Le groupe
Biographie :

Satyricon est un groupe norvégien formé au début des années 1990. Sa renommée est grande parmi les amateurs de black metal, car il est facile d'accès à l'écoute, parce qu'il a conçu des albums d'anthologie et parce qu'il est écouté par toutes les générations d'auditeurs. Après deux démos, Satyricon pose en 1993 (sur son propre label Moonfog Productions) le premier album de la formation, Dark Medieval Times. Celui-ci est influencé par des thèmes médiévaux, comme son nom l'indique. Cet album, illustrant la fascination du groupe à l'égard du Moyen Âge, intègre la guitare acoustique et les synthétiseurs (flûtes, chœurs...) au black metal norvégien. Ce sont d'ailleurs les premiers à faire ce mélange. L'album est acclamé pour sa beauté folklorique autant que sa brutalité, ainsi que son souffle "moderne". Satyr, la force motrice du groupe, n'a que 17 ans lorsque l'album est enregistré, lui qui a tout composé et joué, hormis la batterie, interprétée par son ami Frost.
Leur album suivant, "The Shadowthrone" (1994), est similaire au premier, en étant toutefois mieux produit et plus évolué. En 1996, "Nemesis Divina" fait l'effet d'une bombe dans le milieu du black metal. Une meilleure production, un album plus brutal, des mélodies jouées au synthétiseur et mêlés aux riffs de guitares, donnent à cet album un grand succès. En attendant le prochain album, Satyr et Frost sortent deux EPs : "Megiddo" en 1997 et "Intermezzo II" en 1999. Avec "Rebel Extravaganza" en 1999, le groupe se tourne vers le style plus urbain et surtout plus brutal, avec quelques passages évocateurs, tournés vers la musique industrielle. La "trilogie médiévale" était bel et bien bouclée, quand Satyr présenta sous forme d'un coffret les trois vinyles, limité à 1 000 exemplaires, des trois premiers albums studio. "Volcano" se fait attendre et sort en 2002. Il est lui aussi très différent de tous leurs albums précédents. La formule du groupe a changé à nouveau et cette fois, "Volcano" allie black "urbain", rock et même des échantillons de musique électronique et industrielle.
"Now, Diabolical" constitue une synthèse de leur carrière, il reprend un son plus crasseux des premiers albums, combiné au côté très rock de "Volcano" et industriel de "Rebel Extravaganza". Leur signature sur le label major Roadrunner, leur choix de production ainsi que la conception commerciale couplet / refrain / chanson courte ont soulevé un fort mécontentement dans la scène black metal, un mécontentement déjà très présent après la sortie de "Rebel Extravaganza" et "Volcano". Satyricon tourne beaucoup pour promouvoir chacun de ses albums car il est un groupe de scène. Il a ainsi tourné avec Gorgoroth et Dissection en 1996, Pantera en 2000 (Satyr se liera d'ailleurs d'amitié avec Phil Anselmo), Khold et Mortiis en 2002, 3 Inches Of Blood en 2004, et Insomnium et Keep Of Kalessin en 2006, Cradle of Filth en 2008. En 2008, le groupe sort son septième album, "the Age Of Nero". Satyricon marque ensuite une pause de deux ans en 2010 pour se ressourcer et éventuellement retravailler sur de nouvelles idées. En 2013, sort l'album éponyme, montrant une nouvelle évolution musicale. Après un album live sorti en 2015, "Live At The Opera", Satyricon revient avec "Deep Calleth Upon Deep" en Septembre 2017.

Discographie :

1993 : "Dark Medieval Times"
1994 : "The Shadowthrone"
1996 : "Nemesis Divina"
1997 : "Megiddo" (EP)
1999 : "Intermezzo II" (EP)
1999 : "Rebel Extravaganza"
2002 : "Volcano"
2006 : "Now, Diabolical"
2008 : "My Skin Is Cold" (EP)
2008 : "The Age Of Nero"
2013 : "Satyricon"
2015 : "Live At The Opera" (Live)
2017 : "Deep Calleth Upon Deep"


Les chroniques


"Deep Calleth Upon Deep"
Note : 18/20

Quel bonheur de retrouver le duo Frost / Satyr avec un neuvième album intitulé "Deep Calleth Upon Deep" ! Malgré de gros problèmes de santé, Satyr remonte en selle quatre ans après le superbe opus éponyme "Satyricon". On se rend vite compte que le duo n'a pas chômé et ne s'est pas moqué de nous avec ces huit excellents morceaux composant ce nouvel album qui se trouve être dans la continuité de son prédécesseur.

