Le groupe
Biographie :

Satan est un groupe de heavy metal anglais formé en 1979 faisant partie de la New Wave Of British Heavy Metal. Le groupe a changé plusieurs fois de line-up et même de nom (Blind Fury, The Kindred et Pariah). Il est aujourd'hui composé de : Steve Ramsey (guitare / Skyclad, ex-Blind Fury, ex-Pariah), Russ Tippins (guitare / ex-Blind Fury, ex-Pariah, The Russ Tippins Electric Band, ex-Tysondog), Graeme English (basse / Skyclad, ex-Blind Fury, ex-Pariah), Sean Taylor (batterie / ex-Blind Fury, ex-Warrior, ex-Blitzkrieg, ex-Raven, ex-Pariah) et Brian Ross (chant / Blitzkrieg, ex-Lone Wolf, ex-Avenger, ex-Anvil, ex-Kashmir). Quatre albums sont sortis sous le nom de Satan : "Court In The Act" en 1983, "Suspended Sentence" en 1987, "Life Sentence" en 2013, "Atom By Atom" en 2015, et "Cruel Magic" en 2018.

Discographie :

1983 : "Court In The Act"
1986 : "Into The Future" (EP)
1987 : "Suspended Sentence"
2000 : "Blitzkrieg In Holland" (Live)
2004 : "Live In The Act" (Live)
2011 : "Into The Fire / Kiss Of Death" (Compilation)
2011 : "The Early Demos" (Compilation)
2013 : "Life Sentence"
2015 : "Atom By Atom"
2018 : "Cruel Magic"


Les chroniques


"Cruel Magic"
Note : 14/20

Satan est un groupe de NWOBHM formé en 1979 au Royaume-Uni. Il est composé de Brian Ross (chant), Russ Tippins et Steve Ramsey (guitares), Graeme English (basse) et Sean Taylor (batterie). Leur cinquième album "Cruel Magic" est sorti le 7 Septembre 2018 chez Metal Blade Records. S'il y a bien un groupe qui a bravé les époques et les temps durs de la New Wave Of British Heavy Metal, c'est Satan. Trente ans ont passé et leurs albums n'ont jamais perdu en qualité, et on peut même dire que les opus les plus récents, "Life Sentence" ou encore "Atom By Atom", font partie de leurs plus belles productions.  Trois ans séparent ce dernier de "Cruel Magic" qui signe le retour du groupe en studio. Va-t-il être le descendant, noble et légitime de l’œuvre de Satan ?

Il est trop tôt pour le dire, mais en tous cas le premier morceau, "Into The Mouth Of Eternity" ne nous dépayse pas, bien au contraire. On retrouve ces riffs lourds et sinueux comme seul Satan sait les faire, appuyés par la voix inchangée de Brian Ross. C'est comme s’emmitoufler dans sa couverture préférée en un glacial soir d'hiver, avec une bonne tasse de chocolat chaud. Cette sensation de réconfort et de bien-être comme on aime, et qui va se poursuivre avec "Cruel Magic" qui, par son riff galopant et original, est encore plus appréciable. Vintage et old school au possible, il ne prend aucun risque. Peut-être qu'il aurait dû davantage... Car nous allons nous rendre compte que cet album, s'il est fait de compositions appréciables, celles-ci payent le prix d'être tout à fait traditionnelles et dans le moule. Cela entraîne une certaine frustration notamment sur des morceaux tels que "Ophidian" à l'ambiance électrique et un zeste malsaine, "Who Among Us" et "Mortality" on ne peut plus ancrés dans la première vague NWOBHM, ou encore "My Prophetic Soul" brut de décoffrage et rentre-dedans, avec un refrain qui se veut entêtant et efficace. Malgré leur dissemblance, tous ont un point commun qui les empêchent d'atteindre les sommets ; c'est ce détail, ce petit plus qui fait qu'une chanson prend réellement aux tripes et donne envie de la passer en boucle sans s'en lasser. On note pourtant des choses intéressantes, comme un rythme et un dynamisme constants qui retient notre attention, des passages instrumentaux assez recherchés pour le genre... Cependant le groupe ne pousse pas ses limites aussi loin qu'il avait pu le faire auparavant, ce qui est regrettable. 

Tout n'est pas ombrageux cependant, quelques titres parviennent à se tailler la part du lion et apportent tout le potentiel de cet opus. On retient "The Doomsday Clock" au riff littéralement tueur qui à lui seul donne à ce morceau cette ambiance sinistre si particulière, sublimée par la voix très british du charismatique Ross ainsi que par les chœurs. Le très traditionnel "Legions Hellbound" est également loin d'être en reste, où encore une fois les musiciens se surpassent dans un bridge parfaitement bien construit, et enfin l’effréné "Ghosts Of Monongah" qui nous fait retenir notre souffle jusqu’au bout.

Cela me brise le cœur de le dire, "Cruel Magic" est une petite déception. Satan a toujours ou presque excellé dans son art, en nous proposant depuis ses débuts des titres aussi bons et mémorables les uns que les autres. Ainsi, à l’écoute de "Cruel Magic", je ne peux m’empêcher de rester sur ma faim, car même si ses compositions sont dans l’ensemble bien faites et sympathiques, aucune ne marque vraiment les esprits. Un petit coup de mou dans la discographie du groupe donc, mais rien n’est perdu, il nous a épaté plus d’une fois !


