Il est rare, et c’est bien souvent le fruit du hasard, mais l’on a parfois la chance, en tant que rédacteur, de faire la critique de plus d’un album du même groupe. Dans mon cas, j’ai eu à faire la chronique des trois albums de Shotgun Rodeo, ce qui me permet l’avantage de suivre leur évolution. Formée en 2008, la formation norvégienne nous propose donc ici son troisième album complet en carrière. Ce qui m’apparaissait comme une troupe thrash metal nouveau genre a maintenant évolué en un hybride de metal traditionnel, thrash et metal moderne. D’ailleurs, en fin de bio accompagnant cette copie promotionnelle, le groupe fait mention qu’il aurait été fier de sortir cet album en 1980, tout comme ils sont convaincus qu’il a sa place au sein du metal moderne, comme Avenged Sevenfold par exemple. Ils n’ont pas tort tant plusieurs des morceaux de "Double Barreled Vengeance" comportent des similarités avec ce que Avenged propose aujourd’hui.

Ce troisième album marque aussi la première participation au chant de Katy Sacry, qui a pris la balle au bond suite au départ pour raisons personnelles du chanteur du groupe. Membre de Klaymore, Mme Scary réalise ici un travail remarquable, sa voix s’harmonisant parfaitement avec la musique du groupe. Elle fait partie de ce lot de chanteuses au grain de voix éraillé, qui n’hésite pas à crier et à user de puissance dans sa voix. Considérablement orienté vers les guitares, produites avec soin, l’album ne laisse pas en reste la section rythmique. Sans faire dans le plus complexe, elle vient ajouter la touche de profondeur requise pour ce genre de metal dynamique. D’ailleurs, la basse, simple et efficace, ressort tout de même bien dans le mix, et ajoute au sentiment de "lourdeur" tout le long de l’album.

Comme je le mentionnais en début de chronique, malgré que cet album soit plus rock dans son ensemble, l’on retrouve tout de même des petits bijoux de thrash comme la déjantée "Mushroom Clouds". C’est par contre, contrairement aux précédents albums, l’un des rares moments de l’album qui fait dans ce genre. En effet, dès la pièce suivante, "Boys In Blue", c’est plus face à une énième version de Halestorm à laquelle nous faisons face. Cependant, n’allez pas croire que le groupe ne se contente de suivre la vague, comme en témoigne la folle et éclectique "Knuckle Sandwich", avec ses voix growlées et ses guitares hystériques. Du bonbon ce morceau. On en redemande.

Somme toute, "Double Barreled Vengeance" est l’exemple parfait de ce que doit être le metal moderne aujourd’hui. Et je mets quiconque au défi de ne pas au moins une fois de laisser aller à une bonne séance de headbanging durant les quarante-sept minutes de ce rodéo !

Deuxième album pour ce groupe norvégien, actif depuis 2008. La Norvège nous a surtout habitués à des formations black et death metal plutôt qu’à des groupes de metal traditionnel. Shotgun Rodeo fait justement dans le metal brut à saveur moderne, dans la lignée des Pantera et autres Nevermore. C’est donc dire que vous aurez ici affaire à des pièces rapides et sans fioritures, assez directes dans l’approche. Clairement le groupe ne fait pas de quartier, quitte à sacrifier un peu au niveau de la mélodie, le tout étant plutôt linéaire dans l’ensemble. Les pièces se suivent et s’enchaînent sans vraiment laisser d’empreintes. Ce n’est pourtant pas à défaut de qualité par contre.

En effet, rien à redire sur la production, solide et de son temps. La voix est mise de l’avant, le tout appuyé par une puissance section rythmique, dynamique et agressive ainsi que des guitares solides, accompagné par des solos inspirés. C’est plutôt le côté répétitif des pièces qui vient gâcher ici la sauce. Difficile de se remémorer l’une ou l’autre des chansons, et ce même suivant de multiples écoutes.

Clairement l’effort est au rendez-vous. Les gars sont sérieux et leur musique en témoigne. C’est soigné et travaillé, et on ressent l’intérêt qu’à le groupe à porter bien haut le flambeau de ce genre de metal. Dire que cela manque d’originalité serait de mauvaise foi et ferait de l’auteur de cette chronique un pêcheur dans ce similaire manquement. On pourrait parler ici du syndrome "Disturbed". On ne peut nier le talent de la formation à Draiman, et pourtant, nombreux sont les vidéos humoristiques décriant la recette étirée à son maximum de la formation. Je crois malheureusement que cette étiquette pourrait se coller à Shotgun Rodeo si la formation ne parvient pas dans le futur à trouver sa propre voix (et voie).

P.S. Je salue toute de même le titre "Y.O.P.B." (Yoko Ono Psycho Bitch) pour son originalité !

Le thrash semble être revenu au goût du jour, du moins si l’on se fit à mes 5 ou 6 dernières chroniques. Shotgun Rodeo, directement de Norvège, s’ajoute à l’exhaustive liste de ce sous-genre fort populaire. À la différence près que cette fois-ci, plutôt que d’imiter les anciens, le groupe s’efforce de moderniser son approche, d’insuffler du nouveau dans un style de loin saturé.

Moins criard et atonal, la performance vocal de Espen Bjøru, membre du groupe depuis 2013, est impressionnante, démontrant des qualités autant au niveau mélodique que dans des parties criées ou carrément "growl". Les guitares ajoutent au son franchement moderne du groupe, "dowtuned" et grasses à souhait (l’intro de l’excellente "Saving Myself" en l’exemple parfait). Additionnez au mélange une section rythmique rapide et énergique, accompagnée d’une production résolument de son temps et vous obtenez le son Shotgun Rodeo. On notera au passage le remarquable travail apporté à la construction des pièces, chacune d’elle proposant des riffs plus marquants les uns des autres, des solos peaufinés avec soin, en une véritable tâche d’orfèvre.

Je critique souvent les parties vocales des groupes de thrash, tendant plus souvent qu’autrement à être monotone. Sur "World Wide Genocide", je serais de mauvaise foi si je m’osais à dire que c’est le cas. La variété des mélodies et l’utilisation de différents types de chant, tel que ci-haut mentionné, permettent au groupe de se doter d’une identité qui lui est propre.

Ce premier album complet suivants deux EPs est impressionnant de par sa qualité et le savoir-faire du groupe. En effet, dès les premières pièces, nous sommes rapidement aspirés dans cette tornade de metal moderne. Cela dit, n’allez surtout pas croire que Shotgun Rodeo fait dans le nu metal ou dans le metalcore, au contraire. Il y a clairement tout au long de cet album un souci méticuleux de faire évoluer le style, d’actualiser le genre. Définitivement une agréable surprise que ce "World Wide Genocide", qui saura plaire aux mélomanes les plus difficiles, en quête de fraîcheur dans leur style privilégié.