"Shade Among Shades"
Note : 14/20
Et c’est reparti pour de l’ultra violence. Trois ans après "Bushido Codex", le groupe de Caen nous assène d’une galette malfaisante. La première chose à noter, c’est que le registre du groupe a évolué pendant ces trois ans. Plus criard, plus sombre, plus dissonant.
Une galette de 6 chansons, qui dure tout de même près de trente minutes.
C’est lourd, c’est pesant. On a l’impression d’être enfermé dans une chambre capitonnée. C’est d’ailleurs tout le concept de l’album. Une voix pas forcément mise en avant, une voix dont on a l’impression qu’elle est étouffée. Et des bruits stridents. La plupart des chansons "I Told You Why I’m Here", "To The Broken Minds", "Scar Manifesto", commencent par des larsens. Du coup, on se sent en concert, et ça ne fait qu’augmenter l’angoisse musicale que fait naître cet album. Originalité, qui pourtant quand elle se répète, a légèrement tendance à lasser.
"Shade Among Shades", c’est un peu comme être dans la tête d’un schizophrène. En atteste ainsi la structure du premier morceau "I Told You Why I’m Here". Une certaine polyrythmie, une batterie dont on a l’impression qu’elle frôle le black metal par moment, et des riffs qui s’enchaînent, et qui nous étonnent à chaque fois par le chemin qu’ils empruntent, sans pour autant dévier de la principale direction, l’asile psychiatrique, bien entendu.
En effet, sur cette chanson, c’est comme s’il y en avait plusieurs à la fois. A noter la fin, d’ailleurs, toujours cette impression de concert, avec un solo de batterie, grosse caisse, chinoises, et charleston, solo qui se ralentit au fur et à mesure, pour se transformer et retentir en début de "Shade Among Shades", un larsen de guitare accompagnant cette batterie langoureuse.
Puis le riff, qui là, me fait penser à Céleste. Ambiance totalement sombre donc. Des morceaux plutôt lents et lourds. Lents ? C’est sans compter sur la suprise de "To The Broken Minds", où on peut avoir l’impression que le groupe retourne à son premier amour : le grind, et ce par la vitesse mise en place, non pas par l’entente d’un brouhaha incommensurable.
En fait, on a l’impression que sur cet album, c’est la batterie qui est mise en avant, batterie, comme je l’ai dit présente à la fin de "I Told You Why I’m Here", qui débute "Shade Among Shades", ainsi que "For The Weak".
Et jusque là, on peut se dire que les morceaux suivent correctement la nouvelle ligne directrice que s’est fixée Sickbag.
Tout de même, la dernière chanson "Night Prowler", peut sembler à part, puisque le début de cette chanson paraît un peu stoner (oui enfin, vite fait, et puis bon, c’est mon impression), totalement groovy. Mais là encore, c’est un leurre, puisque le morceau devient tout de suite pesant, mais le riff de guitare est toujours là pour nous remémorer le groove. Et chanson qui se finit en ballade, enfin, un riff un peu plus plaisant, dans le sens plus enthousiasmant, moins agonisant que les autres. La voix de Julien, tout de même là pour donner le ton.
Alors, que retenir de cet album ? Sickbag a changé de cap, c’est indéniable, Un cap plus sombre, un cap qui vient des trips, on comprend tout de suite mieux les raisons pour lesquelles ils font leur promo avec leurs amis de Boys First Time. Non ce n’est pas la même chose, mais oui, c’est la même ambiance.
Sickbag, ça vient des trips, et rien que cela mérite le coup d’oreille. Même s’il faut l’avouer, pour une oreille non avertie, ces six chansons peuvent traîner en longueur. Mais après tout, c’est une question de goût.
"Bushido Codex"
Note : 18/20
Jettez vous sur "Bushido Codex", cet album monstreux construit d’une dizaine de titres à la croisée d’un grind des plus violents et d’un hardcore des plus mastocks ! On dirait à s’y méprendre que Napalm Death jamme avec Born From Pain, mais en mieux. Le son est parfait, tous les instruments sont à leur place, la basse et le chant ne sont pas cachés au loin derrière les guitares et la batterie n’enterre pas tout à coup de grosses caisses assourdissantes. 20/20 pour la prod ! Dans l’ensemble, le grind l’emporte sur la majorité des titres. La première piste "Bushido Codex" blaste d’entrée de jeu et pose les fondations de l’abattoir qui va vous couper en rondelles puis vous passer à la moulinette au long des 28 minutes que dure cette galette. Les touches hardcore se font entendre dès le second titre "Hibakusha", petite bombe nucléaire qui traverse différentes phases alternant le blast au hardcore viscéral pour revenir sur le thème de départ après s’être essayé à quelque chose de moins direct et plus ambiancé. Donc nous avons déjà en deux titres un échantillon représentatif du talent de Sickbag. Du bourrin sans fioritures, efficace et direct ; et des structures d’avantage élaborées à la fois captivantes, heavy et énergiques qui ne nous laissent pas nous reposer une seule seconde. Ensuite les titres s’enchaînent et passent même la vitesse du death sur "Le Gang Des Postiches", chanson à circle-pit par excellence. Puis ça continue avec les riffs légèrement dissonants de "Room 57" et "Whose Next", pour se terminer avec le duo "Without Lucky Star Hero", chanson très progressive qui doit faire monter une pression de dingue sur scène et "Empire Of Disgust" avec son intro jouée sur un vieux piano dont on entend les marteaux claquer sur les cordes avant que les grosses guitares, la voix caverneuse et le blast ne reviennent droit sur nous avec un riff hyper puissant qui ne nous procure qu’une seule envie : remettre tout de suite ce CD dans la platine et le réécouter encore des millions de fois. Je vous promet, c’est ce que vous ferez !
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"A Perfect World (Of Shit)"
Note : 16/20
La galette commence avec un son trés brutal dés les premières notes du
premier morceau, histoire de présenter directement sans détours le registre
de Sickbag. "A Perfect World (Of Shit)" est donc lancé. Rapide, éfficace,
avec une voix hargneuse maitrisant des cris bien gutturaux sur un fond
sonore assez carré dans l'ensemble. Tout cela nous offre une sorte de
mélange entre death et grind en passant par une touche de hardcore encadrée
par des riffs lourds alternant quelques coups de speed bien placés.
La troisième piste, "Self-pleasing dirigeant" change assez de contexte
puisqu'elle est plus posée, plus lente mais toujours aussi lourde, nous
entrainant dans une ambiance plus mélancolique avec toujours ces petits
coups de speed par ci, par là, donnant tout le charme aux compositions. Elle
se termine impeccablement sur un chant haché à la manière des vocalistes
hardcoreux façon Dillinger Escape Plan.
"Le Coup Dla Sthack !", le quatrième morceau de cette nouvelle démo est
assez intéréssante, rapide puisqu'elle ne dure que 41 secondes. Courte mais
intense en blast, la batterie boost bien à la "grind attitude" et le chant
se veut assez rapide.
Notre galette se termine donc sur un morceau aussi blastant que le premier,
histoire de cloturer l'affaire en beauté. Un bon son, un bon style, un
certain professionnalisme et un charisme certain... Voilà ce qui pourrait
définir Sickbag. A voir en live... Me voilà impatiente.
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