Le groupe
Biographie :

Sceau De L’Ange propose un univers intense fait d’un metal progressif éclectique jouant avec les émotions et leurs contrastes. Cette musique élaborée mais accessible s’habille d’une voix féminine aux couleurs variées allant des sonorités les plus douces aux plus animales. Celle-ci délivre des textes en français intriguant et oniriques ayant pour particularité de privilégier la musicalité et le mystère… Après plusieurs années d’existence, Sceau De L’Ange met sa musique en lumière à travers son premier album qui sort sous le label M&O Music en Novembre 2011. Un soin tout particulier est apporté à la production, grâce notamment à la collaboration de Brett Caldas Lima (Kalisia, Whyzdom, Auspex, To mera…), ainsi qu’à l’artwork, réalisé par l’illustrateur américain Travis Smith (Opeth, Iced Earth, Katatonia, Eluveitie…). Le groupe remet le couvert avec "Ascendance" sorti en Mars 2017. Ils confient le mixage et le mastering à Jamie King du Basement Recording NC (Between The Buried And Me...) et collaborent avec C.H.S Prod pour la réalisation de clips.

Discographie :

2007 : "Une Case En Moins" (Démo)
2011 : "Phénomènes"
2017 : "Ascendance"


Les chroniques


"Ascendance"
Note : 16/20

Après "Phénomènes" sorti en 2011, Sceau De L'Ange est de retour avec son deuxième album, "Ascendance". Comme pour le précédent album, le groupe a mis les petits plats dans les grands puisque le mixage et le mastering ont été réalisés par rien moins que Jamie King connu pour s'être occupé de plusieurs albums de Between The Buried And Me entre autres !

Autant dire que l'on n'est pas surpris d'entendre que ça sonne bien dès "Karma" qui démarre l'album avec près de sept minutes au compteur, une bonne façon pour Sceau De L'Ange de nous montrer d'entrée de jeu ses différentes facettes. Pour situer un peu, disons que le groupe fait du metal progressif et que comme tout groupe de progressif qui se respecte, il ne s'impose aucune limite et multiplie les sonorités différentes. Les morceaux sont dynamiques, les structures changeantes et si la technique est bien présente, elle ne prend jamais le pas sur la mélodie et l'accroche, ce qui n'était pas gagné d'avance tant la musique du groupe est riche et constamment en mouvement. D'ailleurs, "Epineuse Saison" débute comme un morceau de thrash technique et si la mélodie se fait là aussi une place, ce morceau montre un visage bien plus agressif que ce que le groupe propose d'habitude. Globalement, si on sent plusieurs influences et sonorités différentes dans la musique du groupe, il est pourtant bien difficile de le rapprocher de qui que ce soit, en deux albums Sceau De L'Ange a déjà développé son propre univers et une forte personnalité. Malgré le fait que la musique du groupe part un peu dans tous les sens, on sent une cohérence indéniable, voire même une certaine homogénéité aussi paradoxal que cela puisse paraître. Ce n'était pas gagné d'avance tant les morceaux d'"Ascendance" ont tout de la montagne russe !

Techniquement, certaines parties sont impressionnantes et bien tordues mais il y a toujours suffisamment de groove ou de mélodie pour accrocher l'oreille. En tout cas, il est clair qu'il va falloir une bonne paire d'écoutes avant d'en faire le tour, il y a un tel travail à tous les niveaux que l'on découvre des détails à chaque fois. Que ce soit les arrangements, les structures, le chant, la production, on sent bien que rien n'a été laissé au hasard et que le groupe sait très bien où il veut aller. Et que ceux qui ont encore quelques préjugés quant aux groupes à chanteuse les ravalent de suite, Sceau De L'Ange est loin des stéréotypes des groupes de metal à chanteuse qui ont inondé la scène à une certaine période. On passe de parties agressives proches du thrash à des parties acoustiques, d'autres plus typiquement prog, des sonorités orientales, du chant clair, du chant hurlé, des ambiances plombées, d'autres plus lumineuses, bref il y a de quoi faire et la musique du groupe est aussi complexe que riche. Bref, voilà encore un groupe sur lequel il est bien difficile d'apposer une étiquette précise, ce qui est loin d'être un reproche évidemment. Au milieu d'une scène qui peut parfois avoir tendance à s'uniformiser, et je parle du metal en général, c'est toujours bon d'entendre des groupes n'en faire qu'à leur tête et briser toutes les barrières.

Voilà donc un deuxième album qui poursuit le chemin tracé par "Phénomènes" avec peut-être encore plus de richesse et de profondeur. Si vous aviez apprécié le précédent il y a de très fortes chances que vous succombiez aussi à "Ascendance". Et si vous ne connaissez pas encore Sceau De L'Ange, dites-vous qu'il n'est jamais trop tard pour s'y mettre.


Murderworks
Août 2017




"Phénomènes"
Note : 14,5/20

Lorsque cet album est arrivé à bon port, on avait présenté Sceau De L’Ange comme un mélange de Opeth et de Porcupine Tree... C'est un mélange de genres bien audacieux, et le présenter ainsi peut sans doute paraître plus que prétentieux , même si vendeur forcément... Et mettre en avant également quelque chose de metal progressif à chant féminin est réducteur puisque leur style est tellement plus complexe que ça et de plus le fait de mettre en exergue le chant féminin est devenu depuis quelques années maintenant quelque chose de tellement commun que ce n'est plus un avantage ou une particularité spécifique. C'est comme si un groupe de death avançait "groupe de death à vocaux masculins gutturaux"...

Alors info ou intox quant au contenu de ce premier album  ?

