Nouveau venu de la scène française, Sangham nous livre son premier album "Intangible" et affiche déjà une personnalité assez marquée. Le format est assez court puisque ce premier album ne dure que trente-deux minutes en comptant une version acoustique d'un titre mais cela permet de frapper fort et de rester percutant.

Après la petite minute de "Vision" qui nous accueille gentiment à coup d'ambiances planantes avant de sortir les grosses guitares accordées bien bas, c'est "Near" qui ouvre vraiment le bal et on sent des influences progressives modernes chez Sangham. Pour autant, on ne sombre jamais dans la démesure du djent en matière de technicité et ce premier morceau reste très mélodique et accrocheur. Si on devait vraiment pointer une influence dans ce style de metal, ce serait plutôt les mélodies et les ambiances poignantes de TesseracT qui pourraient coller, mais comme dit plus haut Sangham a déjà sa patte et ses influences sont déjà plutôt bien digérées. Le chant clair de Christelle Meunier se mêle merveilleusement bien aux growls et autres hurlements qui amènent un contraste intéressant à cette voix claire douce et chaleureuse. "Motio" amène d'ailleurs une ambiance un peu plus sombre et des riffs plus durs qui confirme que si "Intangible" garde une cohérence inébranlable pendant la demi-heure qu'il dure, il trouve tout de même le moyen de proposer des ambiances variées et systématiquement prenantes. Les émotions sont clairement mises au premier plan et si les mesures impaires propres au metal moderne et au progressif se font entendre, Sanghma ne sacrifie jamais les ambiances et l'accroche à la technique. Les morceaux s'enchaînent tous sans le moindre temps mort et il est donc évidemment conseillé de prendre ce premier album comme un tout et de l'écouter d'une traite (même si c'est comme ça que je conseillerais d'écouter n'importe quel album).

Niveau production, c'est puissant, propre, clair et ça évite tous les écueils des groupes modernes, à savoir le son synthétique en plastique qui donne un rendu faiblard. Pas de ça sur "Intangible" qui a tout ce qu'il faut en puissance tout en restant suffisamment organique. Un écrin sonore parfaitement adapté à ce metal à la fois puissant, agressif et mélodique dont les ambiances savent se faire aussi douces que brutes. Si la durée assez compacte pourra en frustrer certains qui en auraient voulu plus, c'est plutôt un bon choix pour une première réalistation, cela permet de montrer de quoi le groupe est capable sans prendre le risque de perdre en impact ou de se perdre dans son propre labyrinthe. Sangham aura tout le temps de nous proposer quelque chose de plus touffu et il vaut mieux que les groupes prennent le temps de peaufiner leur musique avant de sortir un album qui risquerait de les montrer sous un jour défavorable. Fut un temps où on enchaînait les démos pendant des années le temps de se forger une identité avant de sortir un premier album, certains, de nos jours, veulent aller trop vite et foncent tête baissée sur un format long. Sangham n'a peut-être pas pris dix ans à sortir son "Intangible" mais a bien compris qu'il fallait aller à l'essentiel et a mis toutes ses tripes dans ce premier album concis mais efficace et inspiré. La version acoustique de "Macrocosm" présente en fin d'album nous annonce d'ailleurs que le groupe a déjà d'autres univers à explorer et que la suite ne sera pas exempte de surprises non plus. Une version acoustique d'ailleurs très réussie qui ne se contente pas de débrancher les guitares ou la basse et nous offre au contraire une version totalement revisitée de ce morceau.

Avec "Intangible", Sangham fait donc forte impression et malgré ses trente-deux petites minutes ce premier album montre une personnalité intéressante et des ambiances variées. On va donc surveiller ça de près et conseiller à tout ceux qui aiment le metal progressif, le metal moderne et les ambiances poignantes d'aller jeter une oreille à ce premier effort très convaincant.