"Within Corrosive Continuums"
Note : 17/20
Skelethal marche à nouveau. Deux ans après leur split avec les Canadiens d’Outre-Tombe,
le groupe lillois mené par Gui Haunting (chant / guitare), Lucas Scellier (guitare) et Julien
Bouly (basse) dévoile Within Corrosive Continuums, son troisième album studio, chez Hells
Headbangers Records.
Le groupe a fait appel à Ilmar Marti Uibo (ex-Necrowretch, ex-Bloody Sign, ex-Chaos
Echoes…) pour l’enregistrement de la batterie.
"Creation?" nous ouvre lentement les portes d’un death metal putride et old school mais
relativement accrocheur qui accélère soudainement lorsque "Spectrum Of Morbidity" débute,
activant ses racines virulentes pour accueillir les parties vocales caverneuses. Quelques
parties lead plus tranchantes se mêlent à la mixture poisseuse pour apporter une touche
criarde et entêtante aux moments plus lents, puis les mouches nous volent avant que
"Mesmerizing Flies At The Doors Of Death" n’offre ses premiers riffs suintants et oppressants,
qui finiront par accélérer. Ils deviendront tout aussi épais et sauvages que les précédents,
profitant du blast pour asseoir leur violence avant de revenir à la putréfaction en nous
menant à l’inquiétante "Eyes Sewn Mouth Full" où la dissonance s’installe progressivement
pour finalement libérer des influences grind entrainantes.
Le morceau ralentit pour
conserver son angoisse originelle entre deux vagues de fureur, puis c’est avec la lourdeur
que va jouer "Upon The Immemorial Ziggurat", tout en la mêlant habilement à quelques
touches plus vigoureuses pour garantir une atmosphère énergique. Les leads sombres
laisseront place à un break en son clair intrigant, mais la saturation ne mettra pas longtemps
à reprendre le dessus pour que le groupe continue à nous piétiner sans modération tout
comme sur "Fatal Abstraction" qui propose tout d’abord une approche assez ténébreuse pour
finalement relâcher toute sa puissance. On notera l’efficacité du duo basse / batterie qui
laisse une grande liberté aux guitares pour développer des tonalités sanglantes, mais
l’album arrive déjà à sa fin avec "Within Corrosive Continuums", la composition éponyme, qui
laisse aux quatre musiciens plus de douze minutes pour tisser un son d’abord brumeux, puis
ensuite violent comme à leur habitude, avec toutefois ces petites touches de complexité
maîtrisées avant un break mystérieux qui nous ramènera à la violence pour refermer
l’instrumentale.
Les racines de Skelethal restent ancrées dans la quintessence du death old school, avec
une pointe d’originalité pour la dernière composition. Si vous cherchez à vous fracasser la
nuque, "Within Corrosive Continuums" est l’album qu’il vous faut.
"Unveiling the Threshold"
Note : 17/20
Skelethal sort de la tombe. Créé en France en 2012, le groupe démarre grâce à Gui
Haunting (chant / guitare). Depuis, Lucas (guitare, Mortal Scepter), Julien (basse) et
Lorenzo Vissol (batterie, Bütcher, Schizophrenia) l’ont rejoint, et c’est "Unveiling the Threshold", le deuxième album du groupe, qui sort.
On démarre sur "Sidereal Lifespawn", un titre gras et putride qui sent le death old school à
plein nez. Les quelques samples ajoutent des tonalités inquiétantes aux riffs du groupe, et
cette noirceur s’étend également à la voix. Même constat pour la perçante "Anthropomorphia",
une composition aux leads tranchants qui s’intègrent à la perfection à cette rythmique
lourde, frappant sans relâche. "Emerging From The Ethereal" est la suivante, et c’est avec un
groove malsain et une énergie d’outre tombe que le groupe nous assène ses riffs. Le titre
est martial, et la guitare lead transperce cette couche épaisse pour nous lacérer, alors que
"Repulsive Recollections" nous roule également dessus. La rythmique est rapide, et le blast
permet au groupe de nous vomir leur mélange morbide en pleine face.