Eh bien Sceau De L’Ange est un groupe Français de surcroît, oui, oui, qui se trouve de notre côté de la Manche, pas si loin que cela des Terres de Porcupine Tree mais un peu plus loin de celles des Suédois d'Opeth... Pourtant leur musique est en effet assez proche des deux combos cités en référence. Alors à prendre avec toute la réserve que l'on se doit d'avoir pour la comparaison... Maintenant, au niveau de l'étiquette Sceau De L’Ange se rapproche nettement plus pour ma part de la scène rock progressive avec effectivement les consonances metal qu'on veuille bien leur accorder vis-à-vis des sources de la bande à Akerfeldt (qui dans l'absolu s'est vraiment éloigné de son death metal à l'aide d'un "morphing" musical arrivant aujourd'hui à quelque chose de vraiment prog), mais de la scène rock prog tout de même. C'est vrai qu'on a tendance à qualifier "metal" maintenant tout ce qui peut avoir des guitares saturées et qui rentre dedans... Mais quand on écoute de plus près, de nettement plus près ce "Phénomènes", on s'aperçoit qu'il n'est pas forcément si proche de la scène metal qu'on veut bien le dire et appartient à plusieurs scènes réunies en huit pistes d'une durée de 47 minutes. Ce qui ne l'empêche pas d'être bien écrit, intelligent et intéressant.

En effet quand on écoute les premiers titres que sont "Captures" ou "Heros", on s'aperçoit que le style est complexe, mais qu'il y existe pleins d'incursions techniques et abruptes à la fois, des incursions qui se veulent jazzy pour certaines (un style de référence en matière de riffs techniques, cassés, changeant de pied très souvent...) où la basse règne en maîtresse. Ces structures parfois sibyllines montrent la facette progressive de Sceau De L’Ange. Et c'est à ce moment là que les envolées quasi métalliques proches de Opeth font surface et maintiennent l'auditeur dans un climat étrange et beaucoup plus agressif. Cela se ressent sur un titre comme "Phénomène" (et l'on remarquera que le titre ne prend pas de "s" contrairement à celui de l'album) ou encore "Fil Ephémère", des morceaux où la violence sur certains passages, rappellent effectivement le "death technique et progressif" qu'il y a pu y avoir à une époque sur les albums d'Opeth.

Les chansons peuvent avoir par moment une complexité vraiment jazzy contemporaine qu'il arrive que l'on ait du mal à suivre, des passages où plus des instrumentistes chevronnés que des auditeurs lambdas arriveraient à en extraire l'essence technique. Il est vrai que lorsqu'on écoute une chanson comme "Mea Culpa", on retient plus facilement les rythmiques metal mais plus "simples" que celles d'un "Une Case En Moins" par exemple... C'est pour cela que Sceau De L’Ange appartient en fait à plus que deux courants musicaux qu'on nous a présentés pour promouvoir le groupe. Ils ont la capacité d'adapter leur cheminement musical au gré des idées de leurs créateurs qui ne sont pas droites ni courtes du tout, mais plutôt sinueuses au possible. Et la durée des morceaux avoisinant les cinq, six voire sept minutes par titre, leur permet d'en mettre un maximum dans chacun. C'est pour cela que dans "Une Case En Moins" on va pouvoir voyager dans le cerveau des musiciens de Sceau De L’Ange où se mêlent magnifiques passages quasi acoustiques, avec d'autres segments plus violents et totalement perturbateurs. A côté de cela la praticité d'avoir choisi notre langage permet aussi à l'auditeur de mieux comprendre les paroles et le chant féminin forcément, où son auteur s'est littéralement abandonné à des envolées de réthorique pertinentes.

Un chant féminin ici, choisi non pas parce qu'il était lyrique comme 99% de groupes à chant féminin, mais plutôt parce qu'il possède une variation, même s'il peut parfois manquer de puissance proprement dite (mais ici ce n'est pas ce qu'on lui demande), réellement savoureuse, comme on peut en profiter sur des titres suaves tels que "Sortir Du Sol" ou encore sur la bouffée d'air pur qu'est "L'Amarre Aux Songes". Ce titre d'ailleurs qui n'est pas sans nous rappeler des groupes tels que les divins The Last Embrace, ou Amartia et encore Akentra. Vous savez ce genre de voix féminine différente, qui peut paraître simpliste et accessible dans son approche mais au final plus difficile qu'il n'y paraît... On n'oubliera pas le chant guttural death présent sur pas mal de morceaux, qui donne la réplique à la chanteuse, alors que celui-ci personne n'en avait parlé hein ?

Bon alors pour terminer on pourra s'attarder sur le fait que l'album a bénéficié de l'apport professionnel de personnes tels que Brett Caldas Lima du Tower Studio (Kalisia, Whyzdom, Auspex, To-Mera…) au mixage et mastering, ainsi que de l’illustrateur Américain Travis Smith (Opeth, Iced Earth, Katatonia, Eluveitie…) qui a réalisé l’artwork. Ce qui n'est pas suffisamment insignifiant ou anodin pour le taire n'est-ce pas ? Donc Sceau De L’Ange vous ouvre les portes de son univers à travers les huit titres de "Phénomènes", un univers varié, complexe il est vrai, qui peut faire peur à pas mal de monde entraînant une certaine réticence au niveau de l'écoute, mais qui, si on fait l'effort d'écouter non pas au stéthoscope mais simplement avec la véritable attention qu'il mérite, peut vous faire découvrir de nouvelles perspectives auditives... C'est comme pour tout, c'est vous qui choisissez...


Arch Gros Barbare
Décembre 2011


Conclusion
L'interview : Céline

Le site officiel : www.sceaudelange.com