Le groupe
Biographie :

Shining est formé en 1996 par Niklas "Kvarforth" Olsson, qui restera par la suite l'unique compositeur et leader de la formation. Malgré un line-up instable, le groupe sort son premier EP en 1998. Parallèlement, Kvarforth fonde son propre label, Selbstmord Services, qui produira le deuxième album du groupe, ainsi que d'autres groupes de black metal. En 2000 et 2001, Shining réalise les deux albums "I - Within Deep Dark Chambers" et "II - Livets Ändhållplats". Sort en 2002 l'album "III - Angst, Självdestruktivitetens Emissarie". Le style s'éloigne progressivement quelque peu des standards du genre telles que Burzum, en utilisant un son particulièrement travaillé et puissant et des guitares plus énergiques et agressives. En Août 2004, Kvarforth annonce la fin du groupe ainsi que de Selbstmord Services, mais le groupe sort néanmoins l'album préalablement prévu "IV - The Eerie Cold". "V - Halmstad" paraît en 2007 et "VI - Klagopsalmer" en 2009. Sur les derniers albums, on remarque l'apparition croissante d'influences hard rock ou blues. En Janvier 2012 sort leur huitième album "Redefining Darkness". Une compilation, "8½ - Feberdrömmar I Vaket Tillstånd", suit en 2013 et contient des chansons enregistrées entre 2001 et 2002. Le neuvième album du groupe, "IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends", sort le 21 avril 2015, suivi de "X - Varg Utan Flock" en Janvier 2018, et de "Shining" en Septembre 2023.

Discographie :

1998 : "Submit To Selfdestruction" (EP)
2000 : "I - Within Deep Dark Chambers"
2001 : "II - Livets Ändhållplats"
2002 : "III - Angst, Självdestruktivitetens Emissarie"
2005 : "IV - The Eerie Cold"
2007 : "V - Halmstad"
2009 : "VI - Klagopsalmer"
2011 : "VII - Född Förlorare"
2012 : "Lots Of Girls Gonna Get Hurt" (EP)
2012 : "Redefining Darkness"
2013 : "8 ½ – Feberdrömmar I Vaket Tillstånd" (Compilation)
2015 : "IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends"
2018 : "X - Varg Utan Flock"
2018 : "Oppression MMXVIII" (Compilation)
2023 : "Shining"


Les chroniques


"Shining"
Note : 17/20

Shining se redresse. Créé en 1996 en Suède par Niklas Kvarforth (chant, Høstsol, ex-Bethlehem), le groupe change relativement souvent de line-up au cours des années. En 2023 et accompagné par Peter Emanuel Huss (guitare, Shadowquest), Alexander “Impaler” Friberg (basse, Mefisto, ex-Firespawn, ex-Necrophobic), Nicholas Barker (batterie, Twilight Of The Gods, ex-Brujeria, ex-Cradle Of Filth, ex-Dimmu Borgir, ex-Lock Up…), Charles Edward Hedger (guitare, Mayhem, ex-Cradle Of Filth) et Tuomas Tahvanainen (claviers), il annonce la sortie de "Shining", son douzième album, chez Napalm Records.

Avec "Avsändare Okänd", le premier des six titres, le groupe nous enveloppe lentement dans une noirceur inquiétante peuplée de cris terrifiants qui nous amènent progressivement vers une instrumentale lancinante où l’on rencontre les hurlements bruts du vocaliste. Le break apaisant conserve une atmosphère pesante, en partie alimentée par le chant clair, mais la saturation revient rapidement alourdir et assombrir l’horizon tout en laissant les guitares proposer des leads envoûtants qui tranchent avec les éléments les plus viscéraux avant que "Snart Är Dom Alla Borta" ne prenne la suite, laissant à nouveau la quiétude nous accompagner vers les vagues ténébreuses. Le son reste partagé entre douceur et violence oppressante, laissant des influences diversifiées s’intégrer à la lente marche, qui s’enflammera avec le retour des vociférations, mais c’est avec la douceur du piano que le son s’éteint pour faire place à "Allt För Döden" et à son approche plus agressive.