Et effet, "Satyricon" avait marqué une évolution et "Deep Calleth Upon Deep" ne fait que suivre la suite logique sans non plus tout bousculer. Ainsi, même si les titres sont bien plus progressifs, avec pas mal de changements de rythme et des variations diverses ("Blood Cracks Open The Round"), l’essence même de Satyricon est toujours là ! Et comme pour "Satyricon", on trouve ici de nombreux passages ou morceaux plus aérés avec des moments plus posés, comme dans le planant et hypnotique "To Your Brethren In The Dark" qui oscille entre froideur et mélancolie. La batterie avec Frost aux commandes reste très intéressante même pendant les passages plus lents et justement, cela donne une autre dimension et le relief qu'il faut pour que ça décolle. "Black Wings And Withering Gloom", qui est lancinante et mélodique, contient ainsi des parties de batterie plus dynamiques et rapides qui réveillent le tout.

On est en présence d'une belle variété de titres assez différents, plus posés, progressifs, certains plus rythmés comme "Midnight Serpent" ou "Burial Rite" (qui a un air plus old school, rappelant les anciens albums), ce qui donne énormément de richesse à l'album. Et ce n'est pas tout ! Tout au long de l'écoute, on a droit à des surprises, que ce soit dans certains riffs assez décalés donnant un côté avant-gardiste à la musique ou avec les vocalises masculines dans le superbe "Deep Calleth Upon Deep" et dans "Ghost Of Rome", ou encore avec les nombreux instruments à vent présents tout au long des morceaux et qui offrent une belle profondeur, surtout dans "Dissonant" qui est très original.

Satyricon poursuit son chemin selon ses propres codes, on sent dans cet opus que la passion et l'envie sont toujours présentes et la qualité ne peut forcément que suivre quand il s'agit de musiciens de talent. La musique de Satyricon est donc plus que jamais vivante, avec un renouveau plus que bienvenu. L'originalité et de nombreuses surprises se sont invitées dans ce "Deep Calleth Upon Deep", ce qui le rend si attractif et riche. Une belle réussite !


Nymphadora
Octobre 2017




"Live At The Opera"
Note : 18,5/20

On ne présente plus Satyricon qui, avec son duo d’icônes, Satyr et Frost, nous en met plein les oreilles depuis plus de 20 ans. Le groupe est toujours en quête de nouveaux horizons et laisse aller ses envies musicales sans se soucier des autres. Cela a été le cas notamment pour "Now, Diabolical" ou plus récemment "Satyricon" qui est le dernier album en date. La suite logique pour eux était d’allier leur musique à un opera. Eh oui, rien que ça ! Ils ont donc réalisé un concert en Septembre 2013 enregistré dans l’opéra d’Oslo en Norvège avec ses chœurs. On retrouve aujourd’hui ce live en CD/DVD.

Le groupe a choisi 14 titres pouvant être intéressants avec les chanteurs d’opéra. On retrouve 6 morceaux du dernier album "Satyricon", ce qui est plutôt logique et tous leur titres ou hymnes parmi les plus connus venant de "The Age Of Nero", "Now , Diabolical", "Nemeésis Divina" et "Volcano". Ce qui est un très bon choix surtout quand en plus on apprécie le dernier de 2013.

L’introduction "Voice Of Shadows" nous glace le sang et l’arrivée de Satyr, Frost et des autres musiciens session (Anders Odden, Anders Hunstad, Gildas le Pape, Steiner Gundersen) par les trappes au sol est assez bluffante ! Les morceaux s’enchaînent rapidement ensuite avec des interventions de Satyr entre chacun d'entre eux. "Tro Og Kraft", "The Infinity Of Time" et "Repined Bastard Nation" ressortent bien, tandis que d’autres comme "To The Mountains" ou "Our World, It rumbles Tonight" sont carrément splendides et planants ! La grosse surprise du show arrive au milieu lorsque Silvert Høyem apparaît pour chanter "Phoenix" avec le groupe ! Et là, c’est tellement énorme qu’il n’y a pas de mot ! Les chœurs sont sublimes tout du long et sont bien intégrés aux instruments, cela donne un mélange vraiment extraordinaire ! D'autant plus qu’ils intervennent énormément sur les titres, ne se contentant pas de deux vocalises de temps en temps, cela aurait été bien dommage ! Ces chants sont encore plus beaux sur certains morceaux comme sur "Die By My Hand" qui donne des frissons, "Den Siste" ou "Now, Diabolical" carrément hypnotisant lorsque les chœurs arrivent ! "Nocturnal Flare" est le morceau où l'opéra intervient le moins mais il n'en reste pas moins excellent. Le concert se termine par un rappel de trois morceaux, et quels morceaux ! Des bombes, tout simplement : "The Pentagram Burns", "Mother North" et "K.I.N.G" ! De quoi terminer en beauté !

