Ne vous laissez pas tromper par le nom, Serpent Noir est bien un groupe grec et "Death Clan OD" est donc son troisième album depuis sa formation en 2012. Là où le nom ne trompe pas, c'est que le groupe pratique bien du black metal et dans sa variante occulte pour le coup. Les paroles ont d'ailleurs été écrites par Thomas Karlsson qui en écrit déjà depuis longtemps pour Therion et qui confirme donc que Serpent Noir appartient à l'ordre du dragon rouge.

Concrètement, cela se traduisait par un black metal mid-tempo sur "Erotomysticism", précédent album du groupe, et "Death Clan OD", après une petite intro, nous accueille de façon un peu plus nerveuse et classique avec "Cutting The Umbilical Cord Of Hel" avec un black metal froid, parfois limite thrash dans certains riffs et surmonté des traditionnels blasts. Malgré ce côté assez direct, les sept minutes du morceau passent bien et les mélodies donnent la profondeur nécessaire pour ne pas sombrer dans le piège des riffs primitifs répétés pendant des plombes. Quelques passages plus lourds à gros coups de double viennent briser quelques nuques et apportent là encore une petite variété bienvenue. Les morceaux sont d'ailleurs tous assez longs et flirtent presque constamment avec les six minutes donc le parti pris de proposer des ambiances travaillées plutôt que du bourrinage intensif est assez évident. On retrouve d'ailleurs le mid-tempo du précédent album sur "Hexcraft" qui n'en reste pas moins froid et dont les ambiances occultes ressortent pleinement. Globalement, on reste proche de ce le groupe proposait déjà sur "Erotomysticism" avec ce black assez lourd, mid-tempo, et qui reste assez proche du black metal des origines dans son côté très froid. Le fond occulte, quant à lui, ne tient pas du gimmick ici et se ressent clairement dans les morceaux, que ce soit par les ambiances développées, les mélodies ou certaines parties vocales déclamées plutôt que hurlées. Si les titres sont assez longs, l'album, lui, ne dépasse pas les trente-sept minutes donc on reste sur quelque chose de compact, une bonne idée puisque le mid-tempo étiré sur un album d'une heure aurait pu devenir lassant.

Si les accélérations sont présentes, elles restent minoritaires et ne se manifestent qu'à de rares moments. Les amateurs de black bien violent et frontal en seront pour leurs frais, Serpent Noir développe ses ambiances tranquilement et "Death Clan OD" tient plus du manifeste de l'ordre auquel appartient le groupe que de l'hommage au black metal norvégien. Le rythme s'emballe parfois un peu rajoutant du dynamisme dans un black metal assez pesant, notamment sur "Astaroth : The Jaws Of Gha'Agsheblah" et ses riffs plus malsains sur fond de bons gros blasts. Cela reste moins monolithique que "Erotomysticism" mais on est quand même loin de la furie destructrice de la scène suédoise par exemple, ce qui n'est pas surprenant puisque là n'est pas le propos. La précision est à faire pour ceux qui penseraient que le fond occulte n'est là que pour faire beau. C'est le concept qui donne naissance à la musique chez Serpent Noir et non l'inverse donc attendez-vous à sortir un minimum des sentiers battus avec ce groupe. On reste dans un black metal assez proche des origines mais la personnalité de Serpent Noir est bien marquée et les ambiances que le groupe déploie sont assez uniques. "Death Clan OD" prouve en tout cas que le groupe n'a pas l'intention de se reposer sur ses lauriers et qu'il va falloir systématiquement s'attendre à quelques surprises à chaque sortie. Une bonne chose dans une scène saturée qui voit certains se contenter de ressortir des plans déjà utilisés des centaines de fois sous couvert de respect de la tradition. Pas d'expérimentations ou d'esprit spécialement aventureux pour autant mais une volonté claire de créer son univers et d'illustrer un propos bien particulier.

Un nouvel album un peu plus nerveux que son prédécesseur mais qui confirme l'idendité bien marquée de Serpent Noir. L'occulte est une fois de plus mis à l'honneur que ce soit dans les textes ou les ambiances et on est clairement loin du gimmick. Les plus bourrins n'accrocheront pas forcément mais le black metal de ces grecs est plutôt intéressant et personnel donc n'hésitez pas à y jeter une oreille.