Candice
Octobre 2018




"Atom By Atom"
Note : 17/20

La New Wave Of British Heavy Metal, c’est bon pour la santé. C’est vrai, voilà plus de trente ans que cette vague infernale happe de nouveaux chevelus et entretient leur folle jeunesse. Remarque également la forme que tiennent ses acteurs, toujours sur la route, et accueille les albums datés de 2015 de Motörhead, Iron Maiden, Def Leppard, Venom, Raven, Saxon et autres Girlschool. Enfin, non, tu les écouteras plus tard. Parlons plutôt des très influents Satan et de "Atom By Atom". Après une carrière mouvementée entre remaniements de line-up, changements de noms, et longues périodes d’inactivité, Satan remet la machine en marche sous sa forme originale en 2011 et nous dévoile aujourd’hui son deuxième album depuis ce retour. Satan bouche un coin, hein ?

Blagues de bassiste mises à part, je souligne avant tout la fascination que suscitent les diverses pochettes d’albums de Satan, sombres et malsaines, énigmatiques et dénonciatrices. On retrouve une nouvelle fois un tableau chaotique où les mouvements de couleurs chaudes et de couleurs froides ne peuvent évoquer que la violence de l’enfer, ainsi que ce crâne démoniaque couvert d’une perruque de magistrat formant un cercueil. Imposant, il a le pouvoir sur autrui, et laisse tomber négligemment une paire de clés qui pourrait bien ouvrir les portes de la liberté. Sa nouvelle victime est piégée dans le marteau que le juge vient d’abattre, elle se décompose… atome par atome. Un design en parfait accord avec la musique, respirant cette même urgence froide, et qui s’inscrit exactement dans la lignée de ce que Satan nous offrait déjà en 1983. Et, ici, ce n’est certainement pas un reproche. Qu’on parle du son ou des compositions, les démons de Satan ne prennent pas une ride au point de nous faire douter de la date d’aujourd’hui. Satan-barque dans un enfer d’une autre époque (promis, j’arrête les bassisteries). L’album cueille l’auditeur avec "Farewell Evolution", un premier titre qui annonce bien les neuf autres, entre cri heavy metal de bienvenue, guitares tranchantes, basse qui tabasse et batterie déchainée. Effectivement, rythme et ambiance varient peu d’un bout à l’autre, mais ne lassent pas pour autant. Et c’est une remarque valable à l’échelle de l’album comme à l’échelle de la carrière de Satan, dont l’évolution musicale d’un album au suivant et particulièrement subtile. Difficile de différencier avec précision chaque morceau en une première écoute, mais le titre éponyme demeure un moment fort de l’album et je n’ai éprouvé aucune déception. La voix fantomatique de Brian Ross apporte une astucieuse saveur aérienne à la lourde énergie metal que Satan n’abandonnerait pour rien au monde. Cette voix mélodieuse nous menace pendant que les guitares de Steve Ramsey et Russ Tippins s’engueulent avec sauvagerie sur "The Devil’s Infantry" ou s’accordent harmonieusement sur "My Own God". Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire passer un bon moment et nous filer un torticolis.

Ici, le juge, c’est moi, au service du heavy. Mon verdict : "Atom By Atom" est à la hauteur de ce à quoi Satan nous avait habitués, c’est une suite digne de Belzébuth. Dans un monde sans fadeur, je n’aurais que des albums comme celui-ci à critiquer.


Gabba Gabba Hey
Octobre 2015




"Life Sentence"
Note : 13/20

C'est assez marrant, on a pu lire partout que cet album était celui du retour en force, un pur chef d'oeuvre, meilleur album de l'année heavy même, autant de compliments dithyrambiques, qui, justifiés ou pas, sont tout de même malgré tout "surdosés" un petit peu trop dans le superlatif. Que Satan soit un groupe qui ait été créé à la fin des années 70, oui évidemment c'est le genre de choses qui imposent toujours le respect, mais n'oublions pas qu'il ne s'agit que du troisième album et pour avoir le statut culte d'un Coroner, ça se mérite un peu plus dans la profondeur et dans la longueur, même si ici on n'est pas dans la même cour, puisqu'il ne s'agit pas de thrash mais de "New wave of british heavy metal". Une étiquette qui porte aujourd'hui à confusion, car Satan joue simplement un vieux heavy metal ancré dans les 80's et ses balbutiements. Rappelons que Def Leppard et Iron Maiden aussi étaient estampillés NWOBHM et ces groupes n'ont jamais rien eu en commun, c'est aussi le cas pour Satan.

