Le groupe
Biographie :

Scalpture est un groupe de death metal allemand formé en 2009 et actuellement composé de : Felix (guitare / Evoked, Wifebeater), Thorsten (chant), Tobias (guitare), Moritz (batterie) et Niklas (basse). Scalpture sort premier album, "Panzerdoktrin", en Décembre 2016 chez Final Gate Records, suivi de "Eisenzeit" en Février 2020 chez F.D.A. Records, et de "Feldwärts" en Avril 2022.

Discographie :

2015 : "Border Crossing" (EP)
2016 : "Panzerdoktrin"
2020 : "Eisenzeit"
2022 : "Feldwärts"


Les chroniques


"Wake Up Call"
Note : 16/20

Amateurs de dentelle et de finesse, vous voilà vernis, les Allemands de Scalpture sortent leur troisième album "Feldwärts" et le menu propose une fois de plus un bon death old school puissant et écrasant dans la lignée des Hail Of Bullets et autres Bolt Thrower. L'album ne dépasse pas les trente-huit minutes donc le mot d'ordre est annoncé clairement, cap sur l'efficacité et le cassage de nuque. Alors graissez les chenilles, sortez les cartouchières, ça va chier des bulles carrées dans le ventilo !

Des blasts, quelques riffs froids proches du black metal et on embraie directement sur du gros death metal qui tache en up-tempo pour "To End All Wars" qui ouvre l'album et nous fait entendre un son qui claque bien avec une basse bien présente. On retrouve très vite le death metal lourd et puissant que le groupe pratiquait déjà sur ses deux précédents albums avec une ambiance plus froide sur ce premier morceau, avec notamment cette fin très lourde aux riffs glaciaux qui termine de briser les quelques os qui étaient encore en état. On retrouve comme dit précédemment du Hail Of Bullets et du Bolt Thrower là-dedans, ne vous attendez donc pas à ce que Scalpture innove et révolutionne quoi que ce soit. Par contre, en termes de savoir-faire et d'inspiration, ces Allemands sont très forts et ce troisième album ne fait pas de quartier. Son death est puissant, écrasant, parfois brutal comme sur "Ils N'ont Pas Passé" qui sort de bons gros blasts et ses riffs parfois teintés de black metal apportent cette froideur que d'autres n'ont pas. Une froideur amplifiée par une production cette fois un peu plus sèche, surtout au niveau de la basse qui claque comme un fouet. On sort du classique son bien gras sorti d'une HM-2 et cela réussit plutôt bien à "Feldwärts" qui se retrouve avec un son du feu de dieu. Le fameux groove destructeur du death old school est bien présent lui aussi et il ne vous faudra pas longtemps pour vous déplacer quelques cervicales à headbanguer comme un forcené devant vos enceintes (ou en envoyant voler le casque qui était encore sur vos oreilles quelques secondes plus tôt). "Thunder In The East" sort lui aussi son petit break en son clair avec des arpèges qui apportent là encore une ambiance plus malsaine et plus froide.

Le reste du temps, le groupe vous roule dessus et patauge dans la boue et le sang, son talent dans ce domaine est incontestable et ces neuf nouveaux morceaux ne laisseront personne indemne. Tout est là, que ce soit la puissance, le groove, la brutalité, l'efficacité ou les ambiances pesantes et malsaines. Scalpture, comme beaucoup d'autres dans cette scène, s'inspire des horreurs de la guerre et il faut dire que le death que pratique le groupe arrive sans problème à évoquer aussi bien les tirs d'artillerie que les cadavres qui s'empilent dans la boue. "Grabengoot" en devient presque perturbant avec sa froideur et ses ambiances malsaines drapées dans un groove irrésitible qui nous donnerait presque un coup de boost. Scalpture s'y fait entraînant et glauque à la fois et ce genre de morceau devrait faire un bon petit carnage en live. "Stahlbad", quant à lui, nous sort carrément des mélodies funèbres que n'auraient pas renié certains groupes de doom / death anglais ! Malgré cette orientation old school, le groupe arrive à nous surprendre tout en délivrant un album surpuissant et très efficace qui défonce tout sur son passage sans la moindre pitié. Le nom de Scalpture devrait clairement être plus connu et si le cap du troisième album est souvent perçu comme étant capital, on peut dire que le groupe le passe tranquillement avec ce "Feldwärts" destructeur. Ces Allemands connaissent leurs classiques et y apportent juste ce qu'il faut pour développer une personnalité et des ambiances particulières. Il n'y a pas une minute de faiblesse ou d'ennui par ici, pas la moindre baisse de régime pour perturber cette division de blindés qui vous fonce dessus.

