Le groupe
Biographie :

shEver est un groupe de doom féminin suisse formé en 2004, et actuellement composé de : Nadine (basse / violon / chant), Jessica (guitare / chant), Alexandra (chant) et Sarah (batterie). Après un premier album autoproduit ("Ocean Of Illusions") sorti en 2007 et un EP en 2009 ("A Dialogue With The Dimensions"), l'album "Rituals" voit le jour en Mai 2012 chez Totalrust Music.

Discographie :

2007 : "Ocean Of Illusions"
2009 : "A Dialogue With The Dimensions" (EP)
2012 : "Rituals"


La chronique


En matière de metal, la Suisse est connue pour nous avoir livré certains des groupes les plus cultes aujourd'hui : Celtic Frost, Coroner, Samael etc... Aujourd'hui elle nous livre un combo quelque peu atypique dans sa forme, un groupe de doom entièrement féminin ! Formé en 2004 et après un premier album en 2007, voici le dernier rejeton nommé "Rituals". Et sans faire de mauvais jeu de mots, musicalement c'est pas vraiment du doom de fillettes. Là on pencherait plutôt vers une congrégation de sorcières venues faire quelques sacrifices comme ça en passant.

Le premier morceau porte bien son nom d'ailleurs, "Rituals Of Chaos". On est plongé d'entrée de jeu dans un bain de plomb, rythmiques très lourdes habituelles au genre et ambiance à la fois écrasante quand la musique du groupe est appuyée par les cris décharnés d'Alexandra et presque rituelle justement quand son chant se fait plus incantatoire. Bon on va dire d'emblée que le groupe n'invente rien, ce qui est d'ailleurs le cas de la plupart des groupes du genre qui se contentent d'appliquer les bonnes vieilles recettes en y apposant juste ce qu'il faut de personnalité. Par conséquent vous ne risquez pas de tomber de votre chaise niveau surprise, c'est du doom / death plus ou moins classique option incantations et en dehors du line-up on ne note pas une originalité débordante, mais en même temps c'est pas vraiment ce que je demande au doom.

Ce point mis au clair, on peut se pencher sur la qualité proprement dite de la chose. Et c'est franchement bon dans le genre, l'ambiance est bien dégueulasse et on se prend des riffs tous plus poisseux les uns que les autres tout au long des 50 minutes que dure ce "Rituals". Je suis sûr que certaines mauvaises langues ont dû se dire que comme c'était un groupes de nanas ça allait forcément être du doom soft, détrompez-vous elles n'ont pas de leçons à recevoir niveau noirceur de la part de leurs compères masculins. C'est un cliché qui a encore la peau dure, mais la musique de shEver devrait vite faire passer l'envie de rire aux petits plaisantins. D'autant que techniquement c'est clairement au point, le son est assez claire et distinct tout en gardant une couche de gras sur les guitares. En même temps si le groupe est signé sur Totalrust ce n'est pas pour rien, si vous ne connaissez pas trop le label jetez un oeil sur ses groupes, vous allez vite comprendre. Pas de mélodies faciles ici, pas de chanteuse lyrique, pas de violon (enfin si à la fin de "Souls Colliding", mais c'est discret et ça dure à peine une minute) bref on n'est pas chez les bisounours du doom, c'est du vrai.

A noter que pour du doom les morceaux sont relativement "courts", aucun ne dépasse les 10 minutes et tous sont assez dynamiques. shEver ne tombe pas dans le piège de la facilité qui consiste à plaquer deux accords qu'on fait tourner 20 minutes, pas d'artifices non plus, tout est dans la sobriété et l'efficacité. On pourrait même trouver un certain côté sludge, même si le terme est quelque peu galvaudé ces temps-ci. Tout l'album est poisseux, il y dégouline une matière sombre inconnue, et que l'on n'a de toute façon pas vraiment envie d'identifier. Voilà une galette qui porte bien son nom, les 6 titres s'enchaînent comme autant de rituels, de messes noires sonores. On subit pendant 50 minutes le déversement d'un petit coulis de goudron dans les oreilles, avec de temps en temps un peu de plomb fondu histoire de décrasser un peu les tympans. L'album qu'il aurait fallu écouter cet été pendant les jours de grosses chaleurs en fait, ça vous fait retomber la température en un rien de temps, le genre d'album qui fait tomber la nuit à 14 heures.

En matière de doom / death dégueulasse et incantatoire je pense que shEver peut aisément se glisser en haut du panier, c'est gros, c'est gras, c'est sale et ça sent le souffre, le goudron et le sang séché. Au delà de l'éventuelle curiosité que pourrait susciter le line-up, on a un groupe qui connaît ses classiques sur le bout des doigts et qui a prévu de vous pourrir la tronche en vous balançant des enclumes dessus et vous offrir une fois assommé en sacrifice à je ne sais quelle entité à tentacules.


Murderworks
Septembre 2012


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.shever.ch