Et justement l'engouement qu'a pu susciter la sortie de cet album n'est peut-être pas totalement objectif, nous verrons bien si l'album traversera les années comme il pourrait le faire au vu de toutes les multitudes de compliments qu'on a pu lire à son sujet ou s'il ne s'agit que d'un buzz actuel comme les autres. C'est exactement le genre de position qui pourrait faire polémique, un peu comme le cas Celtic Frost. En plus à côté de ça, quant on voit que Skyclad qui possède dans son line-up deux membres de Satan, à savoir le bassiste Graeme English, et le guitariste Steve Ramsey, n'a pas bénéficié d'autant de clémence de la part des médias ou du public sur certains albums alors que leur qualité n'avait rien à envier à ce "Life Sentence". Pour terminer, il sera important de noter aussi qu'un groupe comme Manilla Road qui sort des albums mirifiques depuis 1979 également, exactement seize albums pour être précis messieurs dames, n'a jamais eu non plus autant de bonnes appréciations alors que ce groupe ne démérite absolument pas. Donc promotion du moment, sortie idéale en ce mois d'Avril / Mai 2013 parce que le monde a besoin d'un retour en arrière, on ne sait pas...

Effectivement, les points positifs de cet album sont en tout premier la voix de Brian Ross (Biltzkrieg) qui en étant doublée tout au long de l'album sans gros trafic dessus, du moins on l'espère, arrive sans aucune fausseté avec un envoûtement diabolique à faire traverser les différents morceaux. Mais l'effet pervers de celui-ci demeure justement dans ce côté clair atypique, parce que sur la longueur, l'album durant trois quarts d'heure, certains arriveront à s'ennuyer d'un tel timbre vocal et plus rapidement qu'on ne pourrait le penser... La production est totalement propre, ce qui est intéressant c'est qu'on aurait pu penser qu'ils aimeraient profiter de leur ancienneté pour tenter de garder un son old school afin de justifier leur âge, mais non. Au contraire, même si les constructions des chansons quant à elles sont ancrées totalement dans un style vraiment d'une autre époque, celle des années 80, le son de Satan en 2013 a quant à lui évolué avec le temps. Sans pour autant tomber dans la production surfaite, Satan présente un produit simplement propre, qui met en avant chaque instru pour un rendu ni pompeux, ni crasseux.

Les titres, sont extrêmement dynamiques, dans leur heavy metal, à aucun moment il n'est permis de ralentir la cadence, tant au niveau des guitares que des rythmiques batterie / basse et des vocaux qui restent enjoués et entrainants pour garder cet ensemble homogène, rock'n'roll et boosté. Mais c'est justement le fait de garder ce tempo, cette cadence effrénée qui fait qu'à un moment donné, ça gave tout simplement. Après bien sûr qu'il n'y a rien à redire sur le travail des guitares qui jouent complètement et constamment dans l'harmonie au millimètre près, à celui de la voix qui se pose fraîchement sur les mélodies des rythmiques en créant elle même sa propre mélodie, renforcée comme on l'a souligné tout à l'heure par un doublage de vocaux parfaits. Mais même si la qualité de la production, des compos, de la voix, sont là, il n'en reste pas moins que cet album n'est pas non plus la perle rare de l'année, ce serait aller un peu vite en besogne surtout que l'année est loin d'être terminée ; C'est sur des riffs multivitaminés qui vont taper dans le bois dur pour être performants et non dans la complexité ou la noirceur, qu'on va se faire l'écoute de cet album. Immédiatement avec "Time To Die" le ton est donné parce que la plupart de morceaux sont du même acabit, hormis sans doute la chanson la plus sirupeuse "Incantations" qui montre des traces indélébiles des années 70. C'est sans doute la dedans que réside la force de Satan, l'attrait qu'a pu avoir la légion de fans qui ont apprécié l'album. Car au milieu de ces riffs heavy, on sent qu'il y a un énorme retour inspirateur, vers les années 70, le rock'n'hard appelez-le comme vous voulez, mais ce sentiment, cette connotation, ce petit truc qui fait qu'on est nostalgique d'un Black Sabbath, d'un Deep Purple. Ce genre de petites choses qui sont insérées dans le heavy metal de Satan. Un heavy metal qui flirte presque avec le speed par moments, il n'y a qu'à écouter "Testimony" ou "Life Sentence" pour s'en rendre compte. En fait c'est plus vers la fin de l'album, en perdant un peu de sa vitesse inutile du début pour partir dans des ambiances psychédéliques presque inspirées par des épiques moments à la "Hair", pour offrir un heavy presque "pattes d'ef", que Satan a réuni ses troupes. "Tears Of Blood", "Personal Demons" sont franchement attirées vers un doom stoner des plus hippies, où même Spiritual Beggar pourrait venir s'y égarer. Ouais, la fin de l'album est nettement plus intéressante parce qu'il ouvre une boite à l'envers, il nous ramène fièrement vers le tout début des années 80, l'époque du premier album de Satan, un environnement ou le mix "hippie" / heavy metal est encore dans le flou artistique et on se permet d'incorporer des éléments des deux mondes pour donner une couleur intéressante aux chansons.

Avec une pochette qui, quant à elle, mérite que l'on s'y arrête, "Life Sentence" est un album à mi-chemin entre l'état de béatitude énervée et l'overdose... Chacun le prendra différemment, ça fait toujours du bien de réécouter de vieux groupes en tous les cas...


Arch Gros Barbare
Mai 2013


Conclusion
Le site officiel : www.satanmusic.com