"Les Dires De L'Âme"
Note : 19/20
Silhouette a façonné son premier album dans l’ombre. Deux ans après son premier EP, le
groupe montpelliérain composé d’Achlys (guitare), Ondine (chant, ex-Bovary), Yharnam
(chant, Glumurphonel), Grise (basse), Zhand (batterie, Eternal Hunt) et Vyartha (guitare)
dévoile "Les Dires De L'Âme" chez Antiq Records.
La douceur de "L'Appel" nous envoûte sans attendre, s’aidant de notes planantes et du chant
calme d’Ondine, alors que la noirceur se fait de plus en plus présente, jusqu’à rendre le final
lyrique inquiétant. La saturation apparaît dès les premiers instants de "Catalepsie", que ce soit
dans la rythmique lancinante ou les hurlements de désespoir de Yharnam qui rendent le
contraste encore plus intense et déchirant, mais le morceau est empreint d’une mélancolie
résiduel qui file jusqu’à "Dialecte Onirique" où les leads glaciaux se développent. On sent
également que les riffs sont plus imposants, offrant un parfait refuge aux deux voix torturées
tout en rendant la composition aussi étouffante que fascinante, alors que l’explosive
"Silhouette" nous surprendra avec son explosion virulente. Le son est partagé entre violence
et beauté, s’ancrant dans les tonalités saisissantes qui surgissent par vagues avant de
retrouver une part de douceur aérienne sur "Adoubée Des Étoiles", qui laisse la chanteuse
seule avec l’instrumentale, retrouvant progressivement ses teintes sombres.
"Les Dires De L'Âme" s’embrase à nouveau, se laissant malmener par l’agressivité latente qui ira même
jusqu’à rendre certaines parties vocales d’Ondine menaçantes aux côtés des cris de son
camarade, et de la guitare d’Olivier Dubuc (Maudits, Zëlot). On aurait pu penser que le
morceau allait s’apaiser sur le final, mais il n’en est rien, tout comme sur "Une Lame Éprise" où
le son est immédiatement imposant, nous projetant dans cet épais brouillard d’oppression
pure, qui ne nous libère que temporairement sur le break. Le violon de Raphaël Verguin (In
Cauda Venenum, Psygnosis) vient donner à "Litanie Contre La Peur" ses touches
angoissantes qui contrastent avec la brutalité dont les musiciens font preuve, mais ils nous
autoriseront finalement un moment de flottement avec l’introduction de "Dysthymie". On
retrouvera des patterns hypnotiques orientés post-metal sur cette nouvelle composition
menée par Ondine, mais le black metal ressurgit sans mal lorsque Yharnam revient à la
charge, mêlant les deux atmosphères avant que "L'Éveil" ne fasse revenir les claviers et
orchestrations pour un final grandiose mené par la jeune femme.
L’intensité de Silhouette se développe avec "Les Dires De L'Âme", créant un voile de noirceur
saisissant lorsque le groupe décide de se consacrer aux mélodies, et étouffant lors des
passages agressifs. Le groupe s’était démarqué avec un très bon premier jet, mais leurs
progrès sont impressionnants.
"Les Retranchements"
Note : 18/20
Silhouette sort de l’ombre. Créé en tant que projet solo par Achlys (guitare) en 2019, le
projet évolue lorsque le musicien décide de recruter Ondine (chant, ex-Bovary), Yharnam
(chant, Glumurphonel), Grise (basse), Xes (guitare, Horror Within) et Zhand (batterie,
Eternal Hunt). "Les Retranchements", leur premier EP, sort en 2022 sur le label Antiq.
L’EP débute avec "Ascension", une douce et courte introduction qui met en avant la voix
féminine, soutenue par quelques riffs aériens tout en faisant croître lentement l’intensité pour
que "La Première Neige" ne la fasse exploser avec un black metal mélodique et dissonant.
L'impressionnant contraste entre les deux voix est alimenté par une rythmique pesante, qui
permet à la mélancolie profonde de faire ressortir toute sa rage et ses différentes nuances,
alors que le son devient plus brut sur "Au Seuil De L’Oubli". Les hurlements malsains et les
saccades donnent la réplique à une voix enchanteresse, et le duo parcourt ce paysage
dévasté et lancinant. La beauté des riffs se mêle à cette énergie impure avant que le groupe
ne ralentisse encore le tempo pour laisser la place à "Interlude", une courte composition qui
laisse la vocaliste jouer avec une douce rythmique.
Clément Château (Hortus Deliciarum)
se joint au groupe pour "Les Retranchements", le titre éponyme, afin d’ajouter une voix claire
masculine au mélange obsédant, qui sait se montrer aussi agressif avec ses influences
DSBM qu’apaisant avec les riffs hypnotiques. La noirceur s’embrase soudainement avec
"L'Etreinte De La Chute", un titre au tempo rapide qui s’apaisera à peine lorsque le chant clair
vient poser son voile de douceur sur le son. Les leads perçants chevauchent sauvagement
cette rythmique effrénée, qui sera brisée avant de reprendre avec des tonalités explosives et
majestueuses qui viendront mourir à nos pieds juste avant "Outro", la dernière pièce qui
referme l’EP avec ce chant féminin si doux et apaisant.
L’univers de Silhouette est fait d’un contraste saisissant. Entre le DSBM incisif et les parties
plus douces, "Les Retranchements" propose une douceur hypnotique et une noirceur
abrasive. Le groupe sait exactement où il va, et c’est dans les ruines de ce paysage dévasté
que nous suivons les musiciens.
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