Pour le reste, on ressent une ambiance survoltée sur scène de la part des musiciens et de l’opera ! On ressent aussi une forte énergie comme dans tous les concerts de Satyricon d’ailleurs. Le tournage vidéo, le son et les éclairages sont au top. La seule chose un peu décevante est le manque d'ambiance dans le public, la majeure partie du temps et surtout sur "Now Diabolical". Certes les gens sont assis et donc on ne s’attend pas vraiment à une foule survoltée comme dans une salle de concert "normale", mais quand même ! Bon, ce n’est qu’un détail bien sûr et on l’oublie très vite au vu de la qualité de ce live prenant. Le groupe nous prouve encore une fois qu'ils assurent comme des kings !


Nymphadora
Mai 2015




"Satyricon"
Note : 16,5/20

En cette rentrée 2013, un des albums les plus attendus est sûrement le nouveau Satyricon. 5 années se sont écoulées depuis "The Age Of Nero", l'impatience des fans est donc au rendez-vous. Donc la grande question est : "Ce nouvel opus éponyme en vaut-il le coup ?" Et les avis sont partagés car le duo norvégien laisse sa musique vivre sans se soucier de ce qu'en pense l'auditeur. En effet, ce nouvel album marque une nouvelle direction et une évolution du groupe vers un black metal beaucoup plus atmosphérique et ralenti, ce qui peut dérouter les fans de la première heure déjà quelque peu déçus de la discographie depuis "Now, Diabolical". A travers les 10 titres, nous allons voir ce que cet album a dans les tripes !

Il débute par "Voice Of Shadows", une introduction pleine de mystère, assez sombre, entraînante dans ses parties de batterie. "Tro Og Kraft" suit ensuite avec son tempo plus calme et ses riffs lancinants aux accents mélodiques. Effectivement, la musique est différente, même si quelques éléments et bien sûr la voix de Satyr nous rappellent qu'il s'agit de Satyricon. Excellent moment ! Puis, le titre suivant "Our Word, It Rumbles Tonight", plus rapide, nous évoque quelque peu les mélodies de "Now, Diabolical" mais en plus varié et travaillé avec minutie. L'ambiance mystique et aérienne est vraiment prenante ! "Nocturnal Flare" se révèle plutôt simpliste avec un mi-tempo et des accélérations de batterie occasionnelles. Ce morceau contient également quelques passages bien plus directs comme le groupe a l'habitude de faire, entrecoupés par des parties planantes créant là, la nouveauté. Ensuite voilà le morceau qui a beaucoup fait parler de lui en négatif et positif, mais le principal c'est qu'il ait fait parler ! Il s'agit de "Phoenix" avec au chant Silvert Hoyem, du groupe Madrugada. En effet, ce morceau se démarque et crée à lui tout seul un renouveau jamais vu pour Satyricon. Il est atmosphérique, s'éloignant du black metal pur. L'émotion est plus que palpable avec ce chant clair mélancolique et pour le moins magnifique.

Puis, on se laisse bercer par les riffs de guitares mélodiques et hypnotiques pleins de souffrance. Certains trouvent ce titre "pop" mais ce n'est pas vraiment le cas. Ces personnes ne comprennent pas cette musique inhabituelle pour eux et donc la rangent directement dans une case. En effet, même si le rythme ralentit, que les riffs sont moins agressifs et que le chant devient clair et chantant durant les refrains, cela reste du metal ! Nous avons juste une musique bien plus mélodique et mélancolique. De plus, la pop c'est plutôt joyeux, ici on ressent plus la tristesse et les frissons comme avec un bon groupe de doom. C'est un merveilleux titre ! On retrouve ensuite la force des anciens albums avec "Walker Upon The Wind". C'est rythmé, plus rapide et assez accrocheur, allant droit au but contrairement aux précédents titres plus compliqués et pleins de nuances. Ici, c'est certes plus simple, mais cela reste un bon morceau.

"Nekrohaven" a un petit côté indus avec la voix saturée et des riffs donnant un effet moderne et plus léger. Puis, "Ageless Northern Spirit" se révèle comme le morceau le plus sombre et agressif de cet album. L'ambiance y est inquiétante, propageant une terreur d'une froideur sans nom. Ensuite, après deux titres assez simples et directs, on retrouve "The Infinity Of Time And Space" qui ressemble davantage à la première partie de l'opus. Il est glacial mais touchant par moments. Coupé par des passages très planants et mélodiques ou par certains bien plus black metal, ce titre est plein de rebondissements. Le dernier morceau qui termine l'écoute est "Natt". Il s'agit plus d'une outro mélodique et posée, un peu comme une ballade.

Oui, cet album est une vraie réussite avec un beau travail personel de composition pour des titres pleins d'émotions et de force. On ne s'ennuie pas une seconde dans cet univers hypnotique et riche. N'en déplaise aux puristes, cet album est certes dans un registre quelque peu plus posé mais cela reste du bon Satyricon !


Nymphadora
Septembre 2013


Conclusion
L'interview : Frost

Le site officiel : www.satyricon.no