Les parties plus calmes restent imprégnées de noirceur, et la fureur n’est jamais loin pour faire exploser la rythmique sous un blast dévastateur et des hurlements inhumains. Le final mystérieux laisse le claviériste placer des touches mystiques et planantes pour contraster la dissonance, puis "Fidelis Ad Mortem" nous replonge dans cette quiétude sombre et inquiétante avant que la rythmique ne reprenne peu à peu le dessus, accompagnée par des choeurs étranges en arrière-plan. La guitare lead propose une envolée entêtante avant de revenir dans la chorale fantomatique, puis "Åttahundratjugo" prend la suite avec des claviers relativement mélancoliques et presque joyeux par rapport aux précédents morceaux. L’interlude est de courte durée, et il laissera "Den Permanenta Sömnen Kallar" nous hypnotiser avec ses premiers riffs, qui rejoignent une batterie solide puis quelques hurlements déchaînés avant de se laisser à nouveau gagner par l’apaisement, suivi par une nouvelle vague de rage et un final incroyablement calme.

Chaque album de Shining possède sa propre identité et ses influences uniques, faisant de l’écoute une véritable expérience avec sa part d’inattendu. Shining n’échappe pas à cette règle, mêlant quiétude, rage, mélancolie, fureur et noirceur dans un flot d’oppression.


Matthieu
Septembre 2023




"X - Varg Utan Flock"
Note : 13/20

Il y a maintenant trois ans, Shining sortait "IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends" et ce fut une réelle déception. Cet album manquait cruellement d'inspiration et n'était qu'un patchwork d'anciens morceaux. On avait alors la drôle impression de réentendre des morceaux déjà connus mais réchauffés et pré-mâchés, cet opus n'avait donc pas vraiment d’intérêt même s'il n'était pas non plus mauvais car ça restait du Shining. Nous voilà donc en 2018 et après le départ de Christian Larsson à la basse remplacé par Marcus Hammarstrom, le groupe sort son dixième album très attendu, "X - Varg Utan Flock". Que nous réserve ces six nouveaux morceaux ?

Le mystère n'est que de courte durée car dès le premier titre, "Svrt Ostoppbar Eld", très roots, avec de forts accents punk, on a encore ce goût de déjà-vu. Le même problème revient et c'est encore plus flagrant avec "Jag Är Din Fiende". Là, on frôle le ridicule tellement ça sent le copier-coller. Ces deux morceaux sont ainsi loin d'être révolutionnaires mais restent très accrocheurs, ce qui est tout de même une bonne chose.

Ensuite, outre un intermède au piano et un "Han Som Lurar Inom" pas transcendant mais au moins différent, Shining crée enfin la surprise ! En effet, deux titres sortent complètement du lot et donnent entière satisfaction, et il se trouve qu'ils sont tous les deux plus calmes. Niklas aurait-il plus d'inspiration dans ce registre plus posé et émotionnel ? Il y a tout d'abord "Gyllene Portamas Bro" qui est superbement bien composé avec des riffs prenants et aériens, tout en pureté et simplicité. Le second, "Mot Aokigahara", nous transporte dès les premières secondes avec sa guitare acoustique, planante, tout en légèreté. Des éléments plus tristes viennent ensuite étoffer le morceau en apportant une belle mélancolie. C'est froid et en même temps reposant, tout en captivant nos oreilles. Et la fin du morceau, un black metal cru et spontané pour le moins inattendu rajoute de l'intensité et une richesse qui font tant défaut dans les autres morceaux, là où le groupe se cantonne à ce qu'il sait déjà faire.

C'est donc une écoute très mitigée avec ce dernier Shining, le groupe a toujours voulu six morceaux dans ses opus et cela limite les possibilités et les chances de se rattraper. Il y a donc de très bons éléments mais la plus grande partie de l'album tourne en rond, comme le précédent. L'impression de recyclage et le manque d’imagination se font une nouvelle fois grandement sentir, mais il y a peut-être un espoir si le groupe continue sur la lancée de ces deux excellents morceaux que sont "Mot Aokigahara" et "Gyllene Portamas Bro". A eux seuls, ils font remonter le niveau et rendent cet opus meilleur que le précédent qui était vraiment vide de passion.


Nymphadora
Janvier 2018




"IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends"
Note : 11,5/20

Enfin un nouvel album de Shining à se mettre sous la dent ! Il s’agit de leur neuvième opus, "IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends" arrive chez Season Of Mist, et on l’aura attendu celui-là, à savoir trois ans d’attente depuis "Redefining Darkness" sorti en 2012. Shining a sorti un album entre temps mais il s'agissait de reprises d’anciens titres, donc rien de nouveau. On est ainsi heureux de découvrir ce petit dernier qui surprend d'emblée avec un artwork s’éloignant de leurs habitudes. Ici c’est une pochette plutôt vive, montrant une démarche plus artistique. Cela nous rend encore plus curieux de découvrir l’album qui se compose de 6 titres.

