Sarcasm est un groupe au parcours atypique, pionniers du genre melodeath suédois, le combo a vécu la naissance du genre avec ferveur et passion. Né en 1990, la formation se réveille concrètement en 1992, année pendant laquelle celle-ci nous pond trois demo tapes, enchaînant l’année suivante avec deux autres démos sous le même format, on peut dire que les mecs ont vécu l’avènement de l’underground tel que ça se faisait avant. Il faut savoir que Sarcasm est l’un des premiers à démontrer que la scène suedeath ne se résume pas à deux grandes villes, Stockholm et Gothenburg, et qu’à quarante-cinq miles au nord de la capitale, il existe une bourgade de 140000 habitants qui abrite de furieuses formations de metal extrême, cet endroit c’est Uppsala. Defleshed et Watain en sont de fervents représentants, malheureusement, aussi talentueuses soient ces formations, on ne peut pas dire que l’endroit si fertile que ça. C’est peut-être pour cette raison que la fine équipe n’a pu réellement proposer son premier longue durée qu’en 2016, soit seize ans après la formation du groupe.

Depuis le départ, Sarcasm a évolué de sorties en sorties, les premières démos étaient très crues, doomesques parfois, dans un style qui évoque Autopsy, pour dériver vers une forme de black death plus mélodique qui, selon moi, a atteint son pic de perfection avec "Burial Dimensions", un album enregistré en 1994 et sorti en 2011, écoutable au sein d’une compilation "Never After - The Complete Recordings" (il est disponible aussi en album réédité seul). Le son strident, l’énergie et l’engagement artistique que l’on peut entendre sur cette réalisation méritent le détour. Depuis, la musique de Sarcasm s’est un poil aseptisée, plus accessible, autant dans le son que dans le propos artistique choisi, elle n’en reste pas moins attrayante. Ce que le groupe a perdu en ferveur et en intensité, il le rééquilibre d’un autre côté avec une meilleure maîtrise des instruments et un son beaucoup plus travaillé. Les entrelacs mélodiques présents dès le lancement du premier track "Through The Crystal Portal" précèdent un thrash / death porté par un chant black / death engagé et incisif. La production ajoute de la clarté à un ensemble déjà bien cohérent. Le rythme est élancé, un superbe solo mélodique vient aérer un ensemble qui trace sur les chapeaux de roues, on y perçoit du Necrophobic, du Anata.

L’album dans son ensemble est très cohérent, hormis l’ovni qui tient lieu de troisième piste, "Ancient Visitors", sorte de doom / death de huit minutes qui tombe ici comme un cheveu sur la soupe et vient briser l’engagement porté jusque là au travers des deux premiers tracks. Avec ses tonalités qui flirtent avec le funeral, on pense à Thergothon ou Winter, l’orgue sinistre présent sur le titre accentue la dimension mortuaire qui se dégage de ce morceau. Le chant change catégoriquement, et, tout en growl profond, confirme le souhait de Sarcasm de proposer ici une réelle cassure avec le reste du disque. Ce choix pour le moins surprenant peut ne pas passer tant cette récréation musicale dénote du reste de l’album. Les sirènes retentissent et laissent place après cette digression à "The Spinning Tomb" qui nous permet de retrouver le Sarcasm tel qu’il s’est présenté sur les deux premiers morceaux. Le speedeathrash proposé là réengage une dynamique stimulante et même si "Obsidian Eyes" et son intro toute mignonne avec un joli piano repose un peu le rythme, le riff ternaire qui s’impose, avec ses guitares en trémolo ne sont qu’un court repos, on a droit à un heavy / black / death de bonne facture, l’ombre de Dissection planant sensiblement au-dessus de l’ensemble. "The Power Of Suffering That Be" est introduit par une rythmique bien lourdingue avant d’incorporer à nouveau tous les éléments mélodiques développés dès l’ouverture de l’album. Le contraste riff de golgoth et moments plus élancés fonctionne plutôt bien. "Apocalyptic Serenity" réintroduit le piano sur l’intro brièvement, la guitare reprenant la mélodie évoquée pour la juxtaposer à un riff bien viril. Le morceau, plus lent, s’appuie sur le côté impactant et pesant, bien vu ! "Let Us Descend", dernière ligne droite de ce voyage épique et énergique, laisse entendre le meilleur de Sarcasm. Malgré une intro un poil trop longue, limite chiante je dois l’admettre, le swedeathblack de ce quintette infernal se montre extrêmement qualitatif, avec un équilibre très intelligent des agencements mélodiques et riffesques. La petite touche heavy / thrash sous fond de blast à 350 km, c’est du bonbon pour les oreilles.