La rapide "Cave Dwellers" va rassurer ceux qui doutaient de l’aspect brut de la musique du
groupe, en offrant deux minutes de blast, de cris caverneux et de riffs gras, alors que "On
Somber Soil" se permet de créer une ambiance lancinante grâce à une rythmique
hypnotique. A nouveau, la graisse coule littéralement des cordes des musiciens, et les
harmoniques plus techniques ressortent de ce mix épais. On passe à "Adored With The Black
Vetebra", un morceau au tempo rapide. Le son semble sortir tout droit du caveau, et nous
frappe violemment avant de revenir sur des ambiances morbides. Dernier titre, "Abyssal
Church... The Portal Reve" prend le temps de nous envelopper d’une noirceur grasse, de
sonorités inquiétantes et d’une oppression qui grandit avant d’arriver à cette rythmique
puissante qui nous crache littéralement en pleine face.
Bien que n’ayant pas encore atteint dix ans d’existence, Skelethal prouve son savoir-faire.
"Unveiling the Threshold" aurait pu sortir il y a trente ans, et démontre une fois de plus que le
death old school n’est pas une question de génération.
"Of The Depths..."
Note : 17/20
Vous pensiez que le death metal gras et crasseux n'était réservé qu'aux Suédois ? Eh bien c'est faux, et ce ne sont pas les Français de Skelethal qui diront le contraire. Formé en 2012 à Lille par Jon Whiplash (basse, batterie, ex-Infinite Translation) et Gui Haunting (chant, guitares, ex-Infinite Translation), les deux hommes commencent rapidement à composer un death metal old school pointu. Si pour les lives ils font appel à Hélène (guitare puis basse, jouant aussi pour Agony After Cumshot) et Lucas (lead guitare, également présent dans Mortal Scepter), ils restent seuls maîtres à bord, et la formation sort une démo ainsi que deux EPs avant d'aboutir à "Of The Depths...", leur premier album qui est disponible depuis le 23 Juin. Place à la mort.
L'album débute avec "Sons Of Zann" qui ne laissera aucun doute quand aux influences du groupe. Les riffs sont maîtrisés et efficaces, tandis que le chant de Gui est sale au possible. "Spectral Cemetery" laissera place à un peu plus de technique de la part des musiciens, alors que les hurlements deviennent de plus en plus effrayants, alors que "Chaotic Deviance" nous permettra d'observer que le groupe peut parfois lorgner sur une rythmique thrash afin de placer une guitare lead au son démoniaque. Si le blast est omniprésent, c'est aussi pour accélérer un peu la composition. Un monumental son de basse nous introduira à "Glimpse Of The Great Purpose" puis vient la rythmique qui se fait plus imposante que jamais. Nouvelle bûche rapide avec "Catharsis" qui dure à peine deux minutes, mais qui laissera le temps aux musiciens de placer un solo efficace, et on enchaîne avec "Pantheon Of The Abyss" qui introduit des tonalités plus épiques. Pourquoi s'embarrasser de samplers lorsqu'on peut compter sur des riffs aussi sanglants que ceux de "Scaly Smelly Death" ? C'est tout bonnement inutile et le groupe le sait, jouant parfois sur des harmoniques pour plus de tranchant. "Outer Conviction" viendra fendre quelques crânes avec son blast furieux, tandis que "Morbid Ovation" débute sur un son de cloche. Ce titre fait encore une fois la part belle à une rythmique sans compromis, alors que l'album touche presque à sa fin, mais non sans un solo très inspiré. Très généreux, les Français ont pris le temps d'enregistrer deux titres bonus pour la version CD. Vous aurez tous reconnu "Soon To Be Dead" de Dismember sous le son gras de Skelethal pour une interprétation rapide, alors que le deuxième bonus est une composition originale, "Macabre Oblivion". Rempli de passages techniques, ce titre est tout simplement celui auquel j'ai le plus accroché. Les parties lead et les solos en font un must-have !
Le son des Français a été façonné par les riffs des maîtres en la matière, mais Skelethal, sans toutefois innover dans un style surpeuplé, se défend très bien. Les compositions sont vraiment efficaces, aucun titre ne ressemble au précédent et le mix reste de qualité tout en gardant cet aspect savoureux que les connaisseurs apprécient. A noter que c'est également Jon qui s'occupe de la pochette, qui est très horrifique, à l'image du groupe !
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