Contemplons les paysages de Shylmagoghnar. Créé en 2004 par les musiciens
néerlandais Nimblkorg (chant / tous instruments) et Skirge (claviers / chant), le projet mettra
dix ans à nous offrir un premier album. Quatre années plus tard, le groupe signe avec
Napalm Records et dévoile son deuxième album, suivi du départ de Skirge. C’est donc
seul que Nimblkorg compose et nous propose "Convergence", sa troisième oeuvre.
L’album débute par "I Hear The Mountain Weep", la plus longue des compositions, qui va
progressivement nous émerveiller et nous enfermer dans ses sonorités les plus aériennes
avant de laisser la saturation et les percussions se dévoiler. La rythmique martiale reste
dans cette approche planante tout en accueillant des harmoniques perçantes, complétées
par des claviers majestueux sous lesquels les riffs deviennent plus agressifs, avant de
finalement laisser place à "Follow The River" qui laisse les hurlements rauques s’intégrer au
mélange épiques. Le ton est bien plus menaçant, laissant quelques leads dissonants
recouvrir la base solide qui adopte naturellement des influences folk ou des murmures qui
s’enflamment à nouveau en nous menant à la féroce "Threshold" et à ses patterns agressifs
qui s’apaisent pour laisser les guitares enchanter notre esprit. On notera également
quelques parties plus old school plus vives et tranchantes, mais aussi ce final relativement
inquiétant qui laissera place à l’enjouée "Strata" et à ses tonalités entêtantes qui contrastent
naturellement la rythmique saccadée. Des touches plus complexes se font sentir, surtout au
niveau de la basse, puis c’est par la fureur que le musicien se laisse gagner avec ces
accélérations efficaces, qui ne prendront fin que pour laisser "Gardens Of The Erased"
développer ses sonorités cybernétiques étranges.
L’atmosphère reste tendue grâce aux
percussions, mais c’est avec "Egregore", le morceau suivant, que le musicien renoue avec
ses racines black metal tout en plaçant des parties vocales brutes ou plus étouffées tout en
nous contant son récit, entouré par des claviers. La basse groovy vient nous accompagner
pour débuter "Infinion", donnant une touche accrocheuse à la composition instrumentale avant
de laisser les leads recréer ces paysages musicaux grandioses que l’on parcourt avant de
retrouver la noirceur sur "Convergence", le titre éponyme, et ses riffs énergiques. Les
éléments mélodieux restent tout de même présents pour donner à la rythmique toute son
ampleur, puis c’est une voix monstrueuse qui nous accueille sur "The Sea", suivi par une
approche lancinante qui se développe via des sonorités relativement inquiétantes en
arrière-plan, ainsi que quelques murmures et même des passages plus calmes où la
saturation est absente avant de s’éteindre lentement. L’album prendra fin avec "Becoming",
composition occupée dans un premier temps par des claviers modernes avant de revenir à
des sons plus oppressants, puis à la quiétude du piano.
Shylmagoghnar est un projet incroyable. Entre les longues instrumentales, les tonalités
aériennes, les racines old school et les hurlements bruts, le groupe manie chaque élément
à la perfection, faisant de "Convergence" un album complet et incroyablement riche.
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