"Feldwärts" est donc un excellent album de death metal à l'ancienne, puissant et dominateur en plus de poser quelques ambiances plus froides et oppressantes. Scalpture confirme son talent en matière de démolition et ce nouvel album surpuissant devrait permettre à ce nom de circuler un peu plus, ce ne serait que justice.


Murderwors
Mai 2022




"Eisenzeit"
Note : 16,5/20

Scalpture est un groupe allemand qui utilise depuis le début de sa carrière la thématique de la guerre pour développer sa musique, à la fois lourde et dramatique. "Eisenzeit" succède à "Panzerdoktrin", sorti en 2016, et marque efficacement les dix ans de carrière de ce groupe peu médiatisé. Fraîchement signé chez F.D.A Records, label teuton lui aussi, la formation nous propose dix titres de bonne facture, entraînants et paradoxalement dramatiques.

En effet, tout au long du disque, ces musiciens puisent leur inspiration dans les drames du passé et arrivent à recréer, dans chaque riff de guitare, dans chaque mélodie, une sorte d’aura de désespoir qui donne pas mal de crédit à leur metal quelque peu insolite. "Eisenzeit" possède un petit truc particulier qui fait qu’il ne ressemble pas aux autres formations du genre. La base du délire, c’est un death lourd et pesant très influencé par un autre grand narrateur des histoires de batailles, Bolt Thrower. A cela, vous ajoutez un son puissant et tranchant où la basse a une importance radicale, et un sens mélodique global qui flirte avec le post-hardcore émotionnel, genre Isis ou Cult Of Luna dans les moments les plus ouverts ou encore Amon Amarth (rien à voir, je sais) durant les passages les plus heavy. Plus largement, on reste quand même dans un death metal assez lourdaud, genre Six Feet Under où les riffs pachydermiques prennent le pas sur le reste. Une grosse part de heavy subsiste comme sur le titre éponyme "Scalpture", et on perçoit quelques légères teintes hardcore : "Hell Is A Field In France". Le groupe engage constamment des passages mélodiques au sein de ces compositions qui ont la faculté d’ajouter du drame à une musique déjà somme toute pessimiste.

Le chant aussi possède cette sonorité écorchée qui reste assez crédible, cependant, cette manière de chanter, éructée, qui laisse quand même deviner le timbre de la voix, et qui, de ce fait, consolide le côté hardcore du truc reste assez particulière. On peut sentir les postillons s’écraser sur notre visage à chaque intervention vocale. Malgré tout, cette faculté d’interprétation permet également à Scalpture de se démarquer de ses congénères. Les guitares ont un son super compressé et granuleux, c’est limite délicieusement dérangeant lorsqu’on se concentre sur cet élément, on s’imagine les gratteux avoir branché en série 4 ou 5 boss HM2, tous les potards sur 11. La basse possède un son si claquant et épais qu’on a l’impression que les cordes font la taille d’un câble pour lignes haute tension. Non seulement, en termes de son, nos amis de chez Scalpture proposent un résultat assez singulier mais, au niveau compositionnel, ce qui fait la force de ces furieux deatheux, c’est la capacité à alterner brillamment mélodies douteuses et riffs groovy lourdauds entraînants. Le titre "Und Ehre Ist’s" synthétise tout ce dont le groupe est capable, et son blast beat de la mort qui se fait couper la chique par un riff lourd comme les vannes à Laurent Baffie succédé par un plan ternaire morbide à souhait est le parfait exemple d’un dosage minutieux et équilibré.

Ce dernier Scalpture est un pur concentré de rage maîtrisée, soutenue par un son de gratte épais et sur saturé. Les compositions s’appuient sur une grosse base de riffs bien musclés surplombés de mélodies insidieuses. Parfois il se dégage au sein des compositions un feeling de désespoir persistant. La noirceur reste omniprésente et même les parties les plus groovy ne décolorent pas les tonalités sombres volontairement assumées par le groupe. "Eisenzeit" est un album intense et prenant, mêlant saveurs grind, opacité morbide made in Sweden, et modernité.


Trrha'l
Mai 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/scalpture