Derrière un artwork original, frais, symbolique et à première vu innocent, se cachent les fous furieux de Selenites (qui signifie "habitants de la lune" pour les cancres qui n’auraient pas suivi). Ce qui est certain c’est que leur musique est loin de planer en apesanteur. L’album "Jeder Für Sich Und Gott Gegen Alle" commence avec "Orphans" qui sans prévenir vous assène des coups de marteau piqueur. Gros son, gros riffs, grosse voix et ce ne sont que les préliminaires...

Le souffle dévastateur continue son bonhomme de chemin avec "Echo Mass" qui pose un peu plus les sonorités du groupe. Les notes rebondissent en une violence brute et ça fait du bien ! Pas question de s’attendrir avec "Voleurs" où la batterie vous tabasse les tympans et où les grattes tourbillonnent dans l’espoir de tout démolir. Un ouragan à domicile ! Sur un rythme plus punk "Styx" continue le cataclysme. Des sons de guitare différents viennent nuancer le tout à l’aide de passages d’avantage planants mais ici pas de longueurs, le groupe sait où il veut vous emmener et le fait sans détour. Comme une bête sauvage, "Megalodon" arrive tel un dinosaure dans un magasin de porcelaine (même si pour une question d’époques différentes ceci est difficilement imaginable). Le riff qui sévit dans la seconde partie du morceau est redoutable surtout quand il est rejoint par une voix d’outre tombe. Impossible de s’accorder un peu de répit avec "The Great White". Un titre plus rapide, plus cru, issu d’un hardcore ténébreux. On notera la présence d’un court break cri / batterie fort bien pensé et mené. La basse gronde sur "Prism", lourde, tout comme le riff qui s’en suit. Le morceau est saupoudré de passages imprégnés de légèreté, mettant ainsi en abîme la violence dégagée à d’autres instants. De belles dissonances reprennent le dessus avec "Vestiges", puissant, tout simplement. Le carnage s’arrête sur "Seth". Extrêmement saccadé, le titre vous lime le cerveau à la râpe à bois pour se ralentir, devenir lourd, dissonant, sombre… mortel…

Mélangez tous les styles méchants que vous connaissez, rajoutez-y une bonne poignée de folie et un zeste de fureur. Vous obtiendrez un monstre que l’on appelle Selenites. Alors oui on pourra reprocher à la voix une certaine linéarité, et encore. Selenites c’est simplement monstrueux, et c’est je crois le plus beau compliment qu’on puisse leur faire.