On commence l’écoute par une introduction, "Den Patvingade Tvasamheten", et quelle introduction ! On dirait du power épique néoclassique ! C’est simple, cela ressemble à du Rhapsody en plus sombre et sobre. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi mais cela n’a aucun rapport avec les morceaux qui vont suivre ! On a, pour le coup, du mal à comprendre leur démarche…

Les nouveautés sont minimes et l’on reconnaît facilement le groupe avec ses riffs et ambiances typiques ainsi que le chant particulier de Niklas. Certains morceaux semblent d'ailleurs peu recherchés tellement ils sont vus et revus. C’est le cas en particulier pour "Vilja & Drom". Il ressemble tellement aux titres des albums passés que l’on doit presque vérifier si on écoute bien la bonne piste… Rien que du réchauffé et c’est bien dommage. Sinon on trouve des passages plus progressifs, surtout dans "Bösok Från I(ho)nom" qui est le meilleur titre de l’album, et de loin. Les titres restants ne sont pas folichons… En effet, on s’ennuie grandement avec "Inga Broar Kvar Att Bränna", et "Framtidsutsikter" débute bien, dans une ambiance acoustique, sympa, mais devient lassant sur la fin. Et que dire de "Människotankens Vägglösa Rum" ? C’est loupé, sans profondeur, répétitif, avec une démonstration de solo peu utile.

La déception est grande avec ce "IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends" qui est loin d’être à la hauteur. On nous sert du réchauffé, une introduction et des passages qui changent mais qui ne sont pas en accord avec le reste ou qui ne sont tout simplement pas réussis, le tout sans saveur… Heureusement que le dernier morceau, "Bösok Från I(ho)nom", qui est vraiment excellent, remonte légèrement la barre !


Nymphadora
Mai 2015




"8 ½ – Feberdrömmar I Vaket Tillstånd"
Note : 12,5/20

Pour son neuvième opus, Shining, avec son grand manitou Niklas Kvarforth, s'est offert le luxe de reprendre certains titres des premiers albums. Ces nouvelles versions sont réinterprétées par des chanteurs de choix : Famine (Peste Noire), Gaahl (God Seed), Maniac (Skitliv), Pehr Larsson (Alfahanne) et Attila (Mayhem).

Le premier titre"Terres Des Anonymes" est froid et linéaire avec le chant en français de Famine du groupe Peste Noire. Cela ne nous fait pas une grande impression, car le tout ressemble plus à une musique brouillonne... Moyen et bien trop sale, on passe vite à la suite. "Szabadulj Meg Onmagadtol"" avec Attila Csihar, chanteur de Mayhem, est un morceau où l'on retrouve un peu plus Shining. En effet, il y règne l'atmosphère pesante et malsaine que l'on aime. Ensuite, on retrouve un "Ett Liv Utan Mening" de bien meilleure qualité sonore, moins "fouillis" et grésillant. Pour ce morceau, c'est Pehr Larsson, membre de Alfahanne, qui s'occupe à son tour du chant. Le titre est plus mélodique avec des passages rapides. Puis, arrive la nouvelle version de "Sjalvdestruktivitetens Emissarie" avec le Norvégien Gaahl, membre de God Seed et Wardruna, mais il est surtout connu pour être l'ancien chanteur de Gorgoroth. Ce titre assez changeant, agressif et dépressif à la fois lui va à merveille.

"Black Industrial Misery" est ici interprété par Maniac, membre de Skitliv et ancien chanteur de Mayhem. Le côté électronique industriel est plus mis en valeur et rend ce morceau plutôt original. En enfin, on retrouve Niklas avec "Through Corridors Of Oppression". En effet, c'est bien beau d'avoir une belle palette de chanteurs, mais ce que l'on recherche en premier, c'est du Shining avec la voix unique de Niklas. Le morceau en lui-même est finalement assez plat.

Même si ces titres sont bien remis au goût du jour, on a tendance à s'ennuyer ferme... De plus, ces anciens morceaux ne sont pas aussi bons que ceux du Shining des albums plus récents. Alors certes c'est génial d'avoir réuni du beau monde pour les revisiter, mais il manque ce petit plus pour gagner notre intérêt.


Nymphadora
Septembre 2013




"Redefining Darkness"
Note : 14/20

En cet automne pluvieux et terne, les Suédois de Shining nous donne rendez-vous dans les tréfonds de notre subconscient avec leur nouvel album, le plus atmosphérique de leur carrière "Redefining Darkness" . Niklas, toujours aussi déjanté, dépressif et malsain, nous fait partager sa colère et son mal-être à travers 6 titres, dont certains en anglais (pour la première fois). Le désespoir est roi.

