Le groupe
Biographie :

Sarmat est un groupe de black / death polonais formé en 2018 et actuellement composé de : Daniel "Hacel" Szymanowicz (guitare / Calm Hatchery, ex-Extremis Necrosis, ex-Aggressor, ex-Moby Dick), v (guitare / ex-Spirit Crusher, ex-Carnes) et Łukasz Kobusiński (chant / ex-Puki 'Mahlu, ex-Mortis Dei). Sarmat sort son premier album, "RS-28", en autoproduction en Mai 2021.

Discographie :

2021 : "RS-28"


La chronique


Parfois, fureter sur des sites d’achats et de ventes de disques a du bon, on peut y faire de belles rencontres. J’étais peinard en train d’errer sur Discogs à la recherche de quelques raretés, en espérant m’en procurer à prix décent, lorsque je reçus un petit message personnel. En gros, un mec me contacte après une vente pour me demander si je connaissais en France des webzines qui pourraient chroniquer le disque de son groupe. Pour le coup, j’y explique que j’en connais un, excellent, qui s’appelle French Metal et qui produit des chroniques d’exception !! Ni une, ni deux, je reçois un Wetransfer dans lequel je découvre "RS-28", le premier album de Sarmat, formation de death metal polonaise active depuis 2018. Très sincèrement, encore une fois, j’ai été pris de préjugés, en me disant que j’allais tomber sur un truc moyen, si le mec fait la promo de son groupe via Discogs, c’est que vraiment, il va gratter là où il peu. Quelle erreur de ma part quand j’ai balancé la créature sonore sur VLC, armé de mon petit JBL plutôt bien adapté à la musique bruitiste, j’ai pris une bonne claque bien méritée.

Déjà, ceux qui sont habitués à la scène death polonaise le savent, ce pays a le don pour engendrer des groupes efficaces, au son compact et aux riffs malsains et menaçants. Vader, Hate, Yattering, Decapitated, Deivos pour ne citer qu’eux, il y a chez tous ces groupes ce sens du riffing qui inspire Satan, l’enfer et les flammes. Sarmat ne déroge pas à la règle et on ressent ce côté blackened death tout au long des morceaux. "RS-28" est un concentré de death diabolique, assez tourné vers le climat et l’atmosphère qu’il développe habilement grâce à un sens mélodique tordu et macabre. Quelque part entre ses pairs buveurs de vodka et des groupes tels Krisiun ou Hate Eternal, le trio fait littéralement la guerre avec ses instruments. Cela est d’autant plus confirmé par le titre de l’album et du groupe, qui sont une référence au missile balistique intercontinental super lourd russe, le bien nommé RS-28 Sarmat, comme quoi, on en apprend grâce au metal. Ce missile est aussi appelé Satan 2 pour les intimes, c’est pas moi qui l’dis, c’est vérifiable. Du coup, ça colle parfaitement à la musique, à l’ambiance chaleureuse d’un enfer post-cataclysmique réchauffé au metal brûlant de panzers neutralisés en train de cramer, de tranchées et de trous d’obus gros comme l’anus de Godzilla et des cadavres noircis comme des merguez qu’on aurait zappées sur la grille du barbeuk. Musicalement, les 8 titres sont tous cohérents les uns les autres, à tel point qu’on peut peut-être reprocher une trop grande similitude parfois entre certains morceaux, cela représente pour moi, le seul petit point noir de l’album. En effet, parfois on retrouve les mêmes clichés mélodiques, ce qui représente un certain avantage en termes de cohésion mais qui peut lasser un poil sur la longueur, mais bon là je chipote. Hormis ce petit détail, le death metal de Sarmat est tellement bien exécuté, vif, incisif, poignant que le détail exposé précédemment reste un détail et n’entache en rien le plaisir de l’écoute.

Avec ses petites touches de black metal dans le climat, et ce sens du riffing qui poutre, on ne va pas se plaindre d’un petit côté redondant. Non seulement, les compositions sont structurellement bien foutues, mais surtout le son est bon et le riffing implacable. Cela est dû en grande partie au monsieur qui joue de la batterie, qui, pour le coup, est session man dans Sarmat, et autant dire que le groupe n’a pas pris une merde ! Krzysztof Klingbein a été musicien live pour Vader et Hate, et a participé à une multitude de projets, plus ou moins connus, dont un groupe qui s’appelle Aggressor, actif depuis 1988 mais qui n’est pas celui de notre Alex Colin-Tocquaine national. De toute façon, notre Agressor à nous est actif depuis 1986, l’autre depuis 1988 donc, hein, vous avez compris ! Pour revenir sur la drum, le son est précis, puissant, le mix impeccable fait ressortir toute l’énergie dont la musique a besoin pour se développer et l’exécution est sans faille. Le moindre break, le moindre blast beat épouse à merveille les autres instruments, c’est vraiment du grand art compositionnel. Les guitares et la basse exécutent leurs parties avec autant d’aplomb et de précision, d’ailleurs, l’album a été composé par les deux guitaristes, d’où cette efficacité, autant dans les moments les plus denses que les plages plus atmosphériques. Durant les quelques parties où la formation s’autorise quelques arpèges, ceux-ci sont glaçants et morbides, pile poil ce qu’il faut pour entretenir le malaise, comme sur "Coldgrinder" par exemple, titre qui, de surcroît, dégage un petit quelque chose de Gojira enrobé de Decapitated. Le chant est également dans les clous, très distinct, on comprend bien les textes malgré l’intonation hargneuse, et celui-ci se permet quelques digressions black metal assez rares mais justifiées.

Sarmat nous offre donc un premier opus de bonne facture, né de l’union artistique de deux gratteux qui ont ajouté progressivement d’autres gars sur le coup et ont porté le truc jusqu’à pouvoir nous offrir un album aussi puissant qu’accrocheur. Même si, il faut l’admettre, les titres, entre eux, ont des similitudes qui sont parfois redondantes et qui du coup alourdissent l’ensemble, l’exécution sans failles associée à un sens du riffing intelligent rattrapent le truc. Il manque plus qu’à Sarmat de se pécho un batteur et un bassiste permanents pour peaufiner son death metal taillé pour la guerre. Sortez les treillis, les ceintures à balles, ne jetez pas vos bouteilles de bière vides, gardez-les, on va en avoir besoin pour fabriquer des cocktails molotov. J’en profite du coup pour ajouter que, si vous avez un groupe et que vous avez du matos à faire entendre, ne soyez pas gênés de contacter d’autres personnes pour faire entendre votre projet, il y a 30 ans en arrière, on avait moins de moyens de communication et pourtant, les infos transitaient autant que maintenant. Merci à Łukasz Kobusiński, chanteur de Sarmat, de m’avoir contacté pour cette chronique, on se revoit sur Discogs !


Trrha'l
Septembre 2021


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/sarmat7v7