Les vétérans proposent avec "Stellar Stream Obscured" un excellent moment métallique, back to the nineties comme qu’il dirait l’aut’. Personne d’autre que des vrais vikings n’auraient pu proposer un album aussi fidèle aux traditions, sans pour autant résonner comme un écho lointain du passé, juste empreint de nostalgie. Bien au contraire, nous avons droit ici à une réactualisation fraîche et stimulante d’un genre qui s’est vraiment dévoilé il y a trente ans de cela avec des formations comme Unanimated, Ablaze My Sorrow et consorts, que c’était bien tout ça dis donc ! Ce quatrième album sorti en Janvier 2022 est une véritable bouffée d’oxygène qui laisse entrevoir des monts enneigés malgré un artwork qui n’a absolument rien à voir avec l’image que je viens d’évoquer, mais dévoile la mascotte du groupe sur un tas de cadavres, sorte de zombie squelette utilisé régulièrement sur les artworks depuis la version de "Burial Dimension" sortie sur Dark Descent Records. Quoi qu’il en soit, cet album mérite que l’on s’y penche, et donne vraiment envie de découvrir l’univers métallique passionnant de Sarcasm.

Il y a quelques années, c'était presque devenu une mode de relancer un groupe qui n'avait rien sorti depuis 15 ou 20 ans. Sarcasm a peut-être profité de cet engouement pour relancer son activité. Créé en 1990 en Suède, le groupe sortira 6 démos avant de s'arrêter en 1994. Mais le chanteur Heval Bozarslan (officiant également avec The Third Storm) recontacte en 2015 le guitariste Anders Eriksson pour faire renaître Sarcasm. Ils trouvent alors rapidement le guitariste Peter Laitinen la même année, puis sont rejoints par Jonas Söder (basse) et Matte Modin (batterie, également en poste chez Firespawn, Skineater, The Hidden et Usurpress). Le groupe sort alors son tout premier album, qui avait à la base été enregistré en 1994, juste avant la séparation, puis se met à composer de nouveaux titres qui seront regroupés sur leur deuxième album qui sort le 28 Avril 2017, "Within The Sphere Of Ethereal Minds". Un death metal au son old school et qui lorgne sur l'aspect mélodique du style nous attend, et le groupe est maintenant fin prêt à le défendre !

On commence en beauté avec "Bloodsoaked Sunrise" et son introduction qui rappellera à tous les premiers titres de death mélodique. Un titre court, mais qui montre bien que malgré les difficultés qu'ils ont rencontrées, Sarcasm est de retour pour de bon. "From The Crimson Fog They Emerged" prendra la relève avec une guitare lead épique qui enjolivera une rythmique imposante avec un son de basse mis en avant. Le chant n'est pas en reste, Heval Bozarslan ayant un timbre de voix particulier mais également très puissant ! Le groupe nous surprendra alors avec "Embodiement Of Source", un titre dont l'introduction est une partie acoustique. Une guitare lead nous cueillera doucement pour nous projeter en plein centre d'une tempête mélodique de premier choix. Si c'est de la vitesse que vous attendiez, alors "Scars Of A Land Forgotten" vous conviendra, en partie grâce à un blast massif dès le début, et secondé par un riff principal sans concession. Le groupe semble se plaire à jouer une musique torturée, alors ils continueront sur cette lancée avec "In The Grip Of Awakening Times". Une autre composition au son violent, mais qui saura se calmer sur un refrain, mettant l'accent sur les hurlements avec un peu d'écho. Qu'obtient-on en mélangeant la vitesse et les mélodies ? Un titre exceptionnel comme "Silent Waves Summoned Your Inner Being", à coup sûr. Comptant sur une guitare lead hypnotique, le groupe se permet d'alterner des passages plus lourds avec les riffs rapides du début, alors que "A Black Veil For Earth" est une composition qui s'oriente sur le doom / death. C'est donc un titre de plus de huit minutes à la rythmique pachydermique mais qui s'axe aussi sur le duo guitare lead / chant pour s'autoriser quelques placements de riffs au son clair. Le dernier titre, "The Drowning Light At The Edge Of The Dawn", permettra au groupe de revenir sur un style qu'on leur connaît plus, à savoir un savant mélange de death et de quelques influences thrash, le tout sans jamais rogner sur la mélodie et les hurlements viscéraux.

Lorsqu'on dit "come-back réussi", la plupart citeront At The Gates et Carcass. Moins connu à la base, mais tout aussi excellent, Sarcasm est en train de se développer lentement, en espérant avoir la reconnaissance qu'ils auraient dû avoir à leur création. Patience est mère de sureté, et Sarcasm est père d'excellentes compositions !