"Du, Mitt Konstverk" ouvre le bal psychédélique. Violent et très rapide, il se tempère ensuite pour être plus planant, les guitares sont agonisantes et le jeu de batterie intéressant. La voix claire presque douce de Niklas sur le passage calme est déchirante, nous transportant littéralement, comme dans un rêve étrange qui peut devenir cauchemar à tout moment, la rage et la détresse sont à leur apogée. Puis ensuite "The Glasty Silence", plus progressive avec une ambiance froide et dérangeante, nous apparaît comme une valse funéraire. Des passages de cuivres mélancoliques viennent entrecouper ce morceau le rendant original. Shining développe sur ce titre un côté jazz / blues déjà présent sur les anciens albums, ce qui rend ce groupe ouvert à d'autres horizons que le black metal pur. Les passages de chant clair n'ont jamais été aussi mélodieux et envolés ! Ce titre est splendide, nous plongeant dans une torture mentale où la confusion n'est jamais loin. Plutôt entraînante et ponctuée de superbes solos de guitare, "Han Som Hatar Manniskan" est entrecoupée de break et d'accélérations soudaines, puis le morceau devient plus posé avec la basse en avant. "Hail Darkness Hail" part de façon directe avec des sonorités old school. Les ambiances sont assez spéciales entre les voix vaporeuses et les bruits de fond ressemblant à un sous-marin. A noter un superbe passage de guitare sèche à la fin du titre. Le morceau instrumental de piano "Det Stora Gra" donne un peu le cafard tellement il est mélancolique, avec une fin où l'on entend la pluie tomber. "For The God Below" commence avec une introduction splendide et triste, puis toute la violence et le dégoût explosent avec la voix criarde qui devient claire et pleine de folie ! L'atmosphère est étrange comme hantée par des forces invisibles. Les guitares sont épiques, ce qui est nouveau et très agréable. Le titre se révèle très personnel et se termine de façon magnifique à en faire pleurer les coeurs les plus durs !

Cet album cependant ne comporte que 6 titres dont un instrumental, ce qui est trop léger. Même avec des morceaux plutôt longs, on reste sur notre faim ! On reconnaît de suite le son de Shining avec "Redefining Darkness" mais hélas, même s'il y a de bonnes choses, on est loin de la claque des albums précédents. Il reste malgré tout à écouter.


Nymphadora
Octobre 2012




"VI - Klagopsalmer"
Note : 14/20

C'est avec excitation et impatience que je découvre ce nouvel album du groupe de black metal dépressif par excellence : j'ai nommé Shining !

Première chanson, rien de vraiment nouveau, toujours aussi prenant, Niklas parvient à nous emmener au fin fond de ses tourments grâce à sa voix torturée et ses riffs mélancoliques. Surprise lorsque la deuxième chanson survient, avec un passage de chant clair parfaitement maîtrisé et qui colle bien avec le reste de la chanson. On découvre le nouveau talent de chanteur du fameux Kvarforth, pourtant connu pour ses cris plaintifs, ses hurlements de loup garou un soir de pleine lune. Ici, sa voix est calme, posée, et si belle ! Une nouvelle bombe sonore nous arrive en plein dans les oreilles, et soudain c'est la chanson numéro 4. Que dire, je la qualifierais de surprenante. Elle commence de façon très black metal, et lorsque la voix arrive, la première chose qui m'est venue est : "on dirait du Rammstein", en effet pendant quelques phrases, on croirait s'être trompé de CD et entendre la dure voix de Till Lindemann, puis tout à coup, tout s'arrête, la musique devient plus lente, plus douce, plus aucune note d'agressivité ne se ressent et Niklas nous fait une nouvelle démonstration de ses perfomances au chant clair, et on se retrouve littéralement transporté par le rythme de cette musique au style si particulier et envoûtant. S'ensuit une chanson dénuée de parole, qui consiste en quelques notes de guitare se répétant pendant cinq minutes, c'est joli certes, mais on s'ennuie un peu. Jusqu'à ce que le bouquet final arrive, une perle de 16 minutes, une voix caverneuse et plaintive, un sample de voix masculine, sûrement tirée d'un film avec un accompagnement au piano et quelques notes de violon du plus bel effet !

Le groupe a évolué et ça se ressent dans cet album, carrément moins black metal et plus posé, plus calme. Les solos de guitare sont omniprésents et on leur reprocherait presque de trop vouloir jouer les guitar heroes. Toutefois cet album reste largement écoutable et appréciable, on a même hâte de voir ce que donnent certaines des chansons en concert.


Fannie
Août 2009


Conclusion
Le site officiel : www.shiningasylum.com