"Amongst The Low & Empty"
Note : 18/20
Le nouvel album de Signs Of The Swarm approche ! Créé par Bobby Crow (batterie) en
2014 aux Etats-Unis, le groupe qui compte également sur David Simonich (chant), Michael
Cassese (basse) et Carl Schulz (guitare) signe chez Century Media Records et annonce
en 2023 la sortie de "Amongst The Low & Empty", son cinquième album.
"Amongst The Low & Empty", le premier titre, démarre immédiatement avec une mosh part
dévastatrice, ancrant le groupe dans la violence la plus brute, complétée par les hurlements
démoniaques. Quelques claviers plus modernes viennent légèrement tempérer les vagues
de rage, alors que "Tower Of Torsos" leur donnera à nouveau le champ libre pour déverser
leurs riffs saccadés écrasants, faisant du titre un break quasi-continu. Un très court moment
de répit arrive avant le final dévastateur, qui nous laissera avec l’inquiétante "Pray For Death"
et ses sonorités sombres qui restent tout de même extrêmement agressives et lourdes. Les
musiciens laissent des influences mathcore folles rejoindre leur deathcore massif avant que
"Borrowed Time" ne prenne le relai, offrant son groove énergique sous des harmoniques
dissonantes et planantes. "Between Fire & Stone " viendra répandre sa noirceur pesante en accueillant
les hurlements qui s’approchent progressivement avant de faire exploser la rythmique tout
en se déchaînant de manière monstrueuse, puis le groupe nous propose quelques tonalités
plus douces pour débuter "Shackles Like Talons", avant de lentement faire renaître leur
sauvagerie pour la laisser s’enflammer à nouveau.
On retrouvera tout de même quelques
leads plus doux et entêtants, tout comme sur "Dreamkiller" qui dévoile quelques influences
djent groovy et accrocheuses, rejointes sur la fin par des tonalités aériennes. "The Witch
Beckons" revient à la brutalité viscérale avec une approche plus traditionnelle de sa violence,
tout en plaçant quelques parties plus techniques et en accueillant Matthew K. Heafy
(Trivium, Ibaraki) au chant, puis le groupe nous assomme littéralement avec "Echelon" et son
approche moderne, qui n’hésite pas à inclure quelques influences noise perturbantes. Les
riffs restent extrêmement efficaces, tout comme sur "Faces Without Names" qui va jouer sur
quelques parties lead et une basse relativement énergique pour rythmer sa rage infusée
d’influences hardcore. Le final electro nous mène à "Malady", la dernière composition, qui va
mettre fin à ce chapitre en injectant des racines beatdown dévastatrices, renforçant leur
base déjà déchaînée qui se laisse mourir sous la saturation.
Bien que toujours ancré dans le deathcore, Signs Of The Swarm a évolué, et propose avec
"Amongst The Low & Empty" un son moderne aux influences diversifiées pour appuyer sa
violence. Si vous n’êtes pas fermés à l’expérimentation, vous allez l’adorer !
"Absolvere"
Note : 17,5/20
Sorti en 2021, "Absolvere" confirme que le deathcore ultra précis de ces petits bourrinos de Pittsburgh, Pennsylvanie, ne cesse de s’affiner et que désormais, on peut aisément établir le fait que ces gars sont dans la place. En effet, deux ans après un "Vital Deprivation" déjà bien solide, le quintette prouve ici qu’il en a encore sous le pied.
"Absolvere" est un disque impactant, dont le son accroche tout de suite et établi une base solide consolidée par de multiples riffings à l’interprétation chirurgicale, le tout sublimé par un chant dont l’aspect guttural n’entache en rien l’élocution, elle aussi très précise. Ainsi on comprend bien les textes, et les multiples timbres de voix, tantôt plutôt hardcore, à d’autres moments plus "screamés" voire même parfois en clean mais la majorité du temps en mode raclement de fond de gorge, ajoutent de la diversité à une musique qui propose déjà d’elle-même de multiples contours. Ainsi, on passe de climats ténébreux, modernes, aux sonorités inquiétantes à des salves intrépides où les guitares se fusionnent à la basse et à la batterie pour devenir de véritables machines à tout défoncer. Evidemment, tout n’est pas évident, et malgré les sempiternels breakdowns abusés, les sursauts de pédale whammy ou tout autre effet généralement usités dans ce style de metal en particulier, on sent bien la volonté de Signs Of The Swarm de se dégager un tantinet des archétypes trop poussifs qui engluent une bonne partie de cette scène à proposer des clones de clones de groupes déjà eux-mêmes clones d’un autre. Après, ne nous méprenons pas, nous sommes face à un disque made in Unique Leader, et le cahier des charges imposé depuis quelques temps par le label a été respecté à la lettre.
"Absolvere" est carrément dans les clous de ce que le gros monstre américain, distributeur de brutalité depuis 1999, a à nous proposer depuis quelques années. Cependant, on peut se rassurer à l’écoute des 10 titres qui ponctuent cet album de rentrer dans un univers sonore attrayant, car mine de rien, la musique de Signs Of The Swarm comporte en elle divers éléments qui rendent l’écoute attractive, et surtout attentive. Mine de rien, cet album a plus à proposer que des enchaînements de parties techniques et tracées au cordeau, il y a constamment, durant l’écoute, des moments plus atmosphériques, d’autres plus inquiétants, et tout cela s’équilibre par rapport à d’autres aspects bien plus rentre-dedans. Les parties en homorythmies si chères à Meshuggah ou Fear Factory sont finalement peu nombreuses, et l’écoute est constamment mise à contribution grâce à diverses cassures ou agencements surprenants, ce qui fait qu’en 40 minutes au total, l’album se renouvelle et nous porte jusqu’à son terme avec beaucoup de facilité. Petit à petit, le groupe glisse vers une démarche un poil plus intellectualisé de sa musique sans pour autant en devenir chiant, et on se surprend à en prendre plein la tronche avec toutefois une once de subtilité, comme cette tête qui se prend paradoxalement un livre en pleine caboche, le tout dans une esthétique moderne. Car avec une pochette qui, malgré une symbolique qui se veut certainement troublante ou dissimulée, et le titre du skeud qui, d’un point de vue religieux signifie absoudre, peut-être que la formation américaine veut se nettoyer de ses penchants plus rentre-dedans pour mettre en avant un côté plus réfléchi dans sa musique.
Quoi qu’il en soit, qu’on le veuille ou non, force est de constater que le Signs Of The Swarm 2021 est à la fois solide, mais également assez introspectif, et révèle une facette du groupe qui jusque là n’avait été que peu exploitée, celle d’ajouter de l’émotionnel et du climat dans ses compositions. Cela bien sûr, toute proportion gardée, n’est perceptible qu’en filigrane, "Absolvere" est avant tout un album qui poutre, qui secoue les tripes, qui plombe sa race. Encore un disque excellent dans un genre qui, même s’il se mort la queue, continue d’engendrer des putains de bons skeuds.
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