On se rappelle de la finesse de "Warning Blast", premier album des poètes de Siege Of Power qui comprend en ses rangs des membres d'Asphyx, d'Autopsy et Grand Supreme Blood Court. Ils remettent le couvert avec "This Is Tomorrow" qui présente quelque chose d'un tout petit peu plus contrôlé avec un album certes un peu plus court qui présente onze morceaux au lieu de vingt mais dont la durée s'approche cette fois plus des trois minutes.

"Warning Blast" enchaînait les missiles d'à peine deux minutes et atteindre les trois relevait de l'exception, cette fois c'est plutôt la norme sans que le groupe ne se soit vraiment calmé pour autant. On avait droit à du death old school et bien gras avec des relents thrash et punk et dès l'ouverture de l'album avec "Force Fed Fear", on sent que Siege Of Power n'a pas vraiment changé son fusil d'épaule. On sent une fois de plus les sonorités punk mélangées à un death metal teigneux et bien gras qui fonce dans le tas sans réfléchir. Le thrash se fait sentir quand le groupe lève un peu le pied et pose des riffs plus vicieux, la durée un peu plus longue permettant de glisser un peu plus de variations de tempo. On a toujours ce groove typiquement death metal qui casse des nuques et une agressivité brute qui fait tout aussi mal, ce qui n'est pas étonnant quand vous rassemblez autant de bouchers dans un seul groupe ! "Sinister Christians" démarre avec des riffs qui sentent le thrash à plein nez avant de ralentir brièvement le rythme avec des mélodies plus sombres et des riffs bien plus lourds et gras. L'aspect plus contrôlé mentionné plus haut ne doit pas vous induire en erreur, la musique de Siege Of Power n'a pas perdu en puissance ni en brutalité. C'est simplement que le groupe maîtrise mieux ses pulsions et que ce sentiment d'urgence typiquement punk est un peu plus contenu, mais tout ça reste quand même une belle boucherie bien saignante et dont le dernier contrôle des normes d'hygiène remonte à loin. "Scavengers", quant à lui, prend un rythme plus posé pour nous lâcher un groove ravageur dans les gencives à provoquer un headbanging incontrôlable, avec quelques mélodies et riffs qui font ressortir de lointaines influences heavy metal (bien cachées sous la graisse et le sang quand même).

Chassez le naturel, il revient au galop ! "Zero Containment" reprend les vieilles habitudes du groupe sur son premier album et atteint à peine les deux minutes trente. Une durée pendant laquelle il ne se perd pas en palabres et fonce dans le tas sans ménagement avec un solo à grands coups de vibrato, tout à l'ancienne, et avec une bonne dose de gras là encore. "As The World Crumbles" surprend par son tempo plus lourd et ses mélodies glauques qui suintent la mort par tous les pores et font même entendre une certaine mélancolie ! Après la boucherie frontale des morceaux qui l'ont précédé, celui-ci crée une rupture de ton intéressante et amène de la profondeur à un album tout de même très direct et brutal. Une ambiance que "Oblivion" va s'empresser de ranger au placard avec ses airs de "Black Magic" de Slayer sur les couplets, en version boostée et bien plus nerveuse évidemment. "Deeper Wounds" qui suit crée une autre rupture avec ses six minutes et ses riffs et leads carrément black metal qui apportent forcément une ambiance bien plus froide que le reste de l'album. C'est l'autre différence par rapport à "Warning Blast" , Siege Of Power se fait un peu plus varié et n'hésite pas à sortir des passages plus mélodiques qui partent carrément dans le doom sur la deuxième partie de ce morceau. "The Devil's Grasp" part d'ailleurs dans un registre black / thrash / rock / punk crasseux qui n'atteint pas non plus les trois minutes et renoue lui aussi avec l'urgence du précédent album. On reconnaît les pattes des groupes dont viennent les membres évidemment et tout ça mélange donne une fois plus une mixture brutale, groovy, crade et pour tout dire jouissive. Qui plus est, "This Is Tomorrow" est bien produit et fait entendre un son suffisamment puissant, propre et clair tout en gardant la petite couche de saleté nécessaire sur les guitares et la basse.

