fruit d'une union improbable entre Trent Reznor et PJ Harvey qu’auraient bercés les mots tranchants de la littérature underground américaine (Hubert Selby Jr, Lydia Lynch...), Skinsitive est un projet hybride où les émotions se balancent d'une extrême à l'autre : violence, douceur, agressivité et légèreté se marient dans un univers quasi schizophrène. Les guitares saturées s'allient à des parties piano épurées, sous fond de samples et de batterie acoustique. Entre voix soufflée, chant clair et hurlé, Virginia B. Fernson ouvre en prêtresse, accompagnée d'Etienne(batterie), Wince (basse)et Brouff (guitare).

Discographie :

2012 : "Her(tz)oÏn" (EP)
2016 : "Somebodies"


Les chroniques


"Somebodies"
Note : 15/20

Début 2016, Virginia, fondatrice et fer de lance de Skinsitive, lance le deuxième opus du groupe. Comme sur le premier, on est toujours dans cette ambiance lancinante, avec des paroles claires qui sont la partie forte du groupe. S’appuyant sur une batterie à la présence discrète, une guitare pas plus puissante que cela mais qui rentre dans un mix agréable, la voix fait clairement office d’élément et même d’instrument principal. Après de multiples tournées et des dates en pagaille, le groupe s’est un peu calmé au niveau de la puissance, ce qui donne des morceaux plus rationnels et plus  réfléchis.

Chaque morceau de cet album est une histoire, ils démarrent par une introduction, plus ou moins énervée, s’appuyant tour à tour sur le chant, sur les ambiances parfois électriques des guitares, ou sur quelque chose de plus electro. La voix de Virginia est vraiment le centre gravitationnel de Skinsitive tant elle est omniprésente. Le mix est pensé et voulu dans ce sens, il est simple et efficace, on regrettera cependant quelquefois une batterie trop en retrait et des synthés trop présents, mais l’ensemble est vraiment de très bonne facture. Loin d’être dans les caricatures, Skinsitive, avec ce deuxième opus, offre donc quelque chose de plus construit, plus réfléchi, mais également peut-être plus accessible, se rapprochant des sonorités de groupes que l’on a connus dans les années 90 et qui ont fait le bonheur de la scène française. Un rock engagé, un peu sale sur les bords, avec de vrais passages grunge derrière. Les références de Skinsitive à NIN ou à des groupes plus progressifs ont disparu, une nouvelle ère commence, avec des sonorités et des constructions plus rock, mais des constructions intelligentes et un vrai effort de fait au niveau de la voix qui agit comme guide tout au long des 13 morceaux que nous offre le voyage "Somebodies". Plaisant à l’écoute, l'album est cependant quelque peu rébarbatif lors de certains morceaux, c'est sur scène que la puissance du groupe doit sans doute donner la pleine mesure de ce rock simple et sentant la sueur. Néanmoins, avec des textes déclamés avec fougue et envie, on se surprend à ré-écouter l'album une fois terminé. Les guitares saturées, il n'y a rien de mieux…

La voix écorchée et vive apporte sa touche émotionnelle tout en se voulant tranchante, électrisante, hypnotisante par moments, elle vient se poser un peu maladroitement dans sa prononciation franglaise sur des pièces instrumentales quelquefois trop simplistes, mais outre ces "désagréments", l’auteur averti se rendra compte que, finalement, c’est un album prometteur pour 2016 que nous propose Skinsitive avec "Somebodies". Et c’est en écoutant le treizièeme et dernier morceau, "June", que je me dis qu'il faudra aller les voir au moins une fois en concert cette année, s'ils tournent.


Sam
Mars 2016




"Welcoming The Crow"
Note : 15,5/20

Un projet. Voici comment se définit  Skinsitive,  groupe de Virginia B. Fernson. Un projet prometteur rajouterons-nous. Parce que oui voilà, Virginia ne fait pas simplement que poser les bases de quelque chose, mais elle crée véritablement un univers complet. Entre douces mélopées et moments plus noirs, l'ensemble reste plus tenté par le côté sombre de la force. Un chant féminin en anglais assez entêtant, des parties renforcées par des claviers. Il y a un côté Trent Reznor aux travers des morceaux. Vous savez, ce cîté indus mais pas totalement, où le rock viendrait titiller le bout de feuille de chou qu'il nous reste.

14 titres sur des faux rythmes dérangeants, avec une bonne dose de mélodies. D'ailleurs contrairement à certains groupes où le tout s'emballe et ou on ne retrouve plus l'esprit de quoique ce soit, Skinsitive, du début à la fin de ces morceaux, prône des moments langoureux, souvent dans ses couplets laissant la place à un duo "claviers-voix" des plus entêtants. Skinsitive donne également les clefs de la direction des morceaux à la basse pour des rythmiques décallés. Le groupe, bien qu'évoluant fortement aux frontières d'une scène indus, ou se rapprochant du grand Trent Reznor, Skinsitive garde sa propre identité et sa propre conception des morceaux. Développant un univers, une ambiance, des ambiances et une conception de l'histoire assez intéressante. L'ensemble de la galette raconte et nous emmène dans un univers créé de toutes pièces. Construit sur des choses simples : mélodies de piano pour les couplets, voix très présente pour la plupart des morceaux, c'est justement ce duo qui dessine les contours des morceaux, et donc du groupe en lui même, et de l'histoire qui en découle le long de ces morceaux. Les refrains sont souvent construits à base de guitares saturées et de grosse batterie. Les 14 morceaux passent assez lentement, l'album coule comme un fleuve tranquille, oscillant entre les chuchotements et les parties plus énervées de la frontwoman. Très peu d'erreurs de jeunesse, très peu d'erreurs tout court, si ce n'est des fois de se perdre un peu dans les méandres de sa propre musique.

Quelquefois lassants et un peu longuets, les morceaux auraient parfois besoin d'êtres amputés d'une voire plusieurs minutes. La question se pose ensuite de l'intérêt de ces morceaux sur l'histoire. Car il faut bien le dire, Skinsitive c'est véritablement l'ensemble des musiciens et des morceaux au service d'une histoire et non pas l'inverse. La voix entêtante nous transporte dans cet univers un poil Burtonesque. On se trouve vite emporté par les côtés noirs de la chose, et on se laisse aller à une écoute paisible en se laissant porter. La production très bonne renforce bien comme il faut l'ensemble des morceaux en proposant quelque chose véritablement de bien équilibré et d'agréable à l'écoute. Skinsitive lance donc son premier opus de trois volets, calme, sombre et mélancolique, il apporte une bande son à notre film interne. Skinsitive est à découvrir, au calme, avec un bon verre les yeux fermés...


Sam
Juin 2012


Conclusion
Le site officiel : www.skinsitive.com