Plus connu pour son travail avec Venturia, Charly Sahona nous revient cette fois avec un nouveau projet simplement nommé... ben oui, Sahona. Et si Venturia donne dans le metal progressif, Sahona va plutôt chasser sur les terres d'un prog bien plus orienté rock, voire même pop.

"Light Of Day, Sense Of Life" ouvre le bal avec un rock prog très mélodique, accrocheur, parfois éthéré qui peut rappeler dans une certaine mesure les travaux de Steven Wilson en solo, avec bien évidemment la patte Charly Sahona au niveau des solis qui sont aussi impressionnants techniquement que gorgés de feeling. Tout l'album donne dans un prog délivré de ses errances technico-démonstratives remplacées par une certaine classe et un sens aigu de la mélodie. Le talent de composition est indéniable et nul doute que si cet album avait le soutien de certains gros médias, il ne serait pas à l'abri de faire un beau carton, tout comme certains morceaux de Porcupine Tree ou de Steven Wilson d'ailleurs. J'en reviens à ces influences parce que ce sont celles que l'on entend le plus sur cet album de Sahona (avec un peu de Muse par moments), mais pas d'inquiétude, le groupe ne sombre jamais dans le plagiat. C'est surtout la façon de faire cette musique qui les rapproche, avec encore une fois une sensibilité, une classe et ce côté à la mélancolique, accrocheur et planant. Le chant de Charly Sahona colle d'ailleurs parfaitement à ce style de prog posé, ses lignes de chant sont simples mais toujours pertinentes et rappellent là encore Steven Wilson. Il y a tout de même un côté direct et accrocheur bien plus prononcé sur cet album de Sahona, plus rock aussi puisque les gros riffs de guitare se font quand même une place de temps en temps, un morceau comme "Little Jack" par exemple est bien plus rythmé et est doté d'un groove qui fait son petit effet. Sans compter que pour servir tout ça, l'album est doté d'une production assez énorme, un son puissant, ultra clair, et quand on sait que c'est masterisé par Brett Caldas-Lima, on est absolument pas surpris de la qualité de la chose.

Alors certes il ne faut pas écouter ce nouvel album pour écouter quelque chose d'innovant, les influences que j'ai citées plus haut permettent de voir d'où vient cet album de Sahona. Le propos n'est de toute façon pas là, l'accent est mis sur l'émotion, l'efficacité et le groove et honnêtement de ce côté il est bien difficile de reprocher quoique que ce soit à cet album. Les morceaux ne s'étalent jamais plus que de mesure puisqu'ils tapent globalement dans les trois ou quatre minutes, ce qui permet à ces derniers d'avoir un impact et une accroche qui ne s'émousse jamais. Charly Sahona a voulu composer de vraies chansons avec une construction et des mélodies plus proches de l'univers de la pop et c'est une franche réussite ! Alors évidemment ces morceaux ne plairont peut être pas aux métalleux purs et durs, mais ceux-ci doivent de toute façon fuir tout ce qui touche au prog comme la peste. Comme je le disais, il reste tout de même un lien avec le heavy à savoir les soli de Charly qui vont une fois de plus faire pleurer nombre d'apprentis guitaristes. D'ailleurs, avec un tel chef d'orchestre, je pense qu'il est inutile de préciser que tout le line-up effectue un boulot impressionnant, même si j'avoue avoir un petit faible pour les parties de batterie de Stéphane Cavanez qui sont aussi groovy et bien placées que scotchantes techniquement.

Au final, ce premier album sous le nom de Sahona est une réussite éclatante, un condensé de mélodies, d'émotions, de chansons accrocheuses et efficaces, bref un album qu'on n'a pas fini de se remettre dans les esgourdes. Charly Sahona frappe là où on ne l'attendait pas et prouve qu'il a bien plus d'une corde à son arc (en fait il en a 6 ou 7, ça dépend des modèles... oui, cette vanne est foireuse).