"Hideous Aftermath"
Note : 19/20
L’affreux Sanguisugabogg est de retour. Deux ans et demi après un album qui leur a ouvert bien des portes à l’international, l’enfant terrible du brutal death composé de Devin Swank (chant, Dripping, Bludgeoned by Deformity, ex-Limbsplitter…), Cody Davidson (batterie, Gutting, Dyskinesia, ex-Mortician en live), Ced Davis (basse, Dyskinesia) et Drew Arnold (guitare, Mutilatred) annonce la sortie de son troisième album, "Hideous Aftermath".
"Rotted Entanglement" nous tombe dessus en un rien de temps, proposant des riffs lourds à la batterie dévastatrice sur lesquelles les vociférations s’intègrent naturellement, proposant un assaut permanent aux patterns old school, mais la mosh part fait ralentir le mélange pour le rendre encore plus imposant. La deuxième partie du morceau est un peu plus macabre, tout comme "Felony Abuse Of A Corpse" qui reste sur ces tonalités pesantes et imposantes dues au sous-accordage, mais les éléments saccadés font également partie du processus, lui conférant ce côté incontrôlable qui va faire s’enflammer la rythmique avant un final pachydermique plus inquiétant. On retrouve Damonteal Harris (PeelingFlesh) sur ce morceau, ainsi que Todd Jones (Nails) sur "Ritual Of Autophagia" qui prend la suite avec une allure assez similaire, empruntant ses passages dansants au slam, mais qui tire profit de son invité pour adopter des touches plus brutes. Le groupe enchaîne avec "Heinous Testimony" et ses leads dissonants qui agrémentent la déferlante tout en garantissant des changements de rythme accrocheurs assez réguliers, mais le titre est plus court, il va plus vite à l’essentiel avant de nous propulser sur "Abhorrent Contraception", où les musiciens accueillent Josh Welshman (Defeated Sanity) qui vient renforcer l’assaut vocal.
Quelques pointes de technicité viennent contrebalancer l’extrême lourdeur des breaks, mais c’est après le sample que la violence atteint son paroxysme avant de finalement céder sa place à une basse au groove ravageur sur "Repulsive Demise", titre aux bruits angoissants et à l’atmosphère proche de l’indus. Les deux univers se mêlent à merveille, en particulier lorsque la batterie et les rugissements se répondent, mais le groupe revient à son approche habituelle avec "Erotic Beheading", où les riffs abrasifs reprennent le dessus, complétés par une batterie explosive au son si caractéristique du brutal death. On continue dans la rage avec "Sanctified Defilement" et son cri de détresse qui s’allie sans mal à la première vague de violence, mais qui reprend vite une attitude beaucoup plus féroce par la suite, collant à nouveau aux attentes de leur auditoire. L’album touche déjà à sa fin avec "Semi Automatic Facial Reconstruction", composition qui nous autorise un court moment de répit avant de frapper à pleine puissance avec quelques influences grind et le soutien vocal si unique de Travis Ryan (Cattle Decapitation), puis "Paid In Flesh" viendra nous molester à son tour, d’abord de façon conventionnelle, puis avec une atmosphère étouffante menée par Dylan Walker (Full Of Hell) qui nous réserve un véritable moment de dissonance où terreur et lenteur se répondent naturellement sur fond de noise.
Bien que Sanguisugabogg fasse désormais partie des pointures du brutal death, le groupe ne se repose pas sur ses lauriers avec "Hideous Aftermath", agrémentant des compositions massives avec des influences complémentaires, allant du grind à l’indus. L’album est incroyable du début à la fin.
"Homicidal Ecstasy"
Note : 19/20
Sanguisugabogg est prêt pour un nouveau méfait. Créé en 2019 aux Etats-Unis, le groupe
composé aujourd’hui de Devin Swank (chant, Limbsplitter, Dyskinesia, Skag), Cody
Davidson (batterie, Skag, Dyskinesia, Crypt Hammer, Death Fetish), Ced Davis (guitare,
Dyskinesia, ex-Sermos) et Drew Arnold (guitare, Mutilatred) annonce la sortie
d’"Homicidal Ecstasy", son deuxième album, toujours chez Century Media Records.