Siege Of Power est donc de retour avec un deuxième album un peu plus contrôlé, plus varié aussi mais qui ne fait aucun compromis pour autant. C'est toujours agressif, vicieux, crade et brutal à souhait donc si "Warning Blast" vous avait donné envie de tout exploser, ce "This Is Tomorrow" prendra la relève sans problème et se fera un plaisir de réveiller les mêmes pulsions.

Voyons si vous êtes doués pour les devinettes, si je vous dis que Siege Of Power regroupe dans son line-up Bob Bagchus (ex Asphyx, ex-Soulburn, ex-Grand Supreme Blood Court), Theo van Eekelen (ex-Grand Supreme Blood Court, ex-Houwitser), Paul Baayens (actuel Asphyx, ex-Hail Of Bullets) et Chris Reifert (Autopsy, ex-Abscess et Death), vous pensez à quoi comme style de musique ? Du djent progressif mélodique à tendances goth et electro ? Bien joué, vous tapez dans le mille !

Blague à part, c'est évidemment du bon vieux death gras et primitif que ce premier album nommé "Warning Blast" nous met dans la tronche avec des morceaux qui ont la plupart du temps bien du mal à atteindre les trois minutes, c'est dire la sophistication de la bête ! Au death old school se rajoutent des relents de punk et de doom bien dégueulasses, comme si Asphyx et Autopsy avaient copulé avec Abscess en quelque sorte, pour reprendre les groupes des divers membres de ce nouveau projet. Le chant de Chris Reifert contribue évidemment à rendre le tout encore plus primitif et crade tant le gaillard a l'habitude de presque vomir son chant. Il n'y a évidemment aucune débauche technique ici, les riffs sont simples et basiques, la batterie se cale presque toujours sur le même rythme en dehors des passages les plus pesants et les blasts sont tout simplement inexistants. Pour autant, Siege Of Power défonce tout sur son passage, ce feeling presque punk insuffle une rage qui manque à bien des groupes de death récents. Pour vous donner une idée, dites-vous que l'album contient vingt morceaux pour une durée de quarante-six minutes, ça devrait vous situer le niveau de finesse de "Warning Blast". Quand on connaît les différents projets et groupes des membres présents ici, il n'y a aucune surprise mais on est toujours contents d'entendre du bon matos dans ce style-là et ce premier album de Siege Of Power fait incontestablement partie de cette catégorie.

Quand ces cinglés ne foncent pas dans le tas comme des bourrins et qu'ils lèvent le pied, cela fait le même effet que chez Autopsy, à savoir donner dans un doom bien crade et poisseux. Et pour le punk, dites-vous qu'un morceau comme "Uglification" dure à peine une minute trente, on est à la croisée des chemins entre le punk et le vieux grind à papa. De façon assez surprenante pour un groupe pareil, le son est assez propre et puissant, je m'attendais à un son de guitare bien gras et baveux mais pas du tout. L'orientation plus primitive permet en tout cas à Siege Of Power de se démarquer un peu des autres projets de cette bande de fous, parce qu'à une époque entre Hail Of Bullets, Grand Supreme Blood Court et Asphyx, on avait certes du très bon mais on avait surtout pas mal de groupes qui évoluaient dans un registre très similaire en dehors de quelques subtilités propres à chacun. Là, on sent un mélange d'un peu tout le monde mais cela donne du coup un projet à part sur la scène, quelque chose de plus brut et bien plus compact que ce qui se fait chez la concurrence. Comme je le disais, le morceau le plus long de l'album dure quatre minutes et la plupart se contentent de deux, donc "Warning Blast" ne prend jamais le temps de se poser et balance la purée vite fait bien fait. D'ailleurs, "The Cold Room", puisque c'est son petit nom, nous paraît bien longuet avec ses quatre minutes, étirant un pattern assez basique qui nous fait dire que le morceau aurait pu être soit plus court soit un poil plus varié, mais bon, rien de bien grave.

Premier album très efficace dans le genre death old school, rageur et poisseux. Siege Of Power se situe à la croisée des styles pratiqués par les autres groupes de ses membres donc si vous aimez la crasse et le death old school qui pèse des tonnes, foncez, vous ne serez pas déçus du voyage.