"Black Market Vasectomy" est le premier titre à nous écraser avec sa rythmique groovy et
épaisse, complété par un son de batterie old school caractéristique, des hurlements
massifs accrocheurs, et une approche sauvage du death / grind. Aucun moment de calme
n’est à prévoir jusqu’à "Face Ripped Off" qui renoue rapidement avec un pattern aussi
saccadé qu’agressif et pesant qui rappelle sans mal les origines brutales du groupe. "Pissed"
conserve également l’approche abrasive avec un son extrêmement saturé et sous-accordé
couplé à des riffs entraînants, que ce soit sur un tempo lent ou plus élevé, puis "Testicular
Rot" renoue avec les influences hardcore / beatdown qui complètent à merveille leur son gras
et écrasant. La courte "Hungry For Your Insides" frappera avec une puissance brute tout aussi
efficace et accrocheuse, puis "Skin Cushion" fera à nouveau accélérer le tempo avec des riffs
chaotiques qui recouvrent une double pédale rapide pour accompagner les hurlements
caverneux.
Le final sombre et inquiétant nous mène à "A Lesson In Savagery", une
composition qui porte parfaitement son nom et qui ne mettra pas longtemps avant de nous
briser la nuque avec une rythmique pachydermique, suivie de la toute aussi violente
"Narcissistic Incisions" qui appliquera sensiblement la même logique pour construire ses riffs
explosifs. L’album continue avec "Mortal Admonishment" qui va rapidement nous clouer au sol
avec des pointes de technicité qui s’accordent parfaitement avec le son gras, mais aussi
grâce à quelques riffs plus dissonants comme sur "Proclamation Of The Frail" et son
agressivité complexe qui pioche dans des racines old school. On notera la mosh part finale
et ses tonalités particulièrement puissantes avant que "Necrosexual Deviant" ne nous
matraque littéralement pendant toute sa durée. L’album prendra fin avec "Feening For
Bloodshed", une dernière composition qui reste dans la continuité de cette efficacité massive
entre deux accélérations brutes d’un death metal extrêmement gras.
J’ai découvert Sanguisugabogg avec leur précédent album, et il ne m’a pas fallu longtemps
pour apprécier ce déferlement de puissance aussi brute que grasse. "Homicidal Ecstasy"
confirme ma première impression, et renforce une discographie faite de sonorités violentes
et pesantes.
"Tortured Whole"
Note : 19/20
Deux ans après leur première démo, Sanguisugabogg s’offre un album. Créé en 2019, le
groupe lâche rapidement son premier méfait. Devin Swank (chant, Limbsplitter), Cameron
Boggs (guitare, Naviūm), Cody Davidson (batterie, Crypt Hammer, Murderman) et Ced
Davis (basse, ex-Sermos), le nouveau venu, nous proposent "Tortured Whole".
L’album démarre avec "Menstrual Envy", un titre aussi gras et délicat que son nom peut le
laisser supposer, empruntant au brutal death old school ce son de caisse claire si explosif,
ces hurlements caverneux et ces riffs huileux mais groovy, tout comme l’écrasante "Gored In
The Chest". Le morceau est plus lent mais tout aussi lourd, laissant au groupe la capacité de
placer des harmoniques lancinantes avant cette accélération qui pioche dans le grindcore.
"Dragged By A Truck" n’est pas plus douce, bien au contraire, et les riffs sanglants du combo
sont efficaces. Petite pause avec "Pornographic", une interlude dont l’effrayante quiétude
contraste avec la lourdeur de "Dead As Shit". Simple, efficace et épais, le titre nous tombe
dessus comme un cadavre au fond de son trou, puis la rythmique nous roule tout
simplement dessus. "Tortured Whole", le titre le plus long de l’album, développe ces riffs
entêtants, puis les accélère, les étends et le mélange est aussi accrocheur qu’explosif, mais
toujours aussi imposant.
Nouvelle petite pause avec "Interlube", une sorte de composition
bruitiste étrange, puis c’est "Dick Filet" qui se charge de nous faire replonger dans cette
violence brute qui nous fait remuer la tête grâce à un bouillon de graisse massif. "Urinary
Ichor" démarre très lentement, mais une fois que la machine est en marche, l’accélération est
progressive et inarrêtable, puis c’est la courte "Posthumous Compersion" qui vient étaler
quelques riffs groovy avant "Felching Filth", le dernier morceau. Pas de gros changement
dans la recette du groupe, une rythmique bouillonnante assez grasse pour boucher vos
artères.
Sanguisugabogg revient aux bases du brutal death / grind avec des riffs simples mais
efficaces. Le son de "Tortured Whole" est aussi gras et lourd qu’old school, offrant un groove
accrocheur et des riffs d’une